Laurie Delhostal (France Info) : "Quand j'arrive au bureau, je ne suis pas une malade du cancer"

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Laurie Delhostal (France Info) : "Quand j'arrive au bureau, je ne suis pas une malade du cancer"
Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
"Le club info" sur France Info. © Radio France / Christophe Abramowitz
Aux commandes du "Club info" de France Info, Laurie Delhostal interrogera ce soir, dans la case du 21h-minuit, le président du Racing Club de Lens. La journaliste explique l'enjeu et se confie sur sa maladie dans un long entretien accordé à puremedias.com.

Changement de trajectoire. Depuis la rentrée, Laurie Delhostal, journaliste de sport à la carrière 100% télé - d'Orange Sport à Canal+ en passant par Amazon Prime Vidéo et la chaîne L'Équipe - a pris ses marques depuis la rentrée dans "Le club info" de France Info. Chaque dimanche soir, elle livre et analyse les résultats sportifs du week-end aux côtés de son partenaire d'antenne Victor Matet. Dans le carrefour 21h-minuit, ultra-concurrentiel dans le champ du sport.

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Ce dimanche 19 février 2023, le duo reçoit Franck Haise, entraîneur du Racing club de Lens. Pour puremedias.com, la journaliste s'épanche sur sa nouvelle mission à France Info, sa découverte de la radio et se confie sur le cancer dont elle est atteinte et sur lequel elle communique depuis plusieurs mois. En retrait de la chaîne L'Equipe depuis novembre 2022 en raison de sa maladie, Laurie Delhostal nous promet un retour sur le canal 21 "avant la fin de la saison".

Propos recueillis par Ludovic Galtier

Avec Victor Matet, vous recevrez Franck Haise, entraîneur du Racing club de Lens ce dimanche 19 février 2023 dans "Le club info" sur France Info. Pourquoi lui ?
C'est d'abord l'un des personnages de la Ligue 1 qui nous semblait important d'interviewer parce que cet invité prestigieux et emblématique correspond à l'ADN de l'émission. Il va de soi que nous évoquerons avec lui l'actualité du RC Lens (quatrième de Ligue 1 avant la 24e journée de championnat, ndlr) mais Franck Haise a bien d'autres choses à raconter. Il mise beaucoup sur les jeunes et son parcours n'a rien de classique. C'est cela notre intention dimanche : découvrir sa personnalité et son travail.

Comment travaillez-vous pour ne pas tomber dans le piège de la communication ultra verrouillée des clubs de Ligue 1 et du sport en général ?
Je trouve que ce qui est bloqué avec les clubs de Ligue 1 et ce qui demande un travail de longue haleine, c'est d'avoir des interviews. Ce n'est pas en deux secondes que l'on décroche l'interview d'un entraîneur de Ligue 1. C'est un travail de confiance qui se fait avec les attachés de presse. Mais très honnêtement, dès qu'un invité nous donne son accord, il ne nous demande plus rien après. Là par exemple, avec l'entraîneur du RC Lens, c'est moi qui ai sollicité l'attaché de presse pour que l'on discute avant au cas où des choses m'échapperaient. J'ai envie qu'il me raconte des choses que je ne sais pas. Honnêtement, je ne pense pas que l'on va me dire "Non, vous n'allez pas sur ce terrain-ci ou ce terrain là". Ce qui d'ailleurs peut être le cas sur des médias de sport.

Ils ont dit
"Je me fiche un peu des audiences"
Laurie Delhostal

C'est en cela, selon vous, que votre émission sur France Info se différencie de celles de RMC, dont le football est le terrain de jeu historique, et Europe 1 qui lui consacre toutes les soirées de sa grille...
La différence se fait naturellement. De prime abord, "Le club info", une émission de trois heures sur le sport, n'est pas dans l'ADN de France Info. Mais on s'y retrouve avec une dose d'info chaude, qui pour le coup est bien dans l'ADN de la station. Dans le même temps, nous essayons aussi de faire un petit pas de côté afin de parler de l'actualité du sport autrement. Sur les championnats du monde 2023 de ski alpin à Courchevel et Méribel par exemple, nous avons évidemment traité des résultats sportifs. Mais nous nous sommes aussi penchés sur l'approche RSE (responsabilité sociale et environnementale, ndlr) de ces championnats du monde, sur les efforts que les organisateurs essaient de faire pour réduire le bilan carbone de la compétition.

