Ali Baddou : "La télévision n'est pas une monarchie héréditaire"

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Ali Baddou : "La télévision n'est pas une monarchie héréditaire"
Par Julien Bellver Rédacteur en chef

Co-rédacteur en chef de puremedias.com, Julien Bellver est diplômé de l'Institut Pratique de Journalisme (IPJ). Passionné par les nouvelles technologies et les médias, il a collaboré à plusieurs émissions...

Dans une interview à puremedias.com, Ali Baddou, à la tête des midis de Canal+, présente sa nouvelle équipe et revient sur son rôle de joker dans "Le Grand Journal" de Canal+.

D'abord chroniqueur littéraire puis joker officiel, Ali Baddou était le successeur naturel de Michel Denisot quand Canal+ a décidé de le remplacer à la tête du "Grand Journal". Mais Antoine de Caunes a finalement été préféré par Rodolphe Belmer, patron de Canal+. Dans une interview à puremedias.com, Ali Baddou nous présente sa nouvelle équipe du midi et revient, pour la première fois, sur la manière dont il a vécu cette délicate période du mercato télé.

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Propos recueillis par Julien Bellver.

puremedias.com "La Nouvelle Edition" a changé de formule pour votre troisième saison : nouvelle table, nouveaux chroniqueurs, nouveau conducteur. Pourquoi ces changements ?

Ali Baddou : C'était une vraie volonté de la chaîne, qui renouvelait en profondeur le soir, fermait le matin. Il y avait une envie de modifier beaucoup de choses à l'antenne, on voulait changer avant que la formule ne s'essoufle.

Il y a aussi des changements autour de la table. Des chroniqueurs sont arrivés, d'autres sont partis. Et les humoristes, présents dans la première saison avec Samuel Etienne, font leur retour.

Comment on traite l'actualité de manière sérieuse, parfois plus légère, je voulais qu'on aille encore plus loin. C'est ce qui fait la spécificité de Canal+ depuis ses débuts, à savoir un regard abrasif et corrosif sur l'actualité. Donc on a été chercher Pierre-Emmanuel Barré à France Inter, il est génial dans l'exercice. Quant à Myriam Leroy, elle a un vrai grain. Ca permet aussi d'installer des rendez-vous forts dans l'émission, de donner des repères à heure fixe, ce qui nous manquait peut-être la saison dernière.

Pourquoi s'être séparé d'Ariel Wizman, un des piliers historiques de l'émission ? Et de Pauline Lefèvre ?

Ils ne sont pas vraiment partis. Ariel est en Tunisie pour faire quelque chose de radicalement différent. Non plus des chroniques en plateau mais des reportages incarnés, en immersion, à la rencontre des figures de la contestation. Il ira aussi en France, en Egypte, aux Etats-Unis, ailleurs. Il avait envie de revenir à un genre dans lequel il est très bon. Quant à Pauline, elle s'est mariée cet été, elle va probablement revenir !

"Anne-Elisabeth Lemoine est hyper précieuse"

En revanche, Anne-Elisabeth Lemoine et Nicolas Domenach sont toujours là, depuis le début. Ce sont les piliers de l'émission ?

J'aime ma petite bande ! Babeth est hyper précieuse, c'est quelqu'un avec qui j'adore jouer en plateau. Elle a un grain, une fantaisie et elle couvre très bien son sujet, les médias. Quant à Nicolas, on a besoin d'analyses, il est très pédagogue. Il fallait renouveler l'équipe mais il n'y a rien de plus dur à la télé que de faire vivre un plateau, c'est une alchimie très fragile.

Anne-Elisabeth est votre co-animatrice ? Avec son positionnement, on a l'impression que vous formez un duo. C'était votre volonté ?

J'avais cette volonté, de lui donner un rôle plus important. Babeth a un rôle un peu à part, c'est notamment mon joker quand je suis absent.

L'audience moyenne de l'émission se situe généralement entre 4 et 5% de PDA le midi, en baisse cette rentrée (entre 3 et 4). Quel est votre objectif sur l'année, et celui fixé par la chaîne ?

4, c'est l'étiage normal de la case sur Canal. Mais tous les débuts de saison sont un peu compliqués, et de plus en plus durs car la concurrence s'intensifie, M6 surcartonne avec son 12.45 par exemple. Mais je suis assez confiant, je n'ai pas d'inquiétude. "La Nouvelle Edition" est un diesel, qui repose beaucoup sur la mécanique de bande, et l'humeur, il faut un peu de temps.

"J'ai un peu fendu l'armure l'année dernière"

On vous reproche parfois d'être un peu raide, pas forcément à l'aise dans les habits de l'anchorman. Vous vous sentez mieux après deux saisons de quotidienne ?

