C'est le résultat de plusieurs mois d'enquête. Ce jeudi 30 novembre 2023 sur France 2, "Complément d'enquête" diffuse un portrait très attendu de l'animateur star de C8. À l'aide de "témoignages inédits et de documents exclusifs", ce reportage de 67 minutes promet de raconter l'ascension de la star de "Touche pas à mon poste", aussi adorée que détestée, et de révéler "les méthodes" de celui qui a "pris son temps pour conquérir le petit écran".
"Une pression médiatique sans précédent"
Des méthodes dont l'équipe de l'émission a elle-même payé les frais. Dans une interview accordée à "Télérama", la journaliste Virginie Vilar détaille les pressions subies par Cyril Hanouna et son entourage tout au long de l'enquête. "C'est l'enquête la plus compliquée de toute ma carrière", confie cette reporter aguerrie, qui a pourtant déjà révélé les secrets de personnalités puissantes et de plusieurs affaires sensibles. "Il nous arrive de recevoir des coups de fil désagréables, des courriers d'avocats, voire des menaces de mort", explique-t-elle. "Rien de tout ça cette fois-ci, mais une pression médiatique sans précédent."
Si habituellement, les documentaires se construisent discrètement avant l'annonce officielle de diffusion, cette fois, Virginie Vilar a été obligée de travailler sous l'oeil des caméras, et ce, dès le début de l'enquête, qui a démarré en janvier 2023. "Au début de mon enquête, j'envoie un mail commun à Cyril Hanouna, son assistant et son producteur, pour demander s'il souhaite participer au portrait", raconte-elle à "Télérama". "Pas de réponse mais, le soir même, l'animateur fait cette annonce théâtrale dans son émission 'Touche pas à mon poste' ! : 'J'ai l'honneur d'un Complément d'enquête !' C'est totalement inédit et, pour tout dire, très malaisant : la terre entière sait que vous commencez une enquête, et votre sujet dispose de deux heures d'antenne chaque soir !", explique la journaliste. "Il montre ses muscles, c'est du rapport de force direct", ajoute-t-elle.
"Des précautions façon mafia"
La suite, c'est un long parcours du combattant. "Fin avril, c'est la chroniqueuse Valérie Benaïm qui a été désignée pour me rencontrer", raconte-t-elle. Le soir même, la chroniqueuse rapporte les détails de l'interview en direct sur le plateau de "TPMP", et au patron de surenchérir : "Hanouna embraye en disant qu'on galère à trouver des témoignages, que personne ne veut me parler...", se désole l'enquêtrice. Pour trouver des personnes prêtes à témoigner, c'est une autre galère : "J'ai essuyé des dizaines de refus", confie la journaliste, qui assure que "certains disaient avoir peur des représailles". "Une source nous a demandé des précautions façon mafia, avec protection, messagerie cryptée, lieu secret... Totalement dingue !", raconte-t-elle encore.
La journaliste a ainsi passé "plus de 200 coups de fil" , a-t-elle raconté au micro de France Inter, mais très peu de personnes contactées ont accepté de passer face caméra. "En général, c'est parce que les gens ont peur" , explique-t-elle. "Il y a des gens qui travaillent dans les médias qui m'ont dit : 'Cyril Hanouna est puissant, il a le bras long, donc si je parle de lui, en bien ou en mal, je pourrai d'une manière ou d'une autre être impacté dans ma carrière'", ajoute-t-elle.
Le pic de pression arrive le 22 mai 2023, lorsque Virginie Vilar se rend au procès de l'animateur Arthur, qui avait attaqué son confrère de C8 en justice pour "dénigrement". Cyril Hanouna "pète littéralement un plomb le soir même dans l'émission", raconte la journaliste. Ce jour-là en effet, le présentateur menace de faire supprimer le programme : "Vous allez voir, ils vont le faire, ce sera la fin de 'Complément d'enquête' derrière", assure-t-il alors en direct.
