La mise au point n'aura pas tardé. Quelques heures après leur arrivée sur le sol français, devant tous les salariés réunis au siège de France Télévisions pour les accueillir, les ex-otages ont tenu à éclaircir les conditions de leur enlèvement.
« J'ai entendu tout à l'heure sur des chaînes, des analystes, des anciens reporters qui ont dit "oui mais l'armée française les avait bien prévenus, ils allaient aux devants de graves problèmes, de graves périls. C'est absolument faux, personne ne nous a rien dit, que ce soit clair ! Je ne sais pas d'où ça vient... Nous ne sommes pas allés affronter la face nord de l'Everest en tongs, loin de là ! » a lancé Hervé Guesquière. « On n'y est pas allé à l'aventurette, pour mettre en péril nos vies, non ! On n'a pas eu de chance, nous étions bien préparés, nous avons pris le minimum de risques possible ! (...) Il y a eu beaucoup de polémiques, je pense que c'est important de mettres les points sur les i ».
Le 6 juillet 2010, Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée avait estimé que « le scoop ne devait pas être recherché à tout prix ». RSF avait jugé à l'époque ces déclarations « choquantes » et la Société des Journalistes de France 3 s'était déclarée « scandalisée ».
"Il faut aller sur le terrain, prendre des risques"
Par ailleurs, Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions, Thierry Thuillier, directeur des rédactions et les ex-otages ont réaffirmé la nécessité de continuer à aller en Afghanistan et dans les zones dangereuses pour rendre compte de ce qui s'y passe.
« Votre métier de journaliste, vous l'avez fait de manière exemplaire en allant en Afghanistan, a lancé le patron de la télé publique. Notre mission, dans un pays démocratique, c'est d'informer nos citoyens, d'être exigeant (...) Et que nous soyons, ce qui est notre volonté à France Télévisions, ceux qui diffusent une information de référence et de qualité. Pour ça il faut aller sur le terrain, il faut prendre des risques. Notre métier doit être de faire comprendre ce qui se passe, en particulier sur des terrains comme l'Afghanistan où nos soldats sont présents ».
« Il faut continuer à aller en Irak, en Afghanistan, ne pas toujours être avec l'armée » a déclaré de son côté Hervé Ghesquière. Une réponse à celles et ceux qui remettent en doute depuis plusieurs mois la présence des journalistes français dans des zones dites dangereuses.