Un accord qui fait parler. Depuis ce vendredi, les abonnés de Netflix peuvent (re)découvrir pas moins de 12 films de François Truffaut. Une offre rendue possible par le partenariat conclu entre le géant américain et le groupe français MK2, portant sur une sélection de films d'auteurs français et internationaux. D'ici la fin de l'année, pas moins de 50 films signés Charlie Chaplin, Alain Resnais, David Lynch ou Xavier Dolan seront visibles sur la plateforme de SVOD.
"Mes réserves ne sont pas levées"
Dans une interview accordée au "Monde", Nathanaël Karmitz, directeur général de MK2, revient sur cet accord inattendu, alors que les deux groupes ont des positions divergentes sur la fameuse chronologie des médias. Si Netflix privilégie les sorties directement sur sa plateforme, le groupe MK2, qui exploite des salles de cinéma, reste attaché à ce que le public découvre d'abord les films sur grand écran. "En tant qu'exploitant de salles, sur les grands débats qui, en général, agitent le Festival de Cannes, sur la chronologie des médias, quant à savoir si Netflix est du cinéma ou pas, mes réserves ne sont pas levées", précise ainsi Nathanaël Karmitz.
Mais le responsable rappelle qu'il a aussi une autre casquette. "En tant que défenseur d'une mémoire et diffuseur d'un patrimoine cinématographique mondial, en revanche, je ne peux que me réjouir quand la plus grande plate-forme mondiale décide de diffuser des films de patrimoine. C'est bon pour le cinéma, c'est bon pour les cinéphiles", se réjouit-il, satisfait de voir que la position de Netflix a évolué sur le sujet. "Jusqu'ici, Netflix l'annonçait haut et fort, les films de patrimoine ne l'intéressaient pas. C'est donc un changement notable".
"Un bout de papier qu'ils font fuiter dans 'Le Parisien'"
Et Nathanaël Karmitz d'expliquer que c'est Netflix qui a pris attache avec MK2 pour négocier ce partenariat. "Cela fait plusieurs mois déjà qu'on discute. Ce n'est pas un effet d'aubaine, lié au coronavirus. Les dates de mises en ligne étaient prévues avant le confinement". Le patron du groupe français confie avoir été impressionné par le savoir-faire de la firme californienne en matière de communication : "un bout de papier qu'ils font fuiter dans 'Le Parisien' et cela fait la presse mondiale".
Nathanaël Karmitz précise enfin qu'il n'est pas pieds et poings liés avec Netflix puisque l'accord ne porte que sur 50 films - sur les 800 disponibles dans son catalogue - et que les droits ont été négociés pour une durée d'un an renouvelable "uniquement pour la France". "Cela n'empêchera pas ces films d'être vus ailleurs, LaCinetek ou Salto (le futur service de SVOD des groupes TF1, France Télévisions et M6, ndlr) de les proposer ou Arte de les diffuser", rassure le patron de MK2.