Êtes-vous satisfaite des audiences ?
J'ai été élevée à l'école Canal+, où on ne parlait jamais d'audiences. Je m'en fiche un peu. Je pense que c'est un sujet pour les chefs. S'ils ont quelque chose à nous dire dessus, ils le font. En l'occurrence, Jean-Philippe Baille (directeur de France Info, ndlr) ne nous a jamais parlé d'audiences d'autant plus qu'il s'agit d'un rendez-vous qui a besoin de s'installer compte tenu de tous les événements sportifs à venir : la Coupe du monde de rugby en France en 2023 et les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. De mon côté, je suis satisfaite de la qualité de l'émission. Je me dis toujours que j'ai envie de faire l'émission que j'ai envie d'écouter.

Ils ont dit
"La radio me faisait peur"
Laurie Delhostal

La radio est une première expérience en carrière pour vous. Comment l'avez-vous appréhendée ?
Avec beaucoup d'appréhension (rires). C'était pour moi une façon de sortir de ma zone de confort combinée à une envie de m'essayer à la radio. Après, pour être honnête, je me sens clairement très à l'aise en télévision dans chaque exercice. La radio, elle, me faisait peur. Et ca a été un changement assez important.

Qu'est-ce qui vous faisait le plus peur ?
C'est assez difficile d'expliquer à quel point c'est différent de travailler à la télévision ou à la radio. Tout le monde me disait : 'Tu verras, la radio c'est plus léger' parce que l'on ne doit pas gérer son image. Les préparations d'émissions sont effectivement plus légères, il y a moins de technique. Mais tout le timing de France Info, cette grosse machine qui fait que l'info revient toutes les dix minutes est assez lourde à gérer alors qu'en télé, on peut partir sur une interview, déborder un peu. Là on ne peut pas déborder. Dans le rythme de l'interview, c'est particulier. Et ça reste encore, quelques mois après, intimidant et perturbant pour moi.

Avez-vous particulièrement travaillé votre voix ?
Je continue à y prêter une attention particulière. Surtout, j'ai à coeur, par respect pour les auditeurs, de m'appliquer dans mon écriture et dans la manière dont je dis les choses. J'aime écrire et accorde beaucoup d'importance aux mots donc je n'aime pas improviser. Ce qui s'improvise se joue dans les interviews. L'écoute que l'on a de ce que dit la personne, et l'improvisation que l'on a par rapport à ça. On ne peut pas se contenter de lire les questions que l'on a écrite. On essaie toujours en tant que journaliste de rebondir sur ce que nous dit la personne. Ecrire le début de l'interview, les accroches, la fin, ça, ça reste très important en télé comme en radio.

Ils ont dit
"Le gros problème des femmes dans le journalisme de sport c'est qu'elles sont en extrême minorité"
Laurie Delhostal

Si les auditeurs de France Info vous découvrent cette saison en studio, vous avez parcouru le monde, notamment entre 2013 et 2016 quand Canal+ a récupéré les droits de la Formule 1 à TF1. Cela ne vous manque pas trop ?
Je suis parfois un peu nostalgique de la Formule 1. Après, je sais pourquoi j'ai arrêté tout ça. Vous savez, j'ai fait presque quinze ans de déplacement. Avant la F1, je commentais le handball (trois saisons sur Orange Sport, ndlr), je travaillais aussi sur le basket (pour Canal+). Je me sens toujours à l'aise dans un aéroport, je suis toujours contente de partir mais non ça ne me manque pas.

