Il est le premier à remporter l'émission en France. Hier soir, TF1 a diffusé la finale de "Ninja Warrior", co-présentée par Denis Brogniart, Christophe Beaugrand et Iris Mittenaere. Pour la première fois, un candidat est parvenu à aller au bout de l'épreuve finale en franchissant la Tour des héros. Il s'agit de Jean Tezenas du Montcel, un candidat ayant participé aux quatre saisons de l'émission et ayant terminé premier l'année dernière, sans pour autant gagner "Ninja Warrior". Ce samedi, il se confie auprès de puremedias.com.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Qu'est-ce que ça vous fait d'être le premier candidat à remporter "Ninja Warrior" en France ?
Jean Tezenas du Montcel : C'est d'abord une vraie fierté de savoir que je suis le 7e au monde. En revanche, je ne réalise rien. Je suis dans mon monde. Sur le moment, ça m'a fait quelque chose. Deux jours après, je suis retourné dans ma vie (le tournage de la finale a eu lieu il y a trois mois, ndlr). C'est comme s'il ne s'était rien passé, même si j'ai cette victoire au fond de moi depuis trois mois. Je ne pouvais pas le dire à qui que ce soit. Personne n'était au courant. Donc, c'est une vraie fierté. Ca m'a apaisé.
Selon vous, qu'est-ce qui a fait la différence cette saison ?
Je ne saurais pas répondre à cette question. Je pense qu'il y a une part de chance. L'année dernière, j'ai gagné aussi, même si je n'ai pas pu finir. Physiquement, j'étais vraiment bien. Mais quand je suis tombé, c'était une petite erreur d'appréciation. J'ai mis la barre un peu trop loin. C'est juste que cette année, je n'ai pas fait d'erreurs. Depuis le début, c'était ça. Je pense que j'ai toujours eu les capacités physiques. Après, il y a aussi quelque chose. La corde de la Tour des héros était en 40 secondes cette année. J'ai fait 32 secondes et 4 centièmes. Ca ne se serait pas passé si c'était 30 secondes. (rires)
Vous parlez de chance, mais vous avez quand même réalisé quasiment à chaque étape les meilleurs temps. Avez-vous suivi une préparation physique particulière cette année ?
Ca va être un peu bizarre. Je ne me suis pas préparé spécifiquement. Ma vie pourrait constituer une préparation dans le sens où je fais du sport depuis toujours, à très haute intensité. Je ne sais pas faire du sport tranquille. A chaque fois que je démarre une séance de sport en souhaitant y aller tranquillement, je m'explose la tête (rires). Puis, il y a le fait que je fasse plusieurs sports. Je n'ai jamais été bon dans un sport. Je n'ai jamais été quelqu'un de fort. J'ai toujours été quelqu'un d'acceptable, mais jamais excellent. J'ai développé cette capacité à apprendre très vite des sports et donc, savoir me projeter sur à peu près n'importe quoi. Ce qui fait ma différence, ce n'est pas le physique. Physiquement, je me considère en-dessous de pas mal de mes concurrents. Je pense que c'est plutôt une histoire de mental.
Avant de franchir la Tour des héros, où il faut grimper à la corde en moins de 40 secondes pour remporter "Ninja Warrior", que s'est-il passé dans votre tête ?
J'ai cet état d'esprit de toujours penser à l'avenir, surtout dans ce genre de compétition. Quand je termine le dernier parcours avant la corde, je pose les pieds sur la plateforme et je me dis : "Ca y est, je suis enfin à la corde". Je suis satisfait. Puis, la seconde qui suit, je me dis : "J'espère que personne ne va y aller avec moi parce que je ne me suis jamais entrainé à la corde". Si quelqu'un se qualifie et qu'il est bon à la corde, je suis mort. (rires)
Avec cette victoire, vous remportez la somme de 100.000 euros. Savez-vous déjà ce que vous allez en faire ?
Oui. Je compte m'acheter un appartement. 100.000 euros, c'est pile la somme qui permet de réduire la taille du prêt. Je compte aussi donner une partie à une association. J'ai eu une époque où je donnais pas mal. Puis, ces dernières années, j'ai eu une vie où je n'ai pas trop donné aux autres. Aujourd'hui, je ne fais plus partie d'une association et je n'aide plus de manière ponctuelle les gens. J'ai donc cette occasion un peu unique de donner aux autres.
Durant cette saison, qu'est-ce qui a été pour vous le plus compliqué ?
La saison n'a pas été facile pour moi. J'avais fait une saison 3 que je juge vraiment extraordinaire. J'avais gagné les qualifs. J'avais battu le record de France de vitesse toutes qualifs confondues. J'avais gagné les demi-finales et battu le record de France des demi-finales toutes saisons confondues. J'avais fait le meilleur temps en finale sur le premier parcours et j'étais allé le plus loin sur la finale. Même si je n'avais pas réussi à atteindre la corde, sur la saison 3, je n'aurais pas pu rêver de faire plus. Mais je n'ai eu aucune reconnaissance sur cette saison 3. Quand j'ai terminé la saison, les journaux ont écrit qu'il n'y avait pas de gagnant. Alors que sur les saisons précédentes, il n'y avait pas officiellement de gagnants non plus, mais il était écrit dans la presse qu'il y avait des gagnants. Je l'ai assez mal vécu. C'est peut-être très égocentrique et très mal placé, mais je l'assume. C'est pour ça que je me suis dit cette saison que je pourrais avoir un peu de reconnaissance. Quand je suis arrivé cette année, je ne me faisais pas non plus d'illusion. Ce n'était pas possible de faire deux saisons où je gagne tout. J'ai passé l'année à me dire que je ne pourrai pas gagner deux saisons de suite. Il me fallait une chance hallucinante. En l'occurrence, je l'ai eue. Je n'aurais pas pu être aussi bon que l'année dernière. J'ai toujours pensé que j'allais rater. J'ai quand même été déçu de mes performances jusqu'à la fin, même si ça c'est bien fini.
