Bulletin du vendredi 14 mai 2010.
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En direct de Cannes. Avec leur légèreté, leur fraîcheur, leurs formes et leur glamour, les danseuses du New Burlesque à l’affiche de Tournée de Mathieu Amalric ont apporté un vent de folie et de charme bienvenu dans l’univers parfois frigide du Festival. Avec leurs noms venus d’ailleurs, leur frous-frous, leurs couleurs, les américaines Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Kitten On The Keys, Julie Atlas Muz et Evie Lovelle ont débarqué à Cannes pour présenter le premier film français en compétition officielle cette année. Et l'accueil a été plutôt bon...Les Films
Ils ont été projetés hier, et on ne parle plus que d'eux.
Tournée : Premier des dix-neuf films sélectionnés dans la compétition officielle, le nouveau film de Mathieu Amalric derrière la caméra a eu le mérite de lancer dans la bonne direction ce 63ème Festival de Cannes. Hommage réussi à l’univers particulier des strip-teaseuses américaines du New burlesque, Tournée permet au comédien français de gagner ses galons de metteur en scène puisqu'il livre un regard personnel, touchant et jamais vulgaire dans les coulisses de cette troupe méconnue de danseuses.
*Ses points forts : Sans tomber dans le piège du documentaire, cette fiction est portée avec brio par ses comédiennes amatrices à la fois charnelles, paumées et sensibles. Dans son rôle de producteur fragile et partagé entre sa vie personnelle en lambeaux, son amour pour ses danseuses et les galères financières de son travail, Mathieu Amalric a la sobriété et la retenue qu’il faut. Dans sa mise en scène, il joue la carte de l’économie des mots pour y préférer le langage du corps. Et c’est tout à son honneur.
*Ses points faibles : Tournée a les défauts de ses qualités. En mettant en vedette une troupe entière de danseuses, Mathieu Amalric se voit dans l’obligation de sacrifier des personnages secondaires dont on aurait voulu savoir un peu plus. On pourra également reprocher l’irruption finale d’une romance bancale et peu crédible entre le producteur et une des danseuses.
Rizhao Chongqing : Loin d’être un inconnu à Cannes où il a déjà remporté le Prix du Jury pour Shangai Dreams en 2005, Wang Xiaoshuai est venu présenter son nouveau film dans lequel on suit l'histoire de Lin, un capitaine de bateau, qui découvre après six mois passés en mer que son fils de 25 ans a été abattu mystérieusement par la police lors d’une prise d’otage qu'il a déclenchée...
*Ses points forts : Le choix de situer l’action de son film à Chongqing confère une ambiance sombre, lourde et pesante qui colle parfaitement à l’histoire que le cinéaste chinois nous raconte. Avec cette enquête en forme de puzzle d’un père à la recherche de son passé, Wang Xiaoshuai brouille habilement les pistes sur la prise d’otage du fils (acte de délinquance juvénile, absence paternelle, négligence d’une mère, etc...) et il ancre sa fiction dans une réalité d’aujourd’hui qui confronte intelligemment les générations (la vidéo reste le seul lien qui unit chacun des personnages).
*Ses points faibles : Le cinéaste a imposé une lenteur à son enquête en guise de chemin de croix, et le rythme de son film s’essouffle inexorablement à mi-parcours. En abordant les thèmes de la vérité, des relations père-fils, des valeurs perdues ou de la nostalgie, Wang Xiaoshuai perd parfois le fil conducteur de son histoire. Et c’est l’ennui qui guette chez le spectateur…
Aujourd'hui
Wall Street – Money Never Sleeps : Vingt-deux ans après la sortie du premier volet, Michael Douglas retrouve son personnage de Gordon Gekko et revient dans l'enfer de Wall Street sous la direction d'Oliver Stone. Shia Labeouf, Susan Sarandon, Josh Brolin, Carey Mulligan, Franck Langella et Eli Wallach complètent le casting d’un film qu’on espère à la hauteur du premier et qui devrait afficher l’une des montées des marches les plus en vue de Cannes.
