Alexandre Kara : "Elise Lucet ne doit pas être la seule incarnation de l'investigation à France Télévisions"

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Alexandre Kara : "Elise Lucet ne doit pas être la seule incarnation de l'investigation à France Télévisions"
Par Benjamin Meffre Journaliste
Passionné par les médias, l’économie et la politique, Benjamin est rédacteur en chef de puremedias.com dont il a intégré la rédaction en 2013.
Alexandre Kara, le patron de la rédaction de France Télévisions
Alexandre Kara, le patron de la rédaction de France Télévisions © Eric Vernazobres/FTV
Le patron de la rédaction de France Télévisions s'exprime pour la première fois sur puremedias.com.

A quelques heures du début du quatrième numéro de "L'émission politique", Alexandre Kara, directeur de la rédaction de France Télévisions, a accepté de répondre aux questions de puremedias.com. L'occasion de revenir avec lui sur la bonne santé des JT du groupe public, les débuts de franceinfo ou encore le débat des primaires que sa chaîne organisera le 17 novembre prochain.

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puremedias.com : Ce soir sera diffusé le quatrième numéro de "L'émission politique" avec Bruno Le Maire. Etes-vous satisfait du résultat, la promesse de nouveauté a-t-elle été tenue par rapport à "Des Paroles et des actes" ?
Alexandre Kara : Oui, on est plutôt satisfait des résultats de "L'émission politique". Les chiffres d'audience de l'émission sont comparables à ceux de "Des paroles et des actes" lors de la dernière présidentielle et dans un environnement plus concurrentiel. C'est une émission dont nous sommes très contents. Il y a clairement des choses qui sont encore à améliorer et nous allons y travailler. Mais je pense que l'émission tient globalement ses promesses.

"Un format plus dynamique, plus séquencé, plus ciselé"

"Il faut que tout change pour que rien ne change" ont parfois commenté certains observateurs. Au final, on garde une table, des journalistes, un politique...
Ce sont des gens qui n'ont pas bien regardé le séquençage de l'émission. En réalité, les animateurs ont changé, les rubriques également. On est dans un format plus dynamique, plus séquencé, plus ciselé que DPDA. DPDA est une émission qui tirait parfois un peu sur la longueur. Nous avons décidé de resserrer le format tout en gardant l'intensité. Je pense donc que c'est un mauvais procès fait à cette émission. Ensuite, dire qu'une émission politique reste une émission politique, oui, c'est sûr ! Si vous me dites qu'on n'a pas inventé grand chose depuis "L'heure de vérité", ce n'est pas complètement faux ! Mais ça ne nous empêche pas de réfléchir, d'apporter des choses nouvelles ou différentes. Je pense notamment au débat avec le maire, aux séquences dans lesquelles on donne la parole en région ou dans les DOM-TOM.

Vous avez supprimé la rubrique "Le regard de Léa". Pourquoi ?
Parce qu'on s'est aperçu que ce n'était pas la bonne formule, tout simplement. On s'est aperçu que c'était un titre qui avait une moindre légitimité et qui n'allait pas dans le bon sens.

Va-t-il y avoir de nouveaux ajustements dans le conducteur pour l'émission de ce soir ? Pour les suivantes ?
Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles on continue de travailler, notamment les réseaux sociaux et la question de l'interactivité avec le téléspectateur. L'émission connaîtra une vraie évolution au cours de la campagne présidentielle, au deuxième semestre. Jusque-là, il s'agira plutôt d'ajustements.

L'audience de "L'émission politique" semble très dépendante de la personnalité invitée. Comment contourner cette difficulté ?
On va dire les choses clairement. Les émissions avec Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont répondu à nos attentes en termes d'audience. Celle avec Arnaud Montebourg a été un peu en-dessous. Ensuite, jusqu'aux vacances de Noël, on a suffisamment de personnalités politiques de premier plan pour envisager des émissions avec un seul invité. Il va y avoir François Fillon. On réfléchit à avoir peut-être Manuel Valls ou Marine Le Pen. Pour les cinq mois de la campagne présidentielle, on ne s'interdit pas en revanche de faire une émission thématique par exemple. Nous ne sommes pas prisonniers d'une émission autour d'un homme ou d'une femme lige.

"Charline n'épargne ni les hommes politiques ni nous-mêmes"

Comment jugez-vous la performance de Léa Salamé depuis le lancement de cette émission ?
Elle apporte une fraîcheur et un renouveau à l'interview politique. C'est la première fois qu'elle est exposée de la sorte et il faut donc lui laisser le temps de rentrer dans les habits. Mais nous pensons que sa présence, comme celle de Karim Rissouli d'ailleurs, apporte de la nouveauté, de la jeunesse et un regard qui complète bien l'expérience et l'expertise de David Pujadas.

