Alexia Laroche-Joubert, nouvelle PDG de Banijay France : "On doit devenir un acteur incontournable de la fiction"

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Alexia Laroche-Joubert, nouvelle PDG de Banijay France : "On doit devenir un acteur incontournable de la fiction"
Par Benjamin Rabier Rédacteur en chef
Addict aux audiences, Benjamin Rabier a choppé le virus de la télévision grâce à la « Star Academy ». Intrigué par l’envers du décor, il a décidé d’en faire son métier. 20 ans plus tard, s’il ne rate (presque) jamais un prime de « The Voice », il peut vibrer devant une compétition sportive, se passionner pour un documentaire ou dévorer une série en un week-end.
Alexia Laroche-Joubert dément le départ de Jean-Pierre Foucault du concours Miss France © Pierre Olivier Callede
Pour sa première interview en tant que présidente-directrice générale de Banijay France, Alexia Laroche-Joubert a choisi puremedias.com.

Jour J pour Alexia Laroche-Joubert. Ce vendredi 1er septembre 2023, la cheffe d'entreprise de 53 ans devient officiellement présidente-directrice générale de Banijay France. Après avoir fait le bilan de ses sept années de présidence à la tête d'Adventure Line Productions (ALP), la société de production derrière "Koh-Lanta" et "Fort Boyard", la médiatique dirigeante française dévoile à puremedias.com sa feuille de route et ses objectifs dans le nouveau défi professionnel qui l'attend.

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Propos recueillis par Benjamin Rabier

puremedias.com : Banijay est un géant du contenu international qui regroupe en France plus de 15 sociétés mais personne ne sait vraiment ce que c'est. Alors, expliquez-nous, c'est quoi Banijay France ?
Alexia Laroche-Joubert : On est une forêt à nous tous mais on n'est jamais sorti du bois (rires). Banijay est le plus grand groupe de production indépendant dans le monde. Les chiffres sont monstrueux. On a 140 sociétés à travers une vingtaine de pays. On a près de 4.000 collaborateurs. On produit plus de 160.000 heures de programmes originaux. En France, Banijay opère à travers quinze sociétés de productions qui vont d'Adventure Line Production ("Koh-Lanta") à H20 Productions ("TPMP"), en passant par Endemol ("Star Academy") ou encore Air Productions ("N'oubliez pas les paroles"). Il est vrai qu'en France, on ne s'est pas assez suffisamment fait entendre. En volume cumulé, on est le plus gros producteur de flux. Je pense qu'il faut sortir du bois pour montrer que Banijay France est un territoire de talents et une terre d'accueil pour les futurs talents.

En devenant présidente-directrice générale de Banijay, vous devenez donc patronne de Cyril Hanouna et de Nagui. Comment appréhendez-vous ce défi ?
Très bien. Pour pleins de raisons différentes. Avec Nagui, on n'a jamais collaboré directement ensemble mais il m'a souvent rendu service. La dernière fois, il a accueilli une des productions d'ALP dans ses locaux car on avait un dégâts des eaux. J'ai énormément de respect pour lui. Nagui est actionnaire du groupe donc on a pas mal échangé ces dernières semaines car je suis aussi une actionnaire très très minoritaire de Banijay.
Quant à Cyril Hanouna, j'ai une vraie tendresse pour lui. Je faisais partie de l'équipe de "TPMP" au début de l'émission sur France 4. J'ai beaucoup d'admiration pour sa capacité à faire un programme qui parle à des téléspectateurs, évidemment différents de ceux de "28 minutes", à sa capacité à créer du contenu, à poser les questions que personnes n'osent réellement poser. Évidemment quelques fois je ne vous cache pas qu'il pouvait m'énerver quand il défonçait "Koh-Lanta". Je l'appelais pour lui dire : "Franchement tu exagères". Il me répondait toujours : "ça prouve qu'il est indépendant". J'ai toujours échangé avec lui, notre contact n'a jamais été rompu.

