Aujourd'hui à Cannes : Sean Penn et Naomi Watts partent en Irak, Ken Loach aussi

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Aujourd'hui à Cannes : Sean Penn et Naomi Watts partent en Irak, Ken Loach aussi
Bulletin du vendredi 21 mai 2010.

En direct de Cannes. L'Irak était au coeur de la compétition, hier. Par l'intermédiaire de deux films, celui de Doug Liman, Fair Game, porté par le duo Naomi Watts et Sean Penn et le second, Route Irish, mis en scène par un réalisateur habitué au Festival, Ken Loach. Un même pays, mais pour deux sensibilités différentes. Car si le premier se charge de nouer son intrigue sur le mensonge de l'administration Bush au sujet de la présence des armes de destructions massives en Irak, le second nous narre une histoire d'amitié et de vengeance sur deux soldats anglais envoyés à Bagdad. A ces deux films s'ajoute un troisième, La Nostra Vita, réalisé par l'italien Daniele Luchetti qui livre un drame social sur le monde ouvrier, le deuil et la famille, et dont on attendait peut-être un peu trop. La compétition ne compte plus désormais que trois films. L'étau se resserre et les pronostics vont bon train. Mais Cannes n'est jamais à l'abri de nous surprendre, elle en a même fait sa devise. Alors patience...

Les Films

Ils ont été projetés hier, et on ne parle plus que d'eux.

La Nostra Vita : Les derniers films italiens présentés à Cannes en compétition officielle s'étaient inscrits dans une veine politique (Il divo en 2008 ou Vincere en 2009), mais cette année, le seul représentant du cinéma transalpin a choisi de retranscrire le monde prolétaire et ouvrier à travers un drame social et intime que Ken Loach n'aurait pas renié. Derrière la caméra, c'est pourtant Daniele Luchetti qu'on retrouve. Si le ton est juste et les acteurs particulièrement crédibles dans leur rôles respectifs, il manque un quelque chose à ce drame pour insuffler un supplément d'émotion. Un drame qui aborde, entre autres, les thèmes de la responsabilité, du deuil, de la paternité, de l'argent, et surtout, de la famille.
*Ses points forts : Difficile de rester insensible face au drame personnel qui vient toucher de plein fouet la vie heureuse du personnage principal incarné magistralement par Elio Germano. La perte de sa femme qui le conduit à perdre ses repères est traitée avec subtilité par le cinéaste italien, qui glisse ce drame intime dans un drame social. Car si l'action du film se situe à Rome, c'est sa périphérie que Daniele Luchetti nous fait découvrir, avec sa pauvreté, ses immigrés, ses injustices, ses combines, ses dangers... Soutenu par une musique de Franco Piersanti, qui traduit par les notes l'émotion que les mots ne donnent pas, La Nostra Vita est un joli film sans prétention qui se résume à une chose : la famille, avant tout.
*Ses points faibles : Alors que les réalisateurs en compétition semblent s'être donné le mot pour aborder le thème de la paternité cette année, c'est paradoxalement sur ce point que l'on regrette que Luchetti n'ait pas été un peu plus loin. Le metteur en scène ne traite des relations père/fils qu'en surface, alors que ce point était sans doute le plus intéressant du récit. Une carence qui s'explique par les multiples sujets sur lesquels le film se penche. De l'importance de la famille à la difficulté de faire le deuil, en passant par la soif de l'argent jusqu'au problèmes liés aux travailleurs immigrés, tout y passe, mais sans aller jusqu'au bout. Et la fin, trop artificielle, ajoute un peu plus encore à ce sentiment que La Nostra Vita, bien qu'agréable à regarder, reste aussi un rendez-vous manqué.