La chronique de Charline Vanhoenacker a parfois été accueillie un peu froidement par le public en plateau...
On a choisi de mettre dans l'émission un moment d'humour et d'impertinence. C'est forcément déroutant au départ mais c'est une respiration nécessaire. Charline n'épargne ni les hommes politiques ni nous-mêmes d'ailleurs, et c'est très bien ainsi. Elle permet d'avoir un regard critique salutaire. Elle est pleinement dans son rôle.

Que répondez-vous à Alain Genestar qui a reproché à France 2 d'avoir été "touché par une mouche populiste" en invitant Jérôme Kerviel et surtout Robert Ménard ?
Il faut faire attention à l'utilisation du terme populiste. On l'utilise à toutes les sauces dès que l'on est en désaccord avec quelqu'un. On peut être en désaccord avec les idées de certaines personnalités sans éviter des débats qui sont souvent au coeur de l'actualité en raison de leur caractère polémique. Ce qui compte, ce sont les questions que se posent les téléspectateurs et les réponses de l'invité. Il est aussi important de donner la parole à des personnes hors système et je conseille à Alain Genestar de regarder l'intégralité de l'émission et de s'interroger sur quelle chaîne aujourd'hui donne-t-on autant de temps à la politique, à l'expression publique, au débat d'idées, que France 2.

"Nous avons le débat décisif des primaires"

Pourquoi France 2 a-t-elle laissé filer le premier débat des primaires ?
Nous avons fait une offre avec nos partenaires (Europe 1, la PQR et Facebook, ndlr) pour ce premier débat. Les Républicains ont finalement choisi de l'attribuer à TF1. Ce n'est pas plus mal au final car nous avons le dernier, le débat décisif. On voit se tendre cette campagne des primaires et ce dernier débat sera sans doute celui avec le plus d'enjeux. Et puis cela va nous permettre de réfléchir à une manière de le produire différemment. Je peux déjà vous dire qu'il ne ressemblera pas à celui de TF1, qu'il y aura sans doute plus d'animation.

Comment vont les JT sur France Télévisions ?
C'est une de nos grosses satisfactions. Sur France 3, depuis la rentrée, le "19/20" est leader la plupart du temps en access, ce qui est quand même exceptionnel au vu de la concurrence à cette heure-là. L'équipe du 20 Heures se porte également très bien malgré le renforcement de la concurrence. En audience, nous réalisons les mêmes scores que l'année 2010 qui était excellente. La différence à l'époque, c'était que l'écart avec TF1 était de 10 points cette année-là. Cette année, il n'est plus que de trois ou quatre points. Et bien sûr, il faut saluer les belles performances des éditions du week-end de France 2 et de France 3. Chaque semaine Laurent Delahousse et Catherine Matausch font de très bons scores depuis la rentrée.

Des changements sont-ils à attendre du côté des JT ?
Jusqu'à la fin de l'année, il va y avoir de simples ajustements. L'an prochain, on réfléchira à des évolutions sans doute plus fortes pour le 13 Heures, le 20 Heures et même le 19/20. Ca passera peut-être par de nouveaux plateaux, des séquençages et des formats différents. Nous y réfléchissons déjà et ne nous interdisons rien.

Avec quelle ligne directrice ?
L'idée est de dire que la manière de faire un JT n'a pas beaucoup changé ces dernières années alors que les usages numériques ont bouleversé la façon de consommer l'information. On s'interroge donc sur la construction globale de nos JT. Doit-on adopter à l'avenir davantage de formats hybrides, c'est à dire conçu à la fois pour la télévision et le numérique dès la conception ? Michel Field a mis en place un "Media Lab" au sein de la rédaction de France Télévisions. Ce dernier est la tête chercheuse de ces nouveaux formats différenciants. Modestement, on essaye de réfléchir à la télévision de demain.

Peut-on imaginer l'importation sur France 2 et France 3 de formats de franceinfo ?
Oui. franceinfo est aussi pour nous un formidable terrain d'expérimentation et d'innovation. A terme, nous espérons que certains formats testés sur franceinfo puissent devenir ceux des JT de France 2 et France 3.

"franceinfo est la réussite d'un formidable pari"

Quel bilan faites-vous justement du premier mois et demi d'antenne de franceinfo ?
Je constate tout d'abord que franceinfo est la réussite d'un formidable pari. Cela illustre la capacité de Michel Field et Germain Dagognet de mettre sur pied une chaîne en seulement dix mois. Honnêtement, c'est sans précédent. Il y a ensuite la fierté d'une rédaction d'avoir vu naître une chaîne et de pouvoir y participer. Il y a beaucoup de visages de France 2 et France 3 sur cette chaîne au quotidien. C'est un formidable challenge et ça nous permet de repenser nos métiers. Ca nous fait sortir de la routine journalistique et nous pousse à réfléchir à de nouveaux formats.