Quel était le concurrent que vous craigniez le plus ?
Il n'y en a pas un. Ce jeu est trop aléatoire pour avoir un concurrent. Il y en a plusieurs qui me faisaient très peurs. Généralement, on va se méfier de ceux qu'on connaît et il y en a plein qu'on ne connaît pas et qui sont très forts. J'avais identifié Thomas Hubener et j'avais raison car il est allé jusqu'à la corde. Nicolas Cerquant, je savais qu'il était fort. Il m'a surpris car il est allé très vite. Il est sur-entraîné. Il fait énormément de "parkour ninja". Il y avait Rémi Samyn qui me faisait peur. Il fait partie de l'équipe de France d'escalade. C'est un gros avantage, en plus de son mental. J'avais plein de gens à craindre, mais il fallait que je me focalise uniquement sur mon parcours.
Regrettez-vous de ne pas avoir réussi à franchir le "Méga-mur" de 5 mètres 50 ?
Maintenant que j'ai gagné le jeu, je me dis que ce n'est pas si grave. Sur le moment, ça a été une déception énorme. En même temps, je n'y ai pas cru une seconde. C'est un obstacle qui est fait pour ceux qui font du "parkour". Ca ressemble à ce qu'on appelle un "passe-muraille". Il y a parmi les meilleurs qui font du "parkour" qui n'ont pas réussi à passer cet obstacle. Je pense que j'aurais pu y arriver si j'avais fermé ma main. J'ai un peu regretté de ne pas l'avoir fait. Je touche le haut du mur... Mais c'est impressionnant. Quand on arrive au pied du mur, on se dit que c'est impossible. Le fait d'y arriver presque, j'ai été très déçu. J'aurais peut-être dû y croire un peu plus.
Est-ce que l'année prochaine vous allez essayer de battre votre propre performance ?
Je ne sais pas si j'y retournerai. Je me pose la question. J'ai déjà vécu une belle aventure avec "Ninja Warrior". J'ai bien rigolé. Gagner deux fois, c'est déjà bien. Gagner trois fois, ça peut faire beaucoup. (rires)
Pourriez-vous participer à une autre émission d'obstacles ? France 2 va prochainement lancer son programme "La course des champions".
Je me suis posé la question. J'ai été contacté par "La course des champions" pour y participer. Ils ne savaient pas que j'avais fait "Ninja Warrior". La casteuse n'avait pas trop regardé. Bizarrement, quand on a participé à "Ninja Warrior", les autres émissions ne veulent pas trop qu'on participe à leur format. Quand j'ai dit à la personne que j'avais gagné "Ninja Warrior", elle m'a dit que c'était mort. Dans leur concept, ce sont des gens lambdas et qui n'ont jamais fait de la télé. Sur le moment, j'ai été un peu déçu parce que je trouvais ça marrant. J'avais vu les pubs aux Etats-Unis de cette émission. J'ai pu voir quelques petits passages de l'émission et les obstacles ne m'ont absolument pas attiré. Ce n'est pas assez dur pour être intéressant. Moi, j'aime bien les obstacles en suspension et en force. Les obstacles de "La course des champions" ne m'ont pas attiré. Je me suis dit que ce n'était finalement pas si grave de ne pas le faire.
Aimeriez-vous faire une émission d'aventure comme "Koh-Lanta" ? Plusieurs candidats de l'émission ont d'ailleurs participé à "Ninja Warrior".
Ca pourrait m'intéresser parce qu'on m'en a parlé. Je n'étais pas attiré par "Koh-Lanta" à l'origine. Je n'ai jamais regardé. Ce que j'en ai entendu parler, c'est un jeu de stratégie où il faut éliminer les gens de sa propre équipe. C'est un principe qui ne me plaît pas forcément. J'en ai parlé avec un participant de "Koh-Lanta", qui a fait "Ninja Warrior", Sébastien ("Koh-Lanta Cambodge" ndlr). Il était sympa ce mec-là. Il m'en a parlé tellement simplement en me disant que c'était un jeu comme "Le Loup-Garou". Et j'adore jouer au "Loup-Garou". (rires) Donc, je me suis dit : "Pourquoi pas". J'en ai parlé à une casteuse. Elle m'a dit que ce n'était pas possible. Les gens de "Koh-Lanta" ont le droit de venir dans "Ninja Warrior". Mais de "Ninja Warrior", on n'a pas le droit de venir dans "Koh-Lanta". C'est un peu décevant. Je suis un peu déçu qu'à "Ninja Warrior", on n'a pas le droit de faire autres choses, alors que tout le monde a le droit de faire "Ninja Warrior". Moi, ça m'intéressait de le faire après en avoir parlé avec Seb. Ca a l'air drôle et d'être un sérieux défi. C'est quelque chose où je ne suis pas forcément très bon. Tenir sur le long terme, en mangeant peu, c'est quelque chose que je ne connais pas. Quand je pratique des activités physiques, je mange toujours à ma faim. Donc, ça aurait été quelque chose de nouveau pour moi, où j'aurais pu repousser mes limites. Après, ce n'est pas très grave et je n'ai pas besoin de ça pour faire des expéditions qui sont sûrement beaucoup plus dures.
