Céline Pigalle, directrice de la rédaction d'i-Télé : "Les choses vont s'arranger, ça va se voir, ça va se savoir"

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Céline Pigalle, directrice de la rédaction d'i-Télé : "Les choses vont s'arranger, ça va se voir, ça va se savoir"
Par Julien Bellver Rédacteur en chef

Co-rédacteur en chef de puremedias.com, Julien Bellver est diplômé de l'Institut Pratique de Journalisme (IPJ). Passionné par les nouvelles technologies et les médias, il a collaboré à plusieurs émissions...

Céline Pigalle, directrice de la rédaction d'i-Télé.
Céline Pigalle, directrice de la rédaction d'i-Télé. © Canal+
Rencontre avec Céline Pigalle qui a pris, il y a trois mois, la tête de la rédaction d'i-Télé. Après plus de douze ans d'existence, comment la chaîne compte-t-elle se créer une nouvelle identité et réduire son écart d'audience avec BFMTV ?

Un duo 100% féminin à la tête d'i-Télé. Depuis trois mois, Céline Pigalle a pris la direction de la rédaction aux côtés de Cécilia Ragueneau, directrice générale. Après plus de douze ans d'existence, i-Télé doit se créer une nouvelle identité et réduire son écart d'audience avec BFMTV pour exister. Comment y parvenir alors que sa concurrente a pris une très confortable avance, le double de sa propre audience ? Rencontre avec la nouvelle directrice de la rédaction.

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Propos recueillis par Julien Bellver

puremedias.com : C'est votre première rentrée en tant que directrice de la rédaction. Beaucoup de choses changent, notamment les présentateurs des tranches en semaine. Encore une fois...

Céline Pigalle : Au-delà du changement, on doit réaffirmer notre modèle et dire ce qu'on veut faire avec cette chaîne. Les visages sont importants, ils sont porteurs de nos valeurs et de notre identité. Mais avant cela, on doit dire ce qu'on est. Je veux que les choses soient de plus en plus claires sur le fait qu'i-Télé, c'est une chaîne d'informations en continu. Il se trouve que parfois nous n'avons pas été suffisament crédités de cette ambition ! Je sais que pour le décryptage, on vient naturellement sur i-Télé. Mais on ne doit pas oublier que notre mission première, c'est de délivrer de l'information avec deux axes : être présent et l'accompagner avec une antenne toujours disponible et avoir des journalistes qui apportent leur pierre dans l'explication et le décryptage.

On vous a reproché de casser votre grille régulièrement avec de nouveaux visages, notamment des stars venues des grandes chaînes.

Oui, on nous l'a reproché. Je peux le comprendre. Mais notre souhait est désormais de capitaliser avec des gens sur lesquels on s'appuie. Donc cette fois on a changé avec l'objectif que cela s'inscrive dans la durée. Cette rentrée, quelques personnes arrivent de l'extérieur mais la plupart des visages faisaient déjà partie de la chaîne comme Amandine Bégot, Olivier Galzi , Maya Lauqué, Sonia Chironi, Florent Pfeiffer ou encore Léa Salamé et Marc Fauvelle.

"Un visage connu qui passe une saison, ce n'est plus la logique !"

Moins de vedettes donc...

On a accusé la chaîne de recruter des vedettes qui partent aussi vite. Moi je ne suis pas opposée au fait qu'un certain nombre de gens qui ont une notoriété viennent nous rejoindre. Mais on doit absolument s'inscrire dans la durée, c'est fondamental. Un visage connu qui passe une saison, ce n'est plus la logique !

En radio, la matinale est le prime time. Quelles sont les tranches stratégiques d'une chaîne d'information ?

Matin et soir. La matinale reste le prime time de l'info télé sur les chaînes en continu, comme la radio. Et le soir, après 22 heures. Ce sont deux rendez-vous éditorialisés de manière différente. Le matin, on délivre un maximum d'informations sur un rythme assez tonique. Le soir en revanche, sauf exception, c'est le moment de mettre l'information en perspective. Que retenir de l'information de la journée ? Qu'est-ce qui fait sens dans tout ce que j'ai pu lire ou entendre ? "La Grande Edition" de 22 heures à minuit a pour objectif de donner les clés pour comprendre.

