Cent mille dollars au soleil, Le salaire de la peur, Un taxi pour Tobrouk, Les aventuriers... Il fut un temps ou le cinéma d'aventures français faisait florès dans les salles. Malheureusement , la Nouvelle Vague (Truffaut, Godard) est passée par là et a pointé du doigt ce cinéma, le trouvant surfait, académique et par dessus tout... commercial ! Verneuil et sa clique tinrent bon pendant quelques temps mais la nouvelle vague finissait par avoir la peau du cinéma d'aventures français. C'est donc avec plaisir qu'on retrouve ce cinéma sous la caméra d'Eric Besnard, réalisateur de Cash.
N'est pas Verneuil qui veut
Eric Besnard rend surtout hommage au génial et regretté Henri Verneuil. Cash, son précèdent film, était déjà un clin d'oeil à Mélodie en sous-sol (petit chef d'oeuvre avec Gabin et Delon , à (re)voir absolument). 600 kilos d'or pur lorgne, quant à lui, du côté de Cent mille dollars au soleil (autre petit chef d'oeuvre avec Jean-Paul Belmondo et Lino Ventura). Seulement, Eric Besnard n'est pas Henri Verneuil et il le prouve à travers 3 problèmes de taille .
Tout d'abord, il n'y a plus de grand dialoguistes à la Audiard. Ici on a droit à des dialogues banals et simplistes, le spectateur n'a aucun bon mot à se mettre sous la dent. Ensuite, le casting, bien que sympathique, soufre de la comparaison avec les Belmondo, Ventura, Blier. Si Clovis Cornillac a bien l'étoffe d'un Ventura, il n'en est pas de même pour Bruno Solo, qui n'a rien d'un Blier.
Et enfin, Besnard n'est pas Verneuil. Verneuil était quand même un grand metteur en scène, un directeur d'acteurs hors pair, un conteur d'histoires fabuleux. Besnard, lui, nous livre un film sympathique mais bateau dans sa mise en scène et son récit. De plus, les personnages (bons ou méchants) sont traités en surface, voire expédiés. Ne parlons pas de la fin, décevante et bâclée.
Une petite consolation
Cependant, ne boudons pas notre plaisir : les paysages sont magnifiques et la photo sublime. 600 kilos d'or pur n'est pas un grand film, mais un bon film fort sympathique, bien loin des innombrables navets que nous sert le cinéma français depuis quelques temps. Bien sûr, il y a les comédies ratées et poussives (Camping 2) mais il y a aussi ces films d'auteurs arrogants et nombrilistes (Honoré, Desplechin, Godard) , salués par les bobos, et qui ennuient profondément le spectateur.
600 kilos d'or pur est un petit doigt d'honneur aux films d'auteurs et à l'héritage de la Nouvelle Vague. C'est aussi un doigt d'honneur aux cinéastes de genre français actuels, qui tentent de revenir au genre avec maladresse, en proposant des films d'horreur gore gratuits et violents, copié-collé des films d'horreurs américains des années 70-80.