Ali Baddou : "'Drôle d'endroit pour une rencontre' est en train de s'installer"

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Ali Baddou : "'Drôle d'endroit pour une rencontre' est en train de s'installer"
Par Benjamin Meffre Journaliste
Passionné par les médias, l’économie et la politique, Benjamin est rédacteur en chef de puremedias.com dont il a intégré la rédaction en 2013.
Ali Baddou
Ali Baddou © François Roelants - FTV 2017
L'animateur répond aux questions de puremedias.com concernant la nouvelle émission culturelle qu'il anime désormais le vendredi soir sur France 3.

Et revoilà Ali Baddou ! Un peu moins d'un an après avoir quitté Canal+, l'ancien animateur du "Supplément" et de "La nouvelle édition" est de retour à la télévision sur France 3 où il a repris depuis début mars les rênes de "Drôle d'endroit pour une rencontre". Cette émission culturelle, incarnée jusque-là par Nicolas Demorand, propose des entretiens avec des personnalités du monde culturel organisés dans un endroit insolite mais entrant en résonance avec l'invité.

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Si l'émission dispose depuis un mois d'un nouveau visage, elle s'est aussi dotée d'une nouvelle formule et d'une nouvelle programmation, en étant désormais diffusée trois fois par mois le vendredi en deuxième partie de soirée. Des ajustements qui semblent porter leurs fruits puisque l'émission a signé son record d'audience vendredi dernier avec 900.000 curieux (5% de PDA) réunis autour d'un entretien avec Gérard Depardieu. puremedias.com est parti à la rencontre d'Ali Baddou pour qu'il nous raconte cette nouvelle aventure professionnelle.

Propos recueillis par Benjamin Meffre.

"Je voulais retrouver le temps long"

puremedias.com : Vous reprenez une émission à quatre mois de la fin de la saison, vous aimez les défis ?
Ali Baddou : Dans l'absolu, j'aime les défis, ça c'est sûr ! Mais quand on m'a proposé d'animer cette émission, je n'ai pas du tout pensé au fait qu'on était à quatre mois de la fin de la saison. Je me suis juste dit : "C'est un exercice que je veux faire et qui m'excite. Donc allons-y !".

Quelle patte voulez-vous donner à cette nouvelle version ?
Ce dont j'avais envie, c'était de retrouver le temps long. Auparavant, l'émission était construite autour de trois invités. Je me suis dit qu'il fallait mettre le paquet sur une conversation approfondie car c'est cela notre spécificité par rapport aux autres émissions culturelles. Nous voulons avoir le temps de ne pas regarder la montre et de discuter à fond avec l'invité. J'ai aussi insisté pour qu'on soit plus souvent à l'antenne et c'est pour cela que l'on passe en hebdo jusqu'à la fin de la saison.

Justement, sur la première partie de saison, "Drôle d'endroit pour une rencontre" n'a-t-il pas pâti d'une programmation trop occasionnelle ?
C'est vrai que la télévision est un média de rendez-vous. Il faut être là semaine après semaine, même si c'est tard, pour installer le rendez-vous et faire en sorte que les gens ne soient pas perdus. Il faut que le public ait un repère et sache que le vendredi soir, sur France 3, il y a un rendez-vous culturel.

"L'idée est de faire se croiser des univers"

Le dialogue que vous organisez en deuxième partie d'émission entre l'invité principal et un autre artiste est aussi une nouveauté ?
Oui, c'est aussi une nouveauté. L'idée est de faire se croiser des univers, de faire se rencontrer des gens dont on pourrait penser a priori qu'ils n'ont pas grand chose à se dire. Et pourtant, cela a jusqu'à présent débouché sur des rencontres top ! Je pense par exemple à Christine Angot à qui on a fait rencontrer une femme rabbin. C'était passionnant ! Il y a vraiment une alchimie qui se crée. Ce vendredi, nous recevrons Matthieu Chedid en invité principal, et nous organiserons une rencontre avec une écrivain géniale, Léonora Miano. Cette fois aussi, ça a très bien marché alors que je crois qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés auparavant. On produit ces rencontres en faisant le pari qu'un dialogue va s'installer et que quelque chose va émerger.

