Vous pensez que le cinéma français est ennuyeux et nombriliste ? Vous pensez que le cinéma américain nous est bien supérieur en terme de spectacle et de divertissement ? Eh bien faites table rase des préjugés et découvrez ou redécouvrez ce petit bijou signé Henri Verneuil en 1962, qui allie humour, panache, glamour et générosité. Une réussite totale qui fait la fierté de notre cinéma.
L'ouverture commence sur Jean Gabin, marchant dans la rue, accompagné de la musique de Michel Magne, une musique magnifique qui fout la banane et nous met de suite dans l'action. On découvre par la suite les desseins du personnage de Gabin : pour couler une retraite dorée, il projette un casse au Casino de Cannes et demande à Francis (Alain Delon), petite frappe turbulente, de l'aider. Eh oui, on avait déjà quarante ans d'avance sur Steven Soderbergh et Ocean's Eleven !
« Quand tu parles fermement avec un calibre en pogne, personne ne conteste. Y’a des statistiques là-dessus. »
Verneuil a toujours fait partie des très grands, et bien qu'il n'ait jamais eu la carte auprès des Cahiers du cinéma et de la Nouvelle