"Une forme d'intimidation"
Dès le lendemain, le chroniqueur Bernard Montiel poursuit l'offensive, en assurant en direct que Virginie Vilar aurait fait appel à des faux témoins rémunérés. "C'est totalement faux. On aurait pu attaquer en justice et être quasiment sûrs de gagner", explique de son côté Tristan Waleckx, journaliste et présentateur du magazine de France 2. Invité de "Télématin" ce jeudi 30 novembre, le rédacteur en chef de l'émission est revenu sur cette question : "C'était pas tant l'intensité des pressions que la singularité des pressions", a-t-il expliqué. "C'est la première fois qu'on fait un portrait sur quelqu'un qui a deux heures de libre antenne totalement hors de contrôle tous les jours et que notre enquête est chroniquée en direct", poursuit-il. "C'est quelqu'un qui est extrêmement bien informé, on n'a pas toujours su comment les infos lui remontaient, et c'est ça que Virginie Villa a perçu comme une forme d'intimidation", a-t-il conclu.
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Dernier épisode en date, lundi dernier, depuis le plateau de son talk-show, le principal intéressé diffuse la bande-annonce, qui donne le ton : "Au début il était ravi, puis 'Complément d'enquête' a enquêté et l'a inquiété", peut-on entendre dire Tristan Waleckx. "Bouffon devenu roi, un trublion désormais courtisé par les milliardaires et qui tutoie les politiques", poursuit-il en voix off. "Coups de pression, bidonnages, réseautage... 'Complément d'enquête' sur le parrain du paf, la plus grosse machine à buzz de la télé". Devant une assemblée déjà conquise, Hanouna préfère rester détaché : "Pour l'instant j'adore !", ironise-t-il. "J'espère juste qu'on va finir devant TF1 au niveau des audiences, pour moi c'est mon émission", poursuit-il.
"Sur écoute"
Hors antenne, l'équipe de "Complément d'enquête" a également dû faire face à des obstacles entravant le déroulé de l'enquête. C'est ainsi qu'à l'a rentrée, à la surprise générale, l'ancien présentateur du magazine Jacques Cardoze a rejoint l'équipe de chroniqueurs de "TPMP", où il a notamment traité son ancienne équipe "d'islamo-gauchistes". "La thèse de notre 'Complément d'enquête', c'est que Cyril Hanouna se présente en parrain du PAF, qu'il est prêt à tout pour essayer de contrer les personnes qu'il voit comme des détracteurs", a expliqué Tristan Waleckx sur France 2. "Le fait de recruter notre ancien présentateur et d'annoncer qu'il allait faire une enquête sur nous-mêmes, c'était une manière de nous mettre la pression. On était presque ravis parce qu'on s'est dit que, finalement, ça vérifie ce que l'on pense", a-t-il ajouté.
Plus surprenant encore, Virginie Vilar assure avoir eu l'impression d'être "sur écoute" après avoir appris que la liste des témoins du documentaire était connue de la production de "TPMP". L'un des producteurs de l'émission de C8, Lionel Stan, lui a même affirmé qu'il se renseignait auprès "d'un contact à France Télé", explique "Télérama". Une théorie du complot qui n'est pas si loin de la réalité rappelle le magazine, puisque début 2022, une enquête de "Mediapart" révélait l'existence d'une "taupe" de Vincent Bolloré dans les couloirs de France Télévisions. Or, et c'est bien connu, le protégé de Vincent Bolloré, c'est Cyril Hanouna.
"Cyril Hanouna, il aime bien dire qu'il aide les gens", a rappelé Virginie Vilar sur France Inter. "Il aime bien dire qu'il aide les téléspectateurs, etc. Mais le "Parrain du PAF", c'est un terme qui est souvent revenu au cours de mon enquête, dans la bouche des interlocuteurs", poursuit la journaliste, avant de conclure : "Régulièrement ce terme de "parrain" revenait, l'idée de quelqu'un qui aime faire peur, qui aime jouer au caïd, qui aime s'en prendre à tous ceux qui le critiquent."
"Cyril Hanouna : le nouveau parrain du PAF" est diffusé ce jeudi 30 novembre à 23h dans Complément d'Enquête sur France 2 .