Oui, de mieux en mieux. Quand j'ai remplaçé Michel Denisot au "Grand Journal", j'ai adoré faire ça, j'ai découvert le job. Je me suis aperçu, à "La Nouvelle Edition", que c'est extrêmement différent de ce qu'on peut faire le soir. La première année, j'étais comme à l'école, en phase d'apprentissage. J'ai un peu fendu l'armure la saison dernière. Le plus dur pour moi c'est de faire en sorte de montrer mon naturel. Quand j'étais à la radio, on me reprochait aussi ma distance. Ardisson disait à ses débuts que le grand conseil donné par ses potes et producteurs était d'être à l'antenne comme il est dans les dîners. J'ai un peu la même problématique, mais ça vient petit à petit.

Vous êtes un homme de livres, on en parle peu dans "La Nouvelle Edition".

Dans "Le grand Journal", il y avait un rôle de prescription. Là, j'ai d'avantage le rôle de chef de bande. On est plus sur l'actu, moins sur la culture. C'est un petit regret et j'espère que, cette saison, on va réussir à retrouver ce rôle de prescription culturelle.

Vous êtes aussi un homme de radio, le micro vous manque ?

J'ai des propositions chaque année ! J'y reviendrai, c'est sûr. Au début de "La Nouvelle Edition", ma volonté était de m'y consacrer entièrement, en arrêtant la radio et l'enseignement. Il n'y a pas une année depuis que j'ai arrêté la matinale de France Culture où on ne m'a pas proposé une matinale d'une grande généraliste. Mais c'est impossible, je ne retournerai pas à la radio pour une matinale !

"Si je dois faire plus de télé, c'est pour sortir du studio"

Rodolphe Belmer, le patron de Canal+, dans sa traditionnelle interview annuelle à Libé vous avait annoncé à la tête d'une émission le samedi, c'est finalement Daphné Bürki qui présente "Le Tube", pourquoi ce revirement ?

Ce n'était pas la même émission, cela devait être un retour sur l'actu de la semaine. On a réfléchi. Si je dois faire plus de télé, c'est pour sortir du studio. Donc on va faire ça dans les semaines et mois qui viennent : partir à l'étranger pour des documentaires, on travaille dessus. Mais je n'avais pas envie de faire plus d'émissions en plateau, où on est dans un bocal. Pour se nourrir et s'enrichir, il faut sortir.

Vous êtiez le joker de Michel Denisot dans "Le Grand Journal" pendant plusieurs saisons, sa place vous revenait naturellement après son départ, vous êtiez candidat à la succession ?

J'étais candidat, par la force des choses. J'y ai cru et oui, je l'attendais. Quand on est joker, on a normalement vocation à succèder à quelqu'un. Mais la télé est un monde assez particulier, ce n'est pas une monarchie héréditaire ! Moi, je ne voulais plus être remplaçant, remplaçant de qui que ce soit. Je suis arrivé au bout de la logique des remplacements. C'est une décision qui appartenait à Rodolphe Belmer. Il y avait une telle envie de renouveler l'émission que cela ne pouvait pas passer par moi. Le choix d'Antoine de Caunes a surpris tout le monde mais apparaît aujourd'hui tout à fait logique.

Quelle explication vous a donnée la chaîne ?

Je n'avais pas besoin de justification. A la télé, ce qui règne, c'est le fait du prince, ça ne se discute pas !

"Remplacer, c'est fini !"

Si on vous propose d'être le nouveau joker d'Antoine De Caunes, vous y allez ?

Non. Remplacer, c'est fini !

Vous en pensez quoi, de cette nouvelle formule du "Grand Journal" ?

Il y a le téléspectateur, et celui qui connaît parfaitement la machine de l'intérieur. Moi, j'aime cette nouvelle formule. Antoine assure le show, le spectacle, et c'est réussi. Ce qui est très difficile, c'est l'interview promo. Et il y arrive plutôt bien, même avec une grande star comme Miley Cyrus où on sait que c'est très compliqué.

"Le Grand Journal" a suffisamment changé ?

Je pense que c'est le début du changement, il va encore changer. Les grands repères, comme "Le Zapping" ou "Les Guignols" sont nécessaires.

Le service public vous a dragué à plusieurs reprises, en fin de saison, pour incarner la culture sur ses antennes. Pourquoi vous n'y êtes jamais allé ?

Franchement, on est bien sur Canal ! Quand on regarde le PAF, c'est un endroit extrêmement privilégié.

C'est une cage dorée ?

Non, car c'est une chaîne entièrement libre. Libre vis-à-vis des pouvoirs, libre dans son ton, dans ce qu'on peut y faire. L'esprit Canal, je ne pense pas qu'il ait disparu ces dernières années. Les téléspectateurs sont nostalgiques. Quand tu vois "Groland", "Le petit journal", "Les Guignols"... il se passe quand même des choses sur cette chaîne.

Ali Baddou
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