La littérature et la culture à la télévision. Le présentateur de télévision et écrivain Bernard Pivot, qui a fait lire des millions de Français grâce à son émission "Apostrophes" sur Antenne 2, est mort ce lundi 6 mai 2024 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) à l'âge de 89 ans, a annoncé sa fille Cécile Pivot à l'AFP. Un livre à la main, sa paire de lunettes dans l'autre, Bernard Pivot avait également présenté l'émission "Bouillon de culture" et organisé à partir de 1985 les Dicos d'or, championnat d'orthographe vite devenu international.
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25 ans d'émissions culturelles en direct et 20 ans de dictées
Atteint par la maladie, l'homme de lettres s'était retiré de la télévision en avril 2023, après 25 ans d'émissions culturelles en direct et 20 ans de dictées. "Je suis resté silencieux parce que le mal m'a frappé à la tête, siège du cerveau et de la parole. Mieux vaut alors se taire en attendant que la mémoire se recharge et que la pensée refleurisse", s'était-il confié au "JDD". Et de blaguer : "Le pépé Pivot, il fatigue et il commence à nous les briser...".
Entré à l'Académie Goncourt en 2004, Bernard Pivot en était devenu le président en 2014 et s'en était retiré fin 2019 "pour laisser (sa) place à un écrivain plus jeune". "Enfin, à mon vif regret, j'ai abandonné ma chronique du 'JDD' parce que j'étais malade, handicapé et que je ne pouvais plus écrire comme je l'ai fait pour vos lecteurs, pour nos lecteurs, si vous permettez, pendant plus d'un quart de siècle", avait-il rappelé au cours de cet ultime entretien dans lequel il espérait "mourir chez (lui), dans (son) fauteuil, en lisant 'L'Équipe' ou 'Le Journal du dimanche'. Ou, mieux, dans (son) lit, en relisant Montaigne ou Proust".
Si la voix de Bernard Pivot s'est faite plus rare ces dernières années, ses émissions, elles, ont continué à résonner – grâce à Internet – dans la société d'aujourd'hui. Ainsi quand a surgi en janvier 2020 l'affaire Gabriel Matzneff, auteur qui a bénéficié d'une grande complaisance alors qu'il avait des relations sexuelles avec des mineures, on a beaucoup revu une émission de mars 1990 dont l'écrivain était invité. Avec 30 ans de recul, la séquence choque. "Aujourd'hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c'est un progrès", se défendra Bernard Pivot. Après l'arrêt d'"Apostrophes", il avait créé "Bouillon de culture", toujours sur le service public, à l'horizon plus large que les livres.