Fair Game : Il est le seul film américain en compétition. Et on ne peut pas dire qu'il joue la carte du patriotisme exacerbé. Car avec cette piqure de rappel cinématographique sur les mensonges de l'administration Bush à propos de la présence d'armes de destruction massive en Irak, Doug Liman porte à l'écran une histoire vraie, celle de l'agent de la CIA, Valérie Male et de son mari diplomate, Joe Wilson. Alors que sur un sujet quasi-similaire, Paul Greengrass était plutôt dans le film d'action avec Green Zone, le réalisateur de Mr. and Mrs. Smith joue, lui, la carte du thriller politique. Divertissant, instructif, quoiqu'un peu trop bavard, Fair Game souligne (sans surligner) les aberrations d'un mensonge politique. Et il mêle à ce contexte l'histoire personnelle d'un couple fragilisé par le combat médiatique dans lequel il s'est plongé.
*Ses points forts : Qui d'autres que Sean Penn et Naomi Watts auraient pu incarner le couple Male/Wilson ? La question ne se pose même pas quand on les voit faire vivre cette histoire à l'écran. Les deux comédiens qui se donnent la réplique pour la troisième fois (après The assassination of Richard Nixon et 21 Grammes) sont tout simplement parfaits (et c'est presqu'un pléonasme quand on parle des deux intéressés). Le réalisateur de Jumper prouve ici qu'il a toutes les qualités pour prendre les commandes d'un sujet plus ambitieux. Sa mise en scène habile et pas tapageuse s'accorde avec un scénario qui ne souffre d'aucune baisse de rythme. Et puis, en se contentant de montrer s'en juger, la fiction de Doug Liman a surtout le mérite de mettre en lumière une histoire qui paraitrait invraisemblable... si elle n'était pas vraie.
*Ses points faibles : S'il est un peu trop bavard, il a, pour sa défense, le problème récurrent de tous les thrillers du genre inspirés de faits authentiques. On a aussi parfois cette impression que Doug Liman a du mal à choisir et on se demande s'il veut que son intrigue politique soit la toile de fond de son intrigue amoureuse ou l'inverse. Et, une fois n'est pas coutume, on reprochera au compositeur John Powell une certaine paresse musicale. Sa musique fonctionnelle et son thème répétitif remplissent plutôt que d'exprimer.

Route Irish : Un an après être venu présenter Looking for Eric en compétition, le cinéaste britannique Ken Loach a de nouveau monté les marches cette année. Le réalisateur ("palmé" avec Le vent se lève) revient dans un genre qu'il connaît bien : le drame engagé. Et comme avec Doug Liman, c'est l'Irak qui sert de toile de fond à son film qui aborde les thèmes de l'amitié. On y suit le retour au pays d'un homme, qui, après avoir perdu son meilleur ami dans des conditions mystérieuses, décide d'enquêter sur sa mort et de le venger... Fidèle à lui-même, Ken Loach dresse un portrait sans fard d'un homme perdu dans les traumas de la guerre et qui se sent responsable de la perte de celui qu'il considérait comme son propre frère. Il en résulte un film fort, sans concession et cruel, qui rattrape une première partie poussive en offrant une fin bouleversante.
*Ses points forts : Amitié, vengeance, violence, remord, folie, amour, rancoeur. Route Irish passe par toutes ces étapes et c'est un tourbillon de sentiments qui traverse le film. Son montage habile, qui voyage entre scènes d'aujourd'hui et flash-backs, renforce un suspense qui ne faiblit pas jusqu'à son dénouement. La partition sans fausses notes des comédiens apporte une véracité au récit. Et si la violence de Bagdad n'est au final montrée que brièvement, Ken Loach, en réalisateur engagé expérimenté qu'il est, sait faire passer son message sans tomber dans l'excès.
*Ses points faibles : Noyant parfois sa force dans des dialogues bavards et explicatifs, Ken Loach n'est pourtant jamais aussi bon que lorsqu'il se contente de suggérer. La densité de l'intrigue fait qu'il ne faut pas rater le départ sous peine de ne jamais pouvoir refaire son retard. Et on ignore si Ken Loach repartira ou non avec la Palme d'Or (on ne crierait pas au scandale), mais on lui décerne tout de suite la Palme du film où les mots "fuck", "fucking" et "fuck you" sont débités à la pelle. On n'avait pas vu ça depuis Les Affranchis de Martin Scorsese et ça n'apporte pas grand chose au film. N'est pas Joe Pesci qui veut...

Et aujourd'hui

Hors la loi : Quatre ans après les lauriers reçus pour Indigènes, les principaux protagonistes du film (le réalisateur Rachid Bouchareb et le quatuor d'acteurs Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan) reviennent sur la Croisette. Alors que celui-ci a déjà dû faire face à plusieurs polémiques avant le Festival (certains remettent en cause la véracité historique, allant même jusqu'à qualifier le film d'anti-français), le long-métrage suivra le destin de trois frères algériens installés en France, deux d'entre eux militant sans relâche pour l'indépendance de leur pays, le troisième se montrant plus sceptique. Et en toile de fond à cette histoire de famille : événements politiques tragiques et manifestations pour l'indépendance de l'Algérie.