Ils ont dit
"Appréhender des nouveaux secteurs liés aux contenus et continuer à me positionner sur des nouvelles acquisitions de sociétés"
Alexia Laroche-Joubert

Quelles vont êtres vos missions à la tête de Banijay France ?
Appréhender des nouveaux secteurs liés aux contenus et continuer à me positionner sur des nouvelles acquisitions de sociétés, de fictions notamment. À moyen terme, on veut devenir l'un des gros acteurs français en matière de fiction. On a un savoir-faire qui est entrain de se construire depuis trois ans. On était septième l'année dernière dans le classement établi par "Écran Total", on va monter et aller challenger les autres acteurs du secteur lors du prochain. On a énormément de talents et il faut le revendiquer. L'une de mes missions va être d'augmenter ce portfolio. Faire de la fiction ça prend plus de temps que de produire du flux mais on a déjà de très grosses productions. Je pense par exemple à Shine, repris par Dominique Farrugia, qui vient de signer l'une des séries les plus ambitieuses d'Apple+ ("Carême"). On a Banijay Studio France qui produit "Versailles" et qui va prochainement lancer le tournage de "Marie Antoinette" saison 2 (Canal+). On a la chance de travailler avec TF1, pour qui on tourne actuellement "Rivière perdue" (production Terence Films) avec Jean-Michel Tinivelli et Odile Vuillemin qui est l'adaptation d'un format espagnol. On a "Brocéliande" (Shine) avec Nolwenn Leroy. Marathon a également signé trois développements sur les trois grandes chaînes historiques. C'est une fierté pour une société qui n'a que trois ans d'existence. C'est cela aussi miser sur des talents. On devient un acteur incontournable avec des projets ambitieux.

La production de programmes de flux n'est plus votre priorité ?
On sera toujours ouvert aux opportunités quand il s'agira de flux mais il faut qu'elles soient complémentaires à ce qu'on a déjà mis en place. On peut se poser la question de la production sur le digital, des talents dans ce domaine-là par exemple. Après il y a évidemment des acquisitions qui vont être faites sur la fiction. On va se renforcer fortement là-dessus.

Quelles seront vos autres missions ?
De repérer des nouveaux talents. Je pense par exemple à une jeune femme qu'on a signé et qui démarre sur Canal+ à la rentrée qui s'appelle Piu Piu, (production ALP). C'est une jeune femme que j'ai découverte sur internet il y a deux ans et demi. Elle va devenir l'incarnation de la mode sur Canal+, ce qui est un défi important puisqu'elle succède à Mademoiselle Agnès qui est une personnalité extrêmement référencée. Mon travail sera aussi de repérer des talents pour éventuellement monter des sociétés mais aussi les injecter dans les différentes filiales du groupe.

Ils ont dit
"Les plateformes sont un des leviers de croissance de Banijay"
Alexia Laroche-Joubert

Netflix, Amazon Prime Vidéo... Les plateformes sont-elles un des leviers de croissance pour une entreprise comme Banijay ?
Oui, c'est un des leviers de croissance pour nous. On travaille déjà avec la quasi intégralité de toutes les plateformes. On fait "Marie Antoinette" pour Canal+, ils vont sortir prochainement "Lagerfeld Ambitions", une série documentaire sur Karl Lagerfeld. On a "Carème" pour AppleTV+ qui arrive et on produit pour Netflix une grande série documentaire sur une secte et un programme de flux (ALP). Sur Amazon, on lance "Trash", une série sur les coulisses de Loft Story produite par Screen Line, une des filiales que j'ai lancé. On aura aussi l'arrivée de "Popstars" prochainement et on est en train de développer d'autres programmes de flux. Sans compter "LOL : Qui rit sort". On reste très fidèles à nos chaînes historiques, parce que je l'ai déjà dit mais c'est très intéressant de bosser avec les plateformes mais elles apprennent en marchant.