BFMTV est leader et réalise le double de votre audience. Votre objectif est-il de réduire l'écart ou de passer devant ?

Mon objectif, c'est d'abord de courir dans mon couloir ! Quand vous êtes enfant, vous faites la course et vous regardez où en est l'autre. Et pendant ce temps, vous perdez beaucoup de temps. Je ne passe ma vie à penser à ce que font les autres et j'essaye de dire à toutes les personnes avec qui je travaille : "Il faut que nous soyons fiers de qui on est, il faut être solide et faire des choix". Et, fort de cela, consolidant l'organisation de la rédaction, consolidant l'identité de l'information qu'on produit et affirmant des choix, l'audience progressera naturellement.

"La course à l'échalotte, elle vous fait faire des conneries"

La course à l'échalotte, elle vous fait faire des conneries. L'information, ce n'est pas un produit commun, on ne peut pas en faire commerce. Donner des informations fausses parce qu'on veut aller trop vite, c'est un péril. Et donc, une tension. On est une chaîne d'infos en continu, on a envie d'être bons, on a envie d'être les premiers. Mais pas question d'être premier au point de prendre des risques inconsidérés sur la qualité de l'information que l'on délivre. On doit respecter les règles de base de ce métier qui consiste à vérifier, vérifier, vérifier systématiquement. Quitte à prendre plus de temps. Je ne donne aucune leçon en disant cela, je sais que c'est compliqué et tendu pour tout le monde.

Donc vous n'avez pas d'objectif d'audience ?

Naturellement les choses vont évoluer si on respecte ce que je viens de vous dire. La situation va s'arranger, ça va se voir, ça va se savoir ! Mais ce n'est pas ce qui m'anime tous les jours. Ce que je veux, c'est qu'i-Télé existe. Quand il se passe quelque chose, je veux arriver à créer le réflexe i-Télé même si je sais que ça va prendre du temps. Pour soutenir l'effort, il faut que tous les jours on voie les changements.

Quelles faiblesses avez vous identifié lors votre arrivée à iTele ?

A mon arrivée, j'ai vu une très belle énergie et un très bel enthousiasme. Mais en contrepartie un manque d'organisation certain. Quand on produit 18 à 19 heures d'infos par jour, ça doit être une mécanique de précision et ça ne l'est pas suffisamment aujourd'hui. On doit créer des habitudes, des réflexes. Le problème, c'est qu'i-Télé a beaucoup changé depuis sa création, elle n'a pas toujours été la chaîne qui colle au plus près de l'événement. Par ailleurs, nous sommes très soumis à la nécessité de produire, produire beaucoup. Il faut nourrir cette antenne. Mais nous devons résister au fait de nourrir envers et contre tout, d'une manière hâtive. Bien qu'on fasse de l'info sur de longues heures, on doit pouvoir faire des choix, apporter quelque chose de différent.

Vendredi, lors du décès de Jean-Luc Delarue, vous et BFMTV étiez en édition spéciale pendant plusieurs heures. Etait-ce vraiment nécessaire et où se situe la différence d'i-Télé ?

Vous avez tort, Jean-Luc Delarue a fait partie de la vie des gens de ce pays pendant plus de vingt ans, il a révolutionné les codes de la télévision. Au-delà, l'influence de cette télévision sur nos vies a été considérable. L'exposition de l'intimité, c'est lui qui l'a initiée ! J'aurais souhaité pour tout dire qu'en fin de journée, nous soyons plus sur ce décryptage-là. Mais si vendredi, il y avait eu d'autres actualités plus pressantes, nous aurions probablement fait différemment.

Qu'est ce qui différencie aujourd'hui i-Télé de sa concurrente, BFMTV ?

Nous sommes au plus près de l'actualité, un modèle sur lequel nous sommes assez proches avec BFM. Mais surtout, nous allons tenter d'être ceux qui nourrissent le plus l'information. Lui donner du sens et l'enrichir. Etre journaliste, c'est rendre compte de ce qui passe mais pas seulement en surface. On doit apporter des explications, du décryptage.

"Moins de sport, mieux de sport !"

Pendant longtemps, on a souvent reproché à i-Télé d'être une chaîne où on bavarde beaucoup.