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The House Maid : C’est la première fois que le cinéaste sud-coréen Im Sang-soo se rend à Cannes en compétition officielle. Il vient y présenter un remake d’un classique du cinéma coréen qui raconte l’irruption d’une servante dans la vie d’un couple et qui devient la maîtresse du mari. Ce film sulfureux permettra de retrouver l’actrice Jeon Do-yeon qui avait reçu le prix d’interprétation à Cannes en 2007 pour Secret Sunshine de Lee Chang-dong.
Entendu...
Bien entouré par ses actrices lors de la conférence de presse, Mathieu Amalric n’a pas manqué de bercer de louanges ses comédiennes amatrices qui illuminent son film. A tel point que, lors du tournage du film qui a suivi celui de Tournée, l’acteur a dû donner la réplique à plusieurs comédiens issus de la Comédie française. Mais tellement emballé par la performance des comédiennes de son film, voilà ce qu’il a fait : « J’ai décidé de montrer aux acteurs de la Comédie française mon film pour qu’ils voient ce que c’était d’être acteur ! » C'est dit...
Vu...
Certains journalistes sont prêts à tout pour poser une question en conférence de presse. Même quand ils n’ont pas vu le film... Mais il faut avouer qu’il y en a un qui s’est particulièrement distingué dans l’art de poser une question inutile lors de la conférence du film en compétition Rizhao Chongqing. Micro en main, il explique qu’en raison d’un problème de Visa, il a manqué la projection du film le matin. Il se tourne alors vers le réalisateur et lui demande : « Plusieurs journalistes m’ont dit que votre film était pas mal. Alors je voulais savoir ce que vous, vous pensiez de votre film ? ». En souriant, Wang Xiaoshuai s’est simplement contenté de répondre aux journalistes. « Vous avez sûrement plus confiance en mon film que moi... »
Et aussi
Longévité
*Le réalisateur portugais Manoel de Oliveira fait sans aucun doute figure de doyen dans le paysage cinématographique mondial. Habitué du Festival, il est revenu cette année présenter son dernier film L’étrange affaire Angelica dans la sélection Un Certain Regard. A bientôt 102 ans, respect...
Polémique
*Alors que son film Hors La Loi sera projeté vendredi prochain en sélection officielle du Festival de Cannes, Rachid Bouchareb a tenu à tempérer les rumeurs qui entourent son film, auquel certains reprochent déjà de falsifier l’Histoire et d'être « anti-Français ». Le cinéaste s’est alors exprimé dans une lettre envoyée aux organisateurs du Festival : « Depuis trois semaines, une polémique précède la présentation à Cannes de mon film Hors La Loi, alors que ceux qui participent à cette polémique n'ont pas vu le film [...] Attaché comme je le suis à la liberté d'expression, il me paraît normal que certains puissent être en désaccord avec mon film, mais je souhaite que ce désaccord s'exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d'idées ». En tout cas, il est certain que le cinéaste se serait bien épargné cette publicité, quatre ans seulement après avoir triomphé avec Indigènes dans ce même festival.
Jospin : de la politique au cinéma ?
*Surprise pour ceux qui assistaient, hier soir, à l'ouverture de la Semaine de la Critique, puisqu'un invité de marque s'était glissé dans les rangs. Son nom : Lionel Jospin. La raison ? L'ancien Premier ministre jouait les guest-star de luxe dans le film d'ouverture Au nom des gens réalisé par Michel Leclerc. Donnant la réplique à Sara Forestier et Jacques Gamblin, l'homme politique y tient son propre rôle et sa réplique « Aujourd'hui, les Jospinistes sont aussi rares que les canards mandarins à l'île de Ré ! » risque de rentrer dans les annales...
A noter également que pour l'ouverture de cette section parallèle, Au nom des gens se révèle être une comédie sociale savoureuse, cinglante, intelligente et drôle qui augure du bon pour les festivaliers dans la semaine à venir...
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