Mathieu Vergne : "Pourquoi j'ai quitté TF1 pour m'associer avec Anne Marcassus"

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Mathieu Vergne : "Pourquoi j'ai quitté TF1 pour m'associer avec Anne Marcassus"
Par Kevin Boucher Rédacteur
Chef de la rubrique audiences, Kevin Boucher est diplômé de lettres modernes et de sciences du langage. Passionné de télévision, de séries, de littérature et de cinéma.
Mathieu Vergne
Mathieu Vergne © Yves Maillet
Après six ans chez TF1, dont trois en tant que directeur des programmes de flux, Mathieu Vergne retourne à la production, en devenant associé au sein de la société d'Anne Marcassus.

Changement à la tête des programmes de flux de TF1. En poste depuis trois ans, après avoir officié en tant que directeur des jeux, variétés et divertissements, Mathieu Vergne a décidé de revenir à la production. Pour ce faire, celui à qui l'on doit les succès de "The Voice", "Danse avec les stars" et autres "Quotidien" s'est associé à Anne Marcassus au sein de DMLSTV. puremedias.com s'est entretenu avec Mathieu Vergne afin d'évoquer cette nouvelle aventure et son bilan au sein du groupe TF1.

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Propos recueillis par Kevin Boucher.

puremedias.com : Vous avez quitté votre poste de directeur des programmes de flux chez TF1 pour devenir associé chez DMLSTV. Pourquoi ce choix ?
Mathieu Vergne : J'ai commencé par de la production pendant une dizaine d'années, en produisant "Star Academy", "Loft Story", "La Ferme Célébrités" ou encore "Fort Boyard". C'étaient un peu mes premières amours. J'ai vécu ensuite une expérience très enrichissante à TF1 ces dernières années avec des programmes passionnants tels que "The Voice", "Danse avec les stars", "Koh-Lanta", "Miss France", "Les Enfoirés", "NRJ Music Awards"... J'ai appris beaucoup de choses pendant ces années, où j'ai vu l'autre côté du métier, et adoré travailler avec les équipes. Mais je savais qu'à un moment je referais de la production et, à 40 ans, je trouvais que c'était le moment. C'est un peu l'opportunité de m'associer avec Anne Marcassus, une des rares femmes de ce métier avec une énorme expérience, qui a fini de m'aider à prendre cette décision.

Vous êtes associé à parts égales avec Anne Marcassus ?
Auparavant, Anne était associée avec Jean-Yves de Linares, à 70/30. J'ai donc racheté les parts de Jean-Yves de Linares et Anne m'a apporté 20% de ses parts, donc nous sommes effectivement à 50/50. C'est à mon sens la bonne base d'une belle association.

Ils ont dit
"Ce qui m'intéresse chez DMLSTV est d'aller au-delà des émissions de variétés traditionnelles."
Mathieu Vergne

Votre arrivée rime-t-elle avec une évolution des productions ? DMLSTV est habituée au divertissement, notamment musical, un genre en perte de vitesse.
Outre l'envie de refaire de la production, j'avais envie de travailler avec Anne Marcassus et ses équipes. Cette boîte de prod, c'est un peu la maison des artistes. N'ayant pas accès aux gros formats, mais ayant un contact privilégié avec les artistes, ce qui m'intéresse chez DMLSTV est d'aller au-delà des émissions de variétés traditionnelles. Il y a aussi des opportunités de plus en plus grandes de travailler avec des nouveaux acteurs comme Amazon et Netflix qui sont très excitantes. Enfin, il faut faire l'intermédiaire entre les envies des artistes et les émissions de télévisions. Donc soit leur proposer des choses sur lesquelles on travaille ou simplement les écouter et transformer leurs idées en émissions à présenter aux chaînes.

DMLSTV fait partie des sociétés un peu "artisanales", loin des mastodontes que sont EndemolShine ou FremantleMedia par exemple. L'ambition à terme est d'arriver à leur niveau ou de consolider la position actuelle ?
Ce que je me fixe comme objectif avec Anne est surtout de créer des programmes un peu plus récurrents. Actuellement, DMLSTV est une référence dans les grands événements. Donc le premier objectif est de créer une émission à récurrence mensuelle, hebdomadaire ou encore mieux, quotidienne. En revanche, devenir aussi gros que les blockbusters, ce n'est pas du tout le but. Plus une boîte grossit, plus elle devient impersonnelle. Et nous souhaitons rester une boîte familiale avec un esprit très familial qu'a toujours entretenu Anne depuis vingt ans. Ce n'est pas une critique contre les autres sociétés mais nous avons moins d'impératifs et plus de libertés, étant seuls décisionnaires.

Dans les programmes de DMLSTV, il y a Les Enfoirés - qui n'apporte aucun bénéfice financier à la société. C'est un contrat qui est amené à être renouvelé ?
Cela fait très longtemps qu'Anne travaille sur le spectacle, dont elle est même devenue directrice artistique. Elle y travaille toute l'année avec les équipes de DMLSTV. C'est notre contribution à cette belle oeuvre et c'est amené à rester comme cela.