Loong Boonmee Raleuk Chaat : Il reçut le prix un Certain Regard pour Sud Sanahea en 2002, puis le Prix du Jury deux ans plus tard pour Tropical Malady, avant d'être membre du Jury en 2008. Bref, autant dire que le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul est chez lui à Cannes. Pour son retour dans la compétition officielle, le cinéaste racontera l'histoire d'oncle Boonmee, un homme qui souffre d’une insuffisance rénale aigüe et décide de finir ses jours auprès des siens à la campagne. Étrangement, les fantômes de sa femme décédée et de son fils disparu vont lui apparaître et le prendre sous leurs ailes...



Entendu...

*Le seul film italien en compétition, La Nostra Vita, s'attache à mettre en avant les valeurs de la famille et de l'importance des liens du sang, capables de surmonter n'importe quelle épreuve. Et cette idée est résumée en une phrase prononcée dans le film par l'actrice Stefania Montorsi. Elle y joue la soeur protectrice de Claudio, le personnage principal. Et lorsque celui-ci s'amuse de la voir en peine en marchant avec ses talons hauts, elle lui répond avec malice : « Les talons aiguilles, c'est comme la famille. C'est chiant, mais c'est parfois utile... ».

Vu...

*Bien que marquée par l'absence de Sean Penn, la conférence de presse de Fair Game comptait tout de même dans son lot de personnalités l'actrice Naomi Watts (deuxième fois depuis le début du Festival), le réalisateur Doug Liman et le producteur Jerry Zucker (réalisateur de Ghost). Lors de ce rendez-vous avec la presse, la comédienne révélée dans Mulholland Drive a évoqué sa difficulté à entrer dans la peau de son personnage, l'agent de la CIA Valerie Plame. Malgré ses nombreux échanges avec la vraie Valerie Plame (présente lors de la montée des marches), la comédienne a avoué n'avoir su qu'elle était le personnage qu'à un moment : « C'est quand j'ai enfilé la vraie veste de Valerie Plame sur le tournage que je me suis enfin sentie elle, pas avant ». Mais on n'avait jamais douté que ce rôle lui irait comme un gant...

Et aussi

La Semaine de la Critique remet ses prix
*La fin approche et amène avec elle ses premières récompenses. Hier, lors de la cérémonie de clôture de la Semaine de la Critique (en présence de Kirsten Dunst et James Franco venus chacun présenter respectivement leur court-métrage), c'est le documentaire Armandillo qui a raflé la mise. Le film, réalisé par le danois Janus Metz et qui traite de la guerre en Afghanistan, a remporté le Grand Prix de la Semaine internationale. De son côté, le cinéaste vietnamien Phan Dang Di s'est vu remettre le prix de la Société des auteurs-compositeurs dramatiques (SACD) remis également dans le cadre de la Semaine de la critique avec son film Bi, don't be afraid.

Autres prix...
*Le court-métrage n'a pas été en reste non plus côté récompenses. Le 8e prix uniFrance du court-métrage a en effet remis, hier soir, son Grand Prix à Valérie Mréjen pour French Courvoisier. Le Prix spécial RTP2 a quant à lui été décerné à 8 et des poussières de Laurent Teyssier, tandis que le Prix spécial SBS est venu récompenser L’Homme qui dort de la réalisatrice Inès Sedan.

Alexandre Desplat, what else ?
*Avec Twilight - Chapitre 2 : Tentation, L'étrange histoire de Benjamin Button en passant par Fantastic Mr. Fox, The Ghost Writer, The Queen et prochainement Tree of Life et Harry Potter et les reliques de la mort, le compositeur français Alexandre Desplat est véritablement le frenchie qui conquiert toujours un peu plus l'Amérique. Et sans sacrifier pour autant son travail en France (on lui doit la musique d'Un Prophète, Largo Winch, L'armée du crime, etc...). Membre du Jury, il s'est confié lors d'une interview au site du Festival pour évoquer sa vocation. On y apprend notamment que c'est la musique de Spartacus d'Alex North qui lui a donné envie de faire de la musique de films, que sa référence absolue reste Mozart et que s'il devait résumer les autres membres du jury en une musique, ce serait celle du "Carnaval des Animaux" de Camille Saint-Saens. Et cette dernière n'est pas inconnue des festivaliers puisqu'elle est LA musique officielle du Festival qui précède chacune des projections de chaque film...

Retrouvez dès demain de nouvelles infos inédites et des critiques.

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