"Des salariés Kleenex, jetables à souhait" : Les documentaristes de Radio France dénoncent leurs conditions de travail

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"Des salariés Kleenex, jetables à souhait" : Les documentaristes de Radio France dénoncent leurs conditions de travail
Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Sibyle Veil sur France Inter © Christophe Abramowitz - Radio France
49 documentaristes et créateurs sonores de Radio France déplorent aussi, dans une tribune publiée hier, un "chantage" pratiqué par les directions des stations publiques lorsque qu'ils "demandent que toutes leurs heures de travail soient payées".

"Si nous prenons la parole aujourd'hui, alors que nos métiers consistent plutôt à la donner, c'est pour faire connaître nos conditions de traitement à Radio France". La Société des documentaristes de la radio publique a publié, ce vendredi 6 janvier, une tribune en ce sens relayée dans les colonnes de "Libération" et "TéléObs". Les 49 professionnels (documentaristes et créateurs sonores) réunis au sein de cette dernière conçoivent "des documentaires, des créations sonores, des reportages originaux diffusés sur les antennes publiques et édités en podcast sur les sites de France Culture, France Inter, France Bleu, France Musique, Mouv'".

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"Nous gagnons moins que le smic"

Premier motif du mécontentement de ces professionnels : des revenus insuffisants auxquels s'accompagne "une précarité institutionnalisée", illustrée de la façon suivante : "Un format documentaire d'environ une heure, pour France Culture, nous est payé 1.250 euros brut, soit environ 900 euros net pour dix jours de travail maximum déclarés (80 heures), là où nous ne mettons jamais moins de vingt jours en réalité (160 heures)". Résultat, selon les calculs effectués par la Société des documentaristes de la radio publique, le compte n'y est pas : "Nous gagnons moins que le smic : 1.250 euros/160 h réellement travaillées = 7,81 euros brut, soit 5,62 euros net de l'heure !".

Le niveau de leur rémunération, estime la Société, est décorrélée du "temps de travail" effectif des documentaristes, de leur "niveau de qualification" ou encore de la "nature créative de (leurs) métiers". Les documentaristes de la Maison ronde déplorent également une "autre incongruité" révélatrice, selon eux, de l'absence de valorisation de leur savoir-faire. "La radio publique nous recrute sous les appellations inappropriées de 'productrices-teurs délégué·e·s' ou de 'collaboratrices·teurs spécialisé·e·s' et nous considère uniquement comme des 'technicien·ne·s' alors que nos fonctions consistent avant tout à créer des expressions sonores inédites".

"Un chantage" des directions des stations publiques

Des appellations écrites noir sur blanc sur leurs "contrats courts intermittents". Ce qui leur fait dire : "Nous sommes, quant à nous, des salarié·e·s 'Kleenex', jetables à souhait. Que Radio France soit notre employeur unique, principal ou très occasionnel, nous sommes, en effet, toutes et tous engagé·e·s sous contrats courts intermittents (bénéficiant ou non d'indemnités chômage)", assure la Société, avant de dénoncer un "chantage" exercé par les directions des stations publiques.

"Lorsque nous demandons que toutes nos heures de travail nous soient payées", ces dernières "nous répondent qu'à budget contraint, cela va les obliger à réduire les cases de documentaires et de créations sonores". "Nous opposons à cette scandaleuse injonction au bénévolat que les ressources financières de Radio France doivent être mieux réparties", exigent les documentaristes, qui en appellent à l'Etat. "Nous demandons à Mme Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture, et M. Olivier Dussopt, ministre du Travail, de faire cesser cette exploitation systémique", concluent-ils.

Radio France réfute l'utilisation du terme "salariés 'Kleenex'"

Invitée par puremedias.com à réagir à cette tribune, la direction de Radio France a tenté de démonter un à un les arguments avancés par la Société des documentaristes de la radio publique. Elle a, dans une communication, énuméré la liste des droits auxquels les documentaristes peuvent prétendre, à l'image de ceux issus de l'accord portant sur les CDD d'usage signé fin 2021. Pêle-mêle, elle affirme aussi que "le temps nécessaire pour fabriquer un documentaire, même élaboré, est d'une dizaine de jours en moyenne". "Il peut légèrement varier à la baisse ou à la hausse selon le caractère de la production, mais le chiffre de 20 jours est fantaisiste", déplore Radio France, selon qui, "il est (également) faux d'affirmer que le taux horaire appliqué est inférieur au smic".

En matière de rémunération, poursuit la direction de Radio France, "nous tenons également à rappeler que les documentaristes sont éligibles à une augmentation de 1.560 euros brut par an (130 euros brut par mois), négociée lors des Négociations annuelles obligatoires 2023, proposée par la direction et adoptée par 5 des 6 organisations syndicales. Elle s'applique dès ce 1er janvier pour tous les salariés dont la rémunération est inférieure à 70.000 € bruts annuels, quel que soit leur contrat de travail (CDI, CDD, CDD-U ayant travaillé au moins 45 jours pour Radio France en 2022, alternants)."

Dans sa réponse, la direction de Radio France s'est dit, enfin, "interpellée par le choix des auteurs de cette tribune d'employer les termes de 'salariés Kleenex' qui ne correspondent en rien à la réalité", conclut la direction de Radio France, sans allusion aucune toutefois au "chantage" des directions de station auquel font référence les documentaristes. À ce sujet, la direction de Radio France dit à puremedias.com n'avoir jamais eu écho de telles pratiques.

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