La télévision reste donc votre principal client ?
Les plateformes ne sont pas en contradiction avec nos partenaires historiques. C'est en complément. On travaille énormément avec TF1 notamment avec le retour réussi de la "Star Academy" l'année dernière. Une nouvelle saison de "Koh-Lanta" est également en boîte. Ce qui est intéressant avec l'arrivée des plateformes c'est qu'en tant que producteur, le plus important c'est de trouver un acquéreur pour le format que tu produis. Avant, tu avais six chaînes, puis tu as eu la TNT, et maintenant tu as les plateformes. Tu as trois fois plus de chance qu'il y a quelques années que ton programme arrive jusqu'aux téléspectateurs.

Votre arrivée va-t-elle être synonyme d'évolution de l'organigramme de Banijay France ?
Oui. Comme l'ambition de croissance et d'exigence de qualité des contenus que l'on fournit est forte, je vais m'entourer de deux nouvelles personnes. La première, c'est quelqu'un avec qui je travaille depuis très longtemps : Delphine Plantive. Elle était directrice du développement et de la diversification chez ALP. Elle devient directrice France stratégie éditoriale et nouveaux business. Ensuite, Sébastien Petiot, qui était directeur général d'ITV Studios France nous rejoint et devient directeur général de Banijay France. Ce qui m'intéressait dans leur profil c'est leur connaissance parfaite du marché, de ses acteurs, des contenus, des points de négociations et d'une vision globale que demande ce type de poste. L'idée n'est pas de créer un département de création au niveau de Banijay France. Ce que je veux c'est qu'ils aillent au contact des filiales. Ils sont là pour les accompagner et être support. On a toujours besoin d'avoir quelqu'un qui a une expérience complémentaire de la nôtre. Leur métier à eux c'est d'aller au contact.

Ils ont dit
"Je ferai toujours entendre ma voix"
Alexia Laroche-Joubert

Votre prédécesseur, François de Brugada était moins médiatique que vous. Ça veut dire que vous allez vous mettre en retrait médiatiquement ?
Je ferai toujours entendre ma voix car c'est l'intérêt d'en avoir une qui porte (rires). Ce n'est évidemment pas le même cheval de bataille. Je suis beaucoup sortie du bois quand il y avait des problématiques liées à ALP. Dorénavant, d'autres le feront à ma place. Après, je trouve que c'est toujours intéressant d'avoir une vision d'ensemble, que je puisse intervenir en support de mes camarades. Il ne faut pas oublier qu'on est une société internationale, indirectement cotée en bourse, donc la prise de parole est très importante aussi pour expliquer à la fois notre philosophie mais aussi notre feuille de route.

Ça veut dire qu'Alexia Laroche Joubert, candidate dans Fort Boyard c'est fini pour un moment...
Oui, je crois que j'ai assez donné (rire). La médiatisation m'a toujours intéressée quand elle me permettait de m'exprimer et de dire des choses qui étaient liées aux contenus que je défendais. Elle ne m'a jamais intéressée pour ma propre exposition. On m'a proposé plusieurs fois de faire de l'antenne parce que les bénéfices de notoriété liés à la "Star Academy" ont fait que c'était plus simple de balancer quelqu'un de très référencé à l'antenne mais ça ne m'a jamais intéressé.

Vous devenez présidente-directrice générale France d'un des plus grands groupes du monde. En tant que femme, c'est une fierté ?
Ce n'est pas une fierté mais une responsabilité. C'est-à-dire que je m'aperçois de l'effet d'exemplarité d'être à ce niveau-là. J'ai toujours dit que je ne considérais pas qu'être une femme était un élément de ma carrière, Je ne me suis jamais vu comme une femme ou un homme mais comme un professionnel, asexué. Mais c'est vrai qu'avec le départ de Bibiane Godfroid, il n'y a pas plus de femmes en production. C'est une responsabilité aussi de faire grandir les femmes et qu'elles se forment à ces postes là. Mais vous savez, j'ai reçu ma première fiche de paie à 16 ans, j'en ai 53 ans aujourd'hui, j'ai monté toutes les marches une à une. Et il y a même des paliers sur lesquels je suis restée extrêmement longtemps.

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