Parmi les autres programmes, quels sont les projets à court terme ?
Nous venons de faire "Gare au Garou" (France 2), "Johnny, toute la musique qu'ils aiment" (TF1) ou encore "Goldman, 40 ans de chansons" (TF1) - certains avant mon arrivée. Chacune a une modernité et une originalité, et c'est ce que j'aime notamment dans cette société de production. Dans les dernières émissions, comme la spéciale Grégory Lemarchal, la spéciale M. Pokora ou encore "Merci Renaud", qui ont été de beaux succès, il y a toujours des éléments nouveaux.
Sur la spéciale Johnny Hallyday, c'est passé par la narration puisque c'était un documentaire sur ses chansons, entrecoupé de reprises des titres en question. Elle n'a pas rencontré un énorme à succès à ce moment-là, pour plein de raisons, mais cela n'empêche pas que l'émission était très bien faite.
Quant à "Gare au Garou", on voulait avec Garou et France 2 avoir une émission qui ressemblait à ce que pouvaient faire les Carpentier, où les artistes s'amusaient entre eux. Comme c'est très difficile en télévision d'être totalement prêt dès la première, il y avait encore beaucoup de choses à améliorer et nous espérons que France 2 nous donnera la chance d'en refaire, d'autant plus que nous étions dans une case difficile avec un pari osé. Les artistes étaient heureux à la sortie du tournage.

Ils ont dit
"L'une de mes grandes fiertés sur la TNT est d'avoir réussi à faire venir Yann Barthès et Laurent Bon avec 'Quotidien' sur TMC."
Mathieu Vergne

Revenons sur votre passage à TF1. Quel bilan tirez-vous de ces six ans ?
Il y a plusieurs choses, à commencer par les grands formats que nous avons mis à l'antenne et dont l'une des principales missions était de les faire durer au fil des ans. Cela a été le cas pour "The Voice" qui a certes chuté depuis la première mais reste à un excellent niveau. Idem pour "Koh-Lanta" ou "Danse avec les stars", même s'il y a eu une petite chute pour le programme cette année. Ces programmes sont devenus des grands rendez-vous. Une autre mission était d'en lancer d'autres à l'instar de "Ninja Warrior", où la saison 2 a été plus suivie que la première. Et j'ai été très content aussi d'avoir fait des grands événements comme le concert de Patrick Bruel, celui de "Stars 80" ou encore le spectacle de Jeff Panacloc, qui n'était pas encore la star qu'il est maintenant quand on l'a signé. On a aussi beaucoup travaillé avec Arthur sur ses divers projets. Pouvoir tenter tout cela m'a plu.

Enfin, l'une de mes grandes fiertés sur la TNT est d'avoir réussi à faire venir Yann Barthès et Laurent Bon avec "Quotidien" sur TMC, d'avoir travaillé et appris avec eux pendant un an et demi et de les avoir accompagnés le mieux possible pour qu'ils se sentent comme dans des chaussons sur TMC. C'était au début un énorme pari, de leur part comme de la nôtre, de passer de Canal+ à TMC. Aujourd'hui, personne ne peut dire que ce n'est pas un grand succès. De notre côté, nous y croyions fort et nous savions que leur talent allait éclabousser la chaîne et lui donner une nouvelle image.

Travailler avec plusieurs équipes, que ce soit Nonce Paolini et Jean-François Lancellier ou Gilles Pélisson et Ara Aprikian, a toujours été très enrichissant. Et là, Gilles, Ara et Fabrice Bailly ont été très à l'écoute de mon projet professionnel et je les en remercie. C'était une très belle aventure. Ce qui était fort à TF1 était de travailler sur de super programmes et de garder le statut de leader, en réunissant des gens qui sont très différents. C'est beaucoup de pression mais c'est très intéressant que cela fonctionne.

L'été dernier a été marqué par une petite révolution puisque l'access prime time, jusqu'ici réservé aux programmes de flux et de manière quasi-exclusive aux jeux, a vu l'arrivée d'une fiction : "Demain nous appartient". Comment l'avez-vous vécue ? Cela a-t-il participé ou accéléré votre envie de départ ?
Non, non. C'est la vie d'une chaîne de prendre ce genre de pari et je n'étais pas dans la compétition numéraire de savoir si j'avais plus ou moins d'heures de flux. Ce qui était mon moteur au jour le jour était de faire passer les projets que je jugeais bons et, une fois qu'ils étaient acceptés en interne, de faire qu'ils rencontrent leur public. Je trouvais que c'était un très bon pari de faire cette fiction et nous n'avions pas, à ce moment-là, de programme qui cartonnait véritablement. J'étais déçu pour les jeux qui étaient dans cette case car c'étaient de bons programmes. Mais non, cela n'a pas du tout joué sur mon envie de partir.

Enfin, comment abordez-vous vos nouvelles relations avec TF1, à qui vous allez désormais devoir vendre des programmes ?
C'est vrai que c'est très différent de passer du client au fournisseur. Quand on est client, les producteurs doivent venir nous séduire avec leurs projets et faire qu'on achète leurs émissions. Là, il va falloir faire l'inverse. Cela demande de changer vraiment de rapport. Mais j'ai l'impression d'avoir vu pendant six ans énormément de projets et de façon de les vendre. Ma force est de savoir ce que le diffuseur attend du producteur, de savoir me mettre à leur place et de pouvoir leur proposer des projets qui répondent à leurs problématiques. Avec TF1, cela a commencé un petit peu et c'est intéressant d'être en face. J'ai le sentiment de savoir ce qu'ils attendent et ainsi de pouvoir proposer des choses en adéquation. Mais ce qui m'intéresse aussi est d'aller voir des chaînes que je connais moins mais que j'ai beaucoup observées, pour pouvoir faire des programmes à succès sur M6, France Télévisions, Canal+... Et c'est ce qui pouvait parfois être frustrant à TF1 : je pouvais avoir des idées mais pas la possibilité de les mettre en oeuvre puisqu'elles ne correspondaient pas à la chaîne. Là, chaque programme que j'imagine peut être imaginé pour une antenne et le champ d'action est ainsi beaucoup plus large.

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