Est-ce qu'on pourrait dire que "Drôle d'endroit pour une rencontre" est un croisement entre "Conversation secrète" de Michel Denisot et le "Gros Journal" de Mouloud Achour ?
Oui, je prends, même si ces émissions sont un peu différentes. J'ai en tout cas l'impression qu'on est plusieurs à avoir eu envie de sortir des studios. Et ça fait du bien ! Pour moi qui ai fait beaucoup de télé en studio, c'est assez marrant en fait. On découvre des endroits surprenants et surtout, on a une autre atmosphère et une autre qualité de conversation que dans un studio.

Que voulez-vous apporter de différent par rapport à Nicolas Demorand ?
L'ambition que l'on a avec Nicolas est à peu près la même. Nous sommes tous les deux des passionnés de culture, des gens curieux, qui ont envie de partager cela avec le public. Ce qu'il faisait dans l'émission était un peu différent. Les entretiens étaient plus ramassés, de 12 à 15 minutes, car il recevait plus d'invités. Là, on peut rester 45 minutes avec la personne. Et puis on investit les lieux en déambulant au début de l'émission.

"Un endroit change forcément une rencontre"

Un endroit change-t-il forcément une rencontre ?
Oui ! Et même dans ma manière d'interroger les invités, cela change quelque chose. Par exemple avec Christine Angot (invitée de l'émission du 3 mars dernier, ndlr) dans les anciens locaux de "Libération" rue Béranger, je ne lui aurais pas parlé politique si on n'avait pas été dans un journal, si on n'avait pas eu ces Unes autour de nous avec Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen.

Est-ce que comme dans le film avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve qui a inspiré le titre de l'émission, vous pourriez organiser une rencontre sur une aire d'autoroute ?
Oui, si ça avait du sens. Et si c'était avec Catherine Deneuve, pourquoi pas ! Maintenant que nous avons eu Gérard Depardieu, pourquoi pas Catherine Deneuve !

L'émission ne gagnerait-t-elle pas à jouer sur le décalage, en organisant des rencontres culturelles dans des lieux qui n'ont a priori rien de culturel ? Je ne sais pas, un parking, une gare RER...
C'est un peu ce que l'on fait déjà. Ce soir, nous recevons Matthieu Chedid aux Puces de Saint-Ouen. Ce n'est pas forcément un lieu culturel. C'est plutôt un grand bazar. Et pourtant, nous avons parlé musique, de ses influences... C'est donc possible de jouer le décalage.

Vous avez déjà eu une rencontre ratée dans cette émission ?
Pas encore mais je touche du bois ! Pour l'instant ça se passe super bien. Je suis hyper fier de l'émission. Je suis heureux de la faire. Elle est classe, elle est singulière. Elle est en train de s'installer. On est en train de trouver le rythme, entre la déambulation et les moments assis, la rencontre...

"C'est possible d'installer une émission culturelle à la télévision"

Installer une émission culturelle est-il une mission impossible ?
Ah non, c'est possible ! Regardez François Busnel sur France 5. Il a créé quelque chose à partir d'un pari totalement hasardeux. Qui aurait cru à une émission littéraire en prime time ? Et cela fait maintenant six ans que cela dure ! C'est un rendez-vous vraiment important dans le monde des lettres. Frédéric Taddeï avait aussi réussi à installer "Ce soir, (ou jamais !)". La seule chose, c'est qu'il faut laisser du temps. Regardez ce qu'Arte a fait avec Elisabeth Quin et "28 minutes", c'est pareil ! Quand ils ont lancé l'émission, tout le monde disait : "Qu'est-ce que c'est que cet ovni ? Ca ne marchera jamais". Et bon, année après année, cette émission s'est installée. Elle a trouvé son ton et sa ligne éditoriale. Et maintenant, ça marche très bien !