Vous avez procédé à deux recrutements en externe cette saison avec Leïla Kaddour pour le 20 Heures week-end et Emilie Tran Nguyen pour le 12/13. Pourquoi ne pas avoir choisi des talents en interne ?
En réalité, sur les 5 changements à la tête des JT, nous avons choisi 3 personnes en interne avec Francis Letellier pour le "Soir 3", Sandrine Armon pour le "Soir 3" week-end et Marie-Sophie Lacarrau au 13 Heures. Maintenant, c'est vrai, il faut savoir se renouveler et faire venir du sang neuf à France Télévisons. Pour cette raison, Leïla Kaddour et Emilie Tran Nguyen nous ont semblé être un bon choix.

Après un départ tonitruant, "Envoyé spécial" a chuté la semaine dernière pour sa deuxième. Etes-vous pour autant satisfait de la nouvelle mouture de l'émission ?
Concernant l'audience, je tiens à souligner que la deuxième émission n'a pas eu beaucoup de chance en matière de programmation puisqu'elle a dû affronter le premier débat de la primaire sur TF1. On va donc attendre un peu avant de tirer des conclusions en la matière. Sur le contenu, on est très content du format. C'est une soirée d'information cohérente, moderne et qui nous ressemble.

"Elise Lucet ne doit pas être la seule incarnation de l'investigation à FTV"

Entre "Cash Investigation" et "Envoyé spécial", n'y-a-t-il pas un risque de surexposition d'Elise Lucet ?
C'est une réflexion qu'on a avec Elise. Elle-même nous a averti de ce risque. On va surveiller ça et faire un bilan avec elle d'ici quelques mois. Si Elise est clairement une personnalité forte de France Télévisions, elle ne doit pas être la seule incarnation de l'investigation dans le groupe. Il est important d'avoir plusieurs personnalités pour la porter. Je pense dans ce domaine à Nicolas Poincaré et à ses équipes de "Complément d'enquête" qui font de l'excellent boulot.

"Pièce à conviction", dont un nouveau numéro était diffusé hier soir sur France 3, ne bénéficie pas de la même mise en valeur que les émissions d'investigation de France 2. Pourquoi ?
On a en effet le sentiment que l'information à France 3 a pendant longtemps été un peu délaissée. Aujourd'hui, nous essayons de redonner un certain nombre de moyens à la chaîne dans ce domaine. Ca a commencé avec le 12/13, le 19/20 et le Soir 3, à qui on permet de faire davantage de reportages, de formats longs. Dans une deuxième temps, on va se pencher sur la question des magazines d'information. Je pense comme vous que "Pièces à conviction" peut et doit être mieux valorisé. Mais nous ne pouvons malheureusement pas mener de front tous les combats. Nous avons mené pour l'instant la réforme des magazines de France 2 et des JT de France 3. On va faire l'inverse prochainement, en se penchant sur les éditions de France 2 et les magazines de France 3.

France 3 dispose avec "Dimanche en politique" de Francis Lettelier du premier rendez-vous politique dominical. C'est une réussite dont on parle peu également...
On n'en parle pas assez, c'est vrai. C'est le premier rendez-vous politique du dimanche. On en est très satisfait et on entend bien le pérenniser. Claire Sébastien, la rédactrice en chef et Francis Lettelier font du beau travail. C'est un magazine qui a son ton et que l'on a ajusté cette saison, en faisant notamment évoluer son habillage. On réfléchit à de nouvelles évolutions.

"Il y a eu une volonté de Michel Field de renouer le lien avec la rédaction"

Michel Field a été très critiqué en interne. Comment est-il aujourd'hui perçu au sein des rédactions que vous dirigez ?
Je pense que l'orage du printemps est derrière nous. A la suite de ces difficultés d'il y a six mois, il y a eu une volonté de Michel de renouer le lien avec la rédaction et surtout de travailler. Il a abattu un travail formidable ces six derniers mois avec l'ensemble des équipes et cela paye.

Il y a malgré tout eu un nouvel incendie en septembre avec le documentaire sur Bygmalion...
Il n'a jamais été question de censurer le travail des équipes d'Elise Lucet. Jamais ! Je ne fais de procès à personne mais dès qu'on débat d'un sujet à France Télévisions, cela devient une polémique. Et heureusement qu'il y a des débats entre nous. C'est le signe d'une rédaction vivante, passionnée, avec des convictions fortes. Je voudrais savoir dans quelle rédaction, il n'y a pas de débat autour de la programmation d'un sujet. Oui, nous avons eu des discussions sur la meilleure programmation de ce doc.

"La rédaction d'iTELE vit un moment particulièrement douloureux"

Les rédactions de France Télévisions soutiennent-elles le combat de leurs confrères d'iTELE ?
La rédaction d'iTELE vit un moment particulièrement douloureux. Nous pensons qu'il faut toujours défendre la liberté d'information face aux pressions politiques ou économiques, quelles qu'elles soient. C'est ce qu'on pense foncièrement dans cette maison. Ce n'est cependant pas notre rôle de devenir acteurs dans ce conflit. Je laisse à chacun, dans cette rédaction, le soin de se déterminer.

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