Oui, c'était vrai. Mais la question se pose moins désormais.

Autre reproche, beaucoup de sport, trop de sport sur l'antenne...

Moins de sport, mieux de sport ! En effet, il y en avait beaucoup. On mettait un JT des sports toutes les demi-heures et on s'abstenait de mettre dans les journaux l'information sportive du jour qui fait l'événement. L'histoire de Lance Armstrong la semaine dernière par exemple. Est-ce que cet homme a menti pendant dix ans ? Est-ce que le Tour de France est fragilisé par ces révélations ? Que va-t-il devenir ? Il y a mille enjeux qui ne sont pas subalternes et qui ne doivent pas venir en fin de tranche. Cela doit être dans les journaux !

Robert Ménard n'a pas été renouvelé en fin de saison, y-a-t-il de la place pour l'opinion sur i-Télé, outre "Ca se dispute" avec Domenach et Zemmour ?

On ne savait pas ce qu'était ce rendez-vous d'un point de vue éditorial. On ne savait plus si on était avec un journaliste ou un éditorialiste. Surtout, c'est contre-balancé par rien ! J'aime qu'on vienne exprimer des opinions mais je veux que les rendez-vous soient identifiés. Dans un journal, on essaye d'approcher au plus près de la vérité. Dans des rendez-vous d'éditorialiste, chacun est libre de s'exprimer.

Il y aura aussi un magazine des médias en fin de semaine. C'est le grand retour de l'info médias depuis le feu i>Médias il y a plusieurs années ?

L'année risque d'être assez rock'n'roll sur les médias. C'est un sujet d'information, les médias sont aujourd'hui essentiels dans la vie des gens. Le premier invité sera Rémy Pflimlin, patron de France Télévisions.

En octobre, Canal+ va lancer D8 où il y aura de l'information midi et soir, notamment au travers d'un JT incarné par Daphné Roulier. Ce sera comme pour Canal+, l'information sera produite par i>Télé ?

Nous avons vocation à être la news factory de Canal+, c'est à dire l'endroit où on produit toute l'information diffusée au sein du groupe. On s'appuisera sur les équipes d'i-Télé mais aussi sur une équipe dédiée pour les JT de Direct 8.

"La communication, l'habillage et le web sont en chantier"

Allez-vous développer le marketing éditorial cette saison, comme BFMTV le fait depuis toujours ?

Il faut qu'à l'image les choses soient plus lisibles, qu'on fasse de belles choses et qu'on le fasse savoir. C'est essentiel ! Tout ce que je vous dis depuis le début, si on ne le communique pas à l'extérieur, autant rester chez soi.

Ca passe par le web où vous avez de nombreuses lacunes ?

Nous ne sommes pas aussi performants qu'il le faudrait. Cécilia Ragueneau travaille sur tous ces sujets et c'est un peu prématuré d'en parler. Mais la communication, l'habillage et le web sont en chantier.

Un duo 100% féminin à la tête d'i-Télé, c'est inédit. Comment votre arrivée a-t-elle été perçue ?

Je ne sais pas ce que les équipes en pensent. J'ai l'impresion que les choses se normalisent beaucoup, il y a une femme à la tête de la rédaction de TF1, de RTL, ce n'est plus complètement inédit. Certainement que certains sont un peu surpris. Si on reste sur les valeurs traditionnelles associées à la féminité, je ne suis pas complètement en ligne. Je suis assez offensive dans ma manière de fonctionner ! Les gens peuvent imaginer que je vais être plus tendre avec un enfant malade par exemple mais j'ai la même exigence que tous les patrons, je veux que les gens soient là pour travailler ! J'ai trois enfants, je sais, j'ai fait beaucoup de sacrifices, on ne va pas me la raconter. Il faut aussi saluer le groupe Canal d'avoir fait ce choix. Ils n'ont pas tort de le faire et ne le regretteront pas.

Vous avez collaboré avec Marc-Olivier Fogiel sur Europe 1. Que vous a-t-il apporté, la culture du scoop ?

On s'est retrouvés sur une même énergie au travail, sur une même exigence. C'est un gros bosseur et moi aussi. Je n'étais pas quelqu'un qui lâchait prise à ses côtés.

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