En direct de Cannes. C’était sûrement LA montée des marches du Festival. En tout cas, celle au tapis rouge le mieux loti en stars. Et celle qui a fait crépiter le plus de flashs. Hormis Susan Sarandon, toute l’équipe du film Wall Street 2 - L'argent ne dort jamais s’était réunie autour d’Oliver Stone pour la première mondiale du film avec entre autres, Michael Douglas, Shia LaBeouf, Josh Brolin, Carey Mulligan et Franck Langella. Un glamour made in Hollywood comme les aiment les nombreux badauds perchés sur leurs escabeaux devant le palais. L’armada américaine a ainsi fait un peu d’ombre au seul film du jour en compétition : The House Maid. Un film qui a divisé la critique cannoise, qui se demande encore s’il faut regarder ce film comme une farce noire "sulfureuse" réussie où un thriller raté...
Les Films
Ils ont été projetés hier, et on ne parle plus que d'eux.
Wall Street 2 - L'argent ne dort jamais : Il est temps de ressortir les manuels scolaires d'économie car Oliver Stone a décidé de nous replonger dans le monde du dollar, de la spéculation, des finances, des combines et des transactions. Vingt-trois ans après avoir signé son Wall Street, le cinéaste américain reprend (presque) les mêmes et recommence. Evidemment, les temps ont changé à la bourse de New York, les technologies aussi. Et si ce Wall Street 2 se révèle peut-être moins corrosif que le premier, l'effet de surprise ayant forcément disparu, reste qu'Oliver Stone ne décevra pas ses fans avec cette suite. Et il risque de donner des ailes à une nouvelle génération de traders qui va vouloir s'orienter dans la branche de la spéculation...
*Ses points forts : Au plaisir naturellement coupable de retrouver Michael Douglas dans le complet de Gordon Gekko s'ajoute celui de découvrir un Shia LaBeouf à des années lumières de son rôle insipide dans la saga Transformers. Dans la peau du jeune trader et petit génie débarqué dans le grand bain de la finance, il reprend avec brio et un charisme plutôt surprenant le flambeau laissé vacant par Charlie Sheen. Ajouté à cela une mise en scène inspirée d'Oliver Stone, une brillante plongée (très documentée) dans le monde contemporain des finances et des seconds-rôles parfaitement incarnés par Josh Brolin et Franck Langella. Et bien sûr, l'apparition clin d'oeil (mais malheureusement sans grand intérêt) d'un Charlie Sheen qu'on aurait aimé voir un peu plus.
*Ses points faibles : Du fait d'une première partie qui se perd parfois en bavardages, on tarde à retrouver le Gordon Gekko cynique et manipulateur qu'on avait aimé détester dans le premier volet. On peut également regretter le côté un peu effacé de la comédienne Carey Mulligan et la relation père/fille avec Michael Douglas qui aurait mérité d'être plus fouillée. Mais ne boudons pas notre plaisir tant il est rare de trouver une suite qui se maintient au niveau de son aîné...
The House Maid : En annonçant avant de venir à Cannes que son film serait « le moins ennuyeux de la sélection », le réalisateur sud-coréen Im Sang-soo prenait déjà un risque. Alors a-t-il tenu sa promesse ? Oui... et non, car sa comédie noire semble avoir partagé les festivaliers. Pour sa première apparition dans la compétition officielle, le réalisateur s'est en plus pourvu d'un handicap supplémentaire en s'attaquant au remake d'un film culte du cinéma coréen qui abordait les thèmes de l'adultère et du suicide. Mais en s'éloignant de son modèle et en ajoutant son sens de la mise en scène (trop ampoulée ou ingénieuse, selon les cas...), il a au moins réussi à ne pas passer inaperçu.
*Ses points forts : Dans cette satire noire et sulfureuse, Im Sang-soo a particulièrement soigné ses décors, sa musique et tout ce qui confine à créer une atmosphère singulière presque dérangeante. L'alchimie entre les comédiens fonctionne à merveille et on soulignera notamment les performances des deux maîtresses de maisons à la morale opposée, Jeon Do-youn et Youn Yuh-jung. Son final complètement en décalage avec le reste de son film prouve que le cinéaste ne s'est imposé aucune limite. Il s'autorise même l'ironie d'innover dans le genre du thriller en instaurant un suspense en suspend...
*Ses points faibles : Si le film se revendique du genre de la comédie noire, ses incursions dans le drame paraissent souvent maladroites. Et dans ce sens, la mise en scène de la dernière scène pourra paraître grotesque pour certains...