Vous citez là des chaînes qui ont une pression d'audience plus faible. Peut-on imaginer des émissions comme celles de Jacques Chancel aujourd'hui sur France 2 ou France 3 ?
C'est compliqué de comparer les deux époques. La télévision a complètement changé ! Et puis, il y a quelque chose de très important pour les émissions culturelles, au-delà de la question de l'audience, c'est la prescription. Regardez "La grande librairie" de François Busnel, je ne saurai pas dire exactement combien de personnes la regardent chaque semaine. Par contre, je sais que quand François Busnel reçoit un écrivain, les libraires sont paniqués et savent qu'ils vont devoir faire rentrer des livres. Car le lendemain, il va y avoir des gens qui vont courir en librairie pour acheter le bouquin de cet auteur. Je pense que c'est cela la vocation d'une émission culturelle. On peut la compter au nombre de téléspectateurs, mais on peut aussi la mesurer au nombre de personnes qui iront acheter un bouquin, voir un film ou visiteront une expo. Je pense que c'est indispensable de prendre en considération cet aspect pour juger de la qualité d'une émission culturelle.

"J'ai passé des super moments à Canal+"

Vous avez dû quitter précipitamment Canal+ à la fin de la saison dernière. Que s'est-il passé ?
C'est marrant parce que c'est un peu comme si dans la vie amoureuse, vous vous sépariez de quelqu'un et que tout le monde vous parlait de votre ex (rires)...

Je vais filer la métaphore dans ce cas. Pourquoi avoir rompu ? Vous alliez pourtant si bien ensemble...
(Rires) C'est comme la vie amoureuse : il y a des ruptures, des pages qui se tournent. Et là, en l'occurence, elle est tournée depuis un an. Ca me semble assez loin en fait...

On enterre le passé ?
Non, on en chérit le souvenir et on se souvient des bons moments (rires). On espère que l'autre va bien et on prend de ses nouvelles (rires). Non, blague à part, j'ai passé des super moments à Canal+. J'ai vraiment adoré y bosser et j'y ai énormément appris. J'y ai aussi gardé de vrais amis comme Augustin (Trapenard, ndlr) et Mouloud (Achour, ndlr). Mais maintenant, ce n'est plus mon histoire. Je ne sais pas quoi en dire de plus... Et puis honnêtement, je pensais que cela serait peut-être plus long de tourner la page. Mais en fait, les choses se sont accélérées très rapidement. Dès l'été dernier, j'ai rejoint France Inter. J'ai aussi commencé à bosser sur "Le Maroc vu du ciel" de Yann Arthus-Bertrand, un documentaire qui sera diffusé en juin en prime sur France 2.

Lorsqu'on regarde votre carrière à la télévision, vous avez souvent succédé à d'autres animateurs ("La nouvelle édition", "Le Supplément"). N'avez-vous pas envie de développer votre propre format ?
J'ai fait les deux en fait. "Le Supplément" oui, c'est l'émission que j'ai reprise le plus en l'état je pense. Auparavant, c'est moins vrai. "La nouvelle édition" par exemple. On avait gardé quelques uns des chroniqueurs mais l'émission avait vraiment évolué en termes de reportages, d'importance donnée à l'info. J'ai aussi créé des émissions à la radio, sur France Culture notamment. Même l'entretien avec des intellectuels que je réalise à 7h50 le vendredi sur France Inter est aussi quelque chose qui n'existait pas avant sur cette tranche.

"J'aimerais rester à France Inter et en faire plus"

Justement, vous avez d'autres projets avec France Inter pour la saison prochaine ?
Rien n'est encore décidé mais j'aimerais rester à France Inter et en faire plus.

Parlons d'une "rencontre" un peu différente. On dit souvent que la présidentielle est la rencontre d'un Homme avec le peuple. Vous la sentez comment la rencontre qui s'annonce ?
Je pense qu'ils risquent de se croiser sans vraiment se rencontrer ! Plus sérieusement, je ne crois pas à cette mystique de la rencontre entre un Homme et un peuple, sauf peut-être, à des moments exceptionnels de l'Histoire. Tout le monde a repris la phrase de De Gaulle et aimerait y croire aujourd'hui. Mais je crois que ce n'est plus vrai. Regardez autour de vous le nombre de personnes qui vont voter par défaut ou qui ne savent tout simplement pas pour qui elles vont voter. Il faut oublier la mystique et penser au rapport de force pour les cinq prochaines années.

Dernière question : comment était cette rencontre ?
Franchement, enchanté !

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