
Point final pour "Signes des temps". Nos confrères du "Point" révèlent que l'émission programmée le dimanche de 12h45 à 13h30 sur France Culture ne sera pas reconduite à la rentrée. La directrice de la station Émelie de Jong a annoncé la nouvelle en avril dernier au présentateur de ce rendez-vous hebdomadaire, Marc Weitzmann. Elle a mis en avant des audiences à la baisse pour justifier sa décision, tout en assumant un "choix éditorial" non dicté par l'audimat. "Pour autant, nos programmes doivent rencontrer nos publics. Et lorsque les dynamiques ne sont malheureusement pas au rendez-vous, notre responsabilité est de faire des arbitrages et de travailler à imaginer de nouvelles formules. Laisser s'abîmer des émissions qui ne rencontrent pas leur public, cela ne rend service à personne : ni aux auditeurs, ni au producteur, ni aux invités", explique la direction de la station, laquelle a constaté une diminution de l'écoute de 10% sur un an, alors que l'audience de France Culture progressait de 7% le dimanche, selon les chiffres Médiamétrie.
Pour l'animateur et producteur de "Signes du temps", cette décision a du mal a être digérée. "Je vois dans cette suppression le signe d'une polarisation croissante du débat public. Je remarque que la lettre collective en soutien à l'émission, envoyée à France Culture n'a reçu aucune réponse en dépit de l'évidente qualité des signataires", a réagi le journaliste et essayiste Mark Weitzmann, qui avait eu l'aval de l'ancienne patronne, Sandrine Treiner, pour mettre en place cette émission multi-thématique faite de débats sociétaux, en 2018. "L'idée pendant ces huit ans, a donc été d'essayer, une fois par semaine, en 45 minutes, de décrypter l'époque et le monde en organisant des discussions ouvertes sur des sujets d'actualité à travers les idées et la culture de la façon la plus directe que je pourrais, en évitant le jargon universitaire et les 'angles' trop journalistiques, sans céder pour autant à la vulgarisation facile, et bien sûr sans tenir compte des orthodoxies idéologiques de droite ou de gauche", résume-t-il, interloqué par cet arrêt brutal. "France Culture n'a pas jugé bon de continuer. La réunion au cours de laquelle cela m'a été annoncé, a été, disons 'sobre'", précise-t-il.
Le monde intellectuel français a déploré le choix de la direction de France Culture, et a essayé de faire entendre sa voix pour que le programme trouve une place dans la grille de la rentrée de septembre. Dans une lettre ouverte intitulée "Nous ne comprenons pas quels motifs ont pu déterminer l’arrêt de 'Signes des temps'" adressée à Émilie de Jong et Sibyle Veil que "Le Point" publie, de nombreuses personnalités dénoncent une décision "à la fois arbitraire et aberrante", avec parmi les signataires Emmanuel Carrère, Leïla Slimani, Maria Pourchet et Eva Illouz. Ceux-ci soulignent que "Signes des temps" est "l'un des fleurons de la radio publique, l'une de celles qui allient le mieux la plus grande exigence de rigueur intellectuelle et le regard le plus aigu sur l'actualité".
"Bon nombre des signataires de la tribune ont été invités ces dernières semaines ou derniers mois dans d'autres émissions de France Culture : des "Matins" aux "Midis de Culture", de "Répliques" à "Questions du soir", et bien d’autres", a indiqué la direction de France Culture à Puremédias. "De nouvelles émissions, incarnées par de nouveaux producteurs et de nouvelles productrices, verront le jour à la rentrée, avec une exigence toujours plus forte en matière de pluralisme. Car cet enjeu n'a, sans aucun doute, jamais été aussi important".