Aujourd'hui
Another Year : Un retour sur la Croisette. Celui du britannique Mike Leigh. Déjà lauréat de la Palme d'Or en 1996 avec Secrets et Mensonges, le réalisateur revient ici présenter sa nouvelle comédie douce-amère. Celui qui s'était révélé à Cannes avec Naked abordera les thèmes de la famille, de l'amitié, de l'amour, de la joie, des peines, de la fraternité, de la solitude, de la naissance, de la mort, du temps qui passe... En un mot : de la vie. Et les comédiens David Bradley, Jim Broadbent, Karina Fernandez et Imelda Staunton seront de la fête.
Extrait :
You Will Meet a Tall Dark Stranger : Parce qu’il ne souhaite pas être en compétition, Woody Allen n’aura jamais la Palme d’Or. Mais cela ne l’empêche pourtant pas de venir régulièrement à Cannes présenter ses films... hors-compétiton. Deux ans après Vicky Cristina Barcelona, c’est avec You Will Meet a Tall Dark Stranger que le cinéaste américain fait son come-back sur la Croisette. Josh Brolin, Antonio Banderas, Naomi Watts, Anthony Hopkins et Freida Pinto se partagent l’affiche de ce film qui abordera les névroses habituelles du metteur en scène sur l'amour, le sexe et le rire.
Entendu...
Dans le premier Wall Street, Michael Douglas (alias Gordon Gekko) balançait des répliques devenues cultes. Parmi elles, son célèbre crédo : « L'avidité, c'est bien ! ». Et bien dans Wall Street 2 - L'argent ne dort jamais, celui-ci va même plus loin, puisqu'il explique à qui veut bien l'entendre : « L'avidité, c'est bien. Et c'est maintenant légale ! ».
Vu...
Bon, d'accord, c'est vrai, la conférence de presse de Wall Street 2 - L'argent ne dort jamais avait de quoi attiser la curiosité de la profession. Mais certains n'ont pas hésité à jouer des coudes quitte à s'étrangler avec leur badge rose, blanc, pastillé ou non... Alors quand le journaliste se mue en groupie, il n'en ressort pas forcément grandi. Surtout que si l'argent ne dort jamais à Wall Street, on taira les noms de ceux qui ne s'en sont pas privés pendant la projection...
Et aussi
Coup double ?
*Lauréate du Prix d'interprétation féminine à Cannes en 2007 pour son rôle dans Secret Sunshine, la comédienne Jeon Do-Youn était restée deux ans sans tourner. La raison ? Un mariage, un accouchement et... « beaucoup de scénarii sans intérêts », selon elle. Il a fallu attendre que Im Sang-soo vienne la chercher pour The House Maid. Et on peut dire que c'est bien vu de la part de l'actrice, puisqu'elle est déjà annoncée comme une des favorites pour remporter cette même récompense...
Musique
*S'il s'agit bel et bien d'un Festival dédié au 7ème Art, Cannes n'en reste pas moins un rendez-vous incontournable pour les chanteurs de tous horizons. Alors que les présences de Mick Jagger et Lady Gaga sur la Croisette sont confirmées pour la semaine prochaine, c'est l'ex-membre du groupe de rock Oasis, Liam Gallagher qui a été aperçu, hier. Et ce n'est pas pour pousser la chansonnette que le frère de Noël est venu à Cannes. Celui-ci souhaite en effet réaliser un film sur les dernières années des Beatles. Une nouvelle pas vraiment surprenante quand on sait qu'on a souvent reproché au groupe Oasis de s'inspirer de la bande à John Lennon et Paul McCartney...
Internet : le mal ?
*Il avait surpris (et apeuré) son monde avec Ring en 1997. Hideo Nakata (absent lors de la présentation du film) se retrouvait une nouvelle fois sélectionné à Cannes, hier soir, avec son nouveau film d'horreur, Chatroom, présent à Un Certain Regard. Le film, porté par Aaron Johnson (le héros de Kick-Ass), suit l'histoire de William, un ado solitaire et perturbé qui passe son temps sur internet et décide d'ouvrir un forum de discussion pour les jeunes de sa ville. Celui-ci est déterminé à influencer son groupe sur son chatroom "à la vie, à la mort"... Alors le net, nouveau fléau du 21ème selon le cinéaste japonais ? Voilà ce qu'il en dit : « Par la communication virtuelle, Internet amplifie de façon spectaculaire les émotions négatives : l'anxiété, la peur, la haine et la colère. Il arrive même que certaines personnes se suicident ou tuent d'autres innocents. ». C'est une façon de voir les choses, mais l'homme a joint le geste à la parole, puisque son film se révèle être un thriller glauque habile et intelligent sur les dérives de la Toile. On ne voit plus Internet de la même manière après avoir vu Chatroom, c'est certain...
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