Alexandre Hervaud contre "Libération" aux prud'hommes. En février 2019, une dizaine de personnes, principalement des femmes, ont relaté le cyberharcèlement qu'auraient exercé il y a une dizaine d'années des membres de la "Ligue du Lol", du nom d'un groupe Facebook créé par le journaliste Vincent Glad. A la suite de la révélation de cette affaire, plusieurs personnes liées à cette polémique ont été licenciées ou non reconduits au sein de leur entreprise. Parmi eux, Alexandre Hervaud, chef de service à "Libération.fr", a été mis à pied à titre conservatoire, avant d'être licencié après une enquête interne de la direction du quotidien. Celui-ci a saisi les prud'hommes afin de réclamer la nullité de son licenciement et 204.000 euros d'indemnités, selon "L'Express".
"Une double faillite" de "Libération"
Selon les propos rapportés par l'hebdomadaire, l'avocat d'Alexandre Hervaud a demandé que soit reconnue "la nullité du licenciement pour violation d'un des droits fondamentaux", "la liberté d'expression", et a réclamé sur ce chef 91.869,19 euros d'indemnité. "A titre subsidiaire, le licenciement sans cause réelle et sérieuse et à ce titre 27.020,35 euros d'indemnités", a-t-il poursuivi, demandant également des indemnités pour préjudice moral et vexatoire, dommages et intérêts pour non-respect de la procédure de licenciement, dommages et intérêts pour exécution déloyale du contrat de travail et dommages et intérêts pour manquement à la convention collective applicable.
Par la suite, le conseil a tenu à souligner qu'Alexandre Hervaud "n'a commis aucun manquement à son contrat de travail" : "Il n'y a aucun manquement professionnel (...) C'est la panique qui a emporté 'Libé', c'est la panique qui a balayé le sang-froid de 'Libé' avec un sujet : 'La Ligue du lol'". Il a expliqué avoir saisi les prud'hommes avec son client pour "une double faillite" du quotidien. "La première est que sur le plan journalistique, on a laissé propager des rumeurs. Des contre-enquêtes mettent Hervaud hors de cause", a-t-il souligné. Et d'ajouter : "'Libé' a failli comme employeur : c'est un licenciement 'bricolé'. Plutôt que d'entendre son journaliste dans le cadre d'une enquête sérieuse, on en a une parodie en raison d'une pression médiatique".
"Une tache d'huile"
Pour sa part, "Libération" a précisé via son avocat que "le salarié a d'abord été mis à pied à titre conservatoire" et que "cela n'impacte pas la qualification du licenciement" : "Nous ne sommes pas sur un motif disciplinaire mais personnel. Un fait personnel d'un salarié n'a pas d'impact sur la relation de travail. Mais il y a des exceptions, si le comportement du salarié affecte la vie de l'entreprise". L'avocat du journal a estimé que "La Ligue du lol" a eu un "impact très négatif" sur la rédaction, qu'il s'agissait d'une "tache d'huile" : "Les accusations de cyberharcèlement pendant 11 ans... Ce sont des comportements inadmissibles". Le verdict dans cette affaire est attendu le 5 novembre prochain.