Canal+ célébrera dès début mars les 10 ans de présence de la F1 sur son antenne. Vous étiez dans l'équipe originelle. Quel regard portez-vous sur leur couverture éditoriale de la discipline et des sports mécaniques ?
Cumuler l'expertise et l'immersion comme ils le font est un modèle en France. Le jeu, dès le départ, c'était d'emmener dans un milieu aussi fermé que la F1 les téléspectateurs dans les garages, les petites pièces secrètes, là où normalement on ne va pas.

Vous êtes l'une des fondatrices et la présidente depuis 2021 du collectif Femmes journalistes de sport, qui avait appelé dans une tribune dans "Le Monde" à mettre un terme à l'infériorisation des femmes dans les rédactions sportives. Avez-vous été témoin ou touché personnellement par ce genre de choses là ?
Je l'ai beaucoup constaté. C'est parce que je n'avais pas été une victime meurtrie que je me suis saisie du sujet. J'avais d'ailleurs participé au documentaire de Marie Portolano ("Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste") pour témoigner du harcèlement que j'avais subi sur les réseaux sociaux.

Le gros problème des femmes dans le journalisme de sport c'est qu'elles sont en extrême minorité. Je pense que c'est une grande partie du problème. Quand on est en minorité, on est minorisées et discriminées. Les choses évoluent peu à peu : en ce moment, on est en train de faire signer une charte aux rédactions de sport en partenariat avec le ministère de l'Égalité entre les femmes et les hommes, la Diversité et l'Égalité des chances pour qu'elles s'engagent à accueillir plus de femmes journalistes dans leur rédaction. C'est quelque chose dont je suis hyper fière.

Ils ont dit
"La meilleure des réactions face au cancer, c'est de demander si ça va et de passer à autre chose"
Laurie Delhostal

Depuis plusieurs mois, vous communiquez sur votre cancer. C'était naturel pour vous d'en parler publiquement ?
C'est bizarre parce qu'à la fois, j'ai envie d'en parler et à la fois, je n'ai pas envie d'en parler. J'ai surtout envie de choisir la manière dont j'en parle. Est-ce que c'était naturel ? Non, pas du tout. D'instinct, je n'avais pas du tout envie d'en parler. Je suis plutôt de nature assez pudique et je pense d'ailleurs que c'était étonnant pour certaines personnes de mon entourage que j'en parle. C'est le fait d'en avoir parlé avec des gens qui n'en avaient pas parlé qui m'a convaincu d'en parler.

En fait, je trouvais qu'il y avait une zone un peu bizarre qui me mettait mal à l'aise et qui faisait que c'était plus simple de clarifier les choses. J'ai l'impression qu'en parler a fait du bien à plein de gens. C'était étrange. Si cela peut rendre le sujet du cancer moins tabou, tant mieux ! Pour moi, cela n'est pas tabou et il n'y a pas de raison que cela le soit.

Le cancer a-t-il affecté votre travail au quotidien ?
Non pas du tout ! Je suis hyper contente du soutien que j'ai eu. C'était absolument formidable d'avoir une direction qui vous dit : "Si tu as des coups de moins bien et que tu as besoin d'annuler ta présence à une émission, tu le fais évidemment quand tu veux". En fait, face au cancer, je crois que la meilleure des réactions, c'est de demander si ça va et de passer à autre chose, de ne pas en faire toute une affaire et normaliser les choses. Quand j'arrive au bureau, je ne suis pas une malade du cancer, je suis Laurie, journaliste qui vient faire son émission. C'est tout !

Ils ont dit
"Je reprendrai sur la chaîne L'Équipe avant la fin de la saison"
Laurie Delhostal

Vous avez cessé vos activités à la télévision, notamment sur la chaine L'Équipe. Avez-vous envisagé de tout arrêter ?
Non, pas du tout, c'est mon travail ! J'ai arrêté la télé pour une question d'image mais je vais reprendre bientôt sur la chaîne L'Équipe.

Vous avez une idée de la date ?
Dans ma tête oui ! Mais je ne leur ai pas dit encore (rires). On a commencé à discuter, je suis retournée les voir et je reprendrai avant la fin de la saison, c'est sûr !

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