Dans le jargon journalistique, c'est ce que l'on appelle un marronnier, c'est-à-dire un sujet récurrent que les rédactions traitent au même moment chaque année. Et particulièrement l'été, une période durant laquelle l'actualité tourne au ralenti, il est difficile d'y échapper. La preuve, ce mardi, RTL a consacré, comme l'ensemble des médias nationaux, une large part de ses éditions d'information au versement de l'allocation de rentrée scolaire (ARS), revalorisée cette année de 4% pour faire face à l'inflation.
"Interdire le rayon alcool" aux bénéficiaires de l'allocation de rentrée scolaire
La station rouge a fait le choix de traiter ce sujet par le prisme des auditeurs. Agnès Bonfillon, qui présente cet été "Les auditeurs ont la parole", a ainsi recueilli l'avis très précis sur la question de Ludovic, un auditeur vivant au Puy-en-Velay (Haute-Loire). "Pour moi, il faudrait que l'allocation de rentrée scolaire soit versée sous forme de bons d'achat en limitant l'accès au rayon informatique - parce que l'on peut avoir besoin d'un ordinateur quand on est étudiant - aux équipements sportifs, bien sûr, aux fournitures scolaires et éventuellement à certains rayons alimentaires", a-t-il assuré.
Avant d'ajouter qu'il fallait "interdire (aux bénéficiaires de l'ARS) le rayon alcool parce que (l'ARS versée sous cette forme) c'est véritablement un cadeau de l'Etat fait aux gens.". L'an dernier, le ministre de l'Education nationale d'alors, Jean-Michel Blanquer, avait ouvert ce même débat, persistant dans l'idée "qu'il y a des achats d'écrans plats plus importants au mois de septembre qu'à d'autres moments".
Surprise par l'intervention de cet auditeur, Agnès Bonfillon, les yeux écarquillés, s'est étonnée : "Ah vous aussi vous parlez de cadeau ?". Et Ludovic d'assumer sa position, expérience très personnelle à l'appui : "J'ai eu le cas, j'ai été en stage dans une grande surface Auchan dans le Nord. Le jour où le rayon alcool a fait le plus de chiffre d'affaires, ce n'est pas à Noël mais le jour où a été versée la prime de rentrée scolaire". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
La séquence relayée par le compte twitter de RTL
La séquence, relayée sur le compte twitter de RTL, a ulcéré bon nombre de twittos. "C'est trop", s'est ainsi indigné un journaliste reporter d'images. "Vérifier une info n'est pas une option ou un bonus dans ce métier. Ou alors on ouvre un bistrot, on l'appelle 'café du commerce" et on affiche sa carte de presse à côté de la licence IV. Cordialement, un gars qui croit encore en son métier", a-t-il tweeté.
C'est trop. Vrifier une info n'est pas une option ou un bonus dans ce mtier. Ou alors on ouvre un bistrot, on l'appelle "caf du commerce" et on affiche sa carte de presse ct de la licence IV. Cordialement, un gars qui croit encore en son mtier. https://t.co/ACLWXPo1L9
— Olivier Feniet (@olivierfeniet) August 16, 2022
Fabienne Cassagne, autre utilisatrice de Twitter qui se présente comme auteure, formatrice et communicante, a alors interpellé RTL : "Vous avez bien sûr vérifié cette info avant de laisser ce monsieur la donner à l'antenne", a-t-elle interrogé.
"Les propos tenus par cet auditeur n'ont pas pu être confirmés par RTL"
Devant le tollé suscité par les propos de l'auditeur, la station rouge a réagi dans un nouveau tweet, apportant au débat une précision d'importance. "ARS : selon la dernière étude disponible (OpinionWAy pour la CNAF/2013), 95% des bénéficiaires avaient acheté des fournitures scolaires. Les propos tenus par cet auditeur n'ont pas pu être confirmés par RTL. Nous tentons d'obtenir des données plus précises auprès de la CNAF", a ainsi contextualisé, a posteriori, la station rouge sans présenter d'excuses.
ARS : selon la dernire tude disponible (OpinionWAy pour la CNAF/2013), 95% des bnficiaires avaient achet des fournitures scolaires. Les propos tenus par cet auditeur n'ont pas pu tre confirms par RTL. Nous tentons d'obtenir des donnes plus prcises auprs de la CNAF https://t.co/8hYWwBgXx6
— RTL France (@RTLFrance) August 16, 2022
L'ajout (tardif) de cette donnée au débat, évidemment bienvenu de la part de RTL, a en revanche fait beaucoup moins réagir les internautes que la séquence initiale. 16 retweets contre 413 retweets pour le post à l'origine de la polémique (au moment de la publication de l'article).
Invitée par puremedias.com à réagir à cette séquence, Agnès Bonfillon n'a pas donné suite à nos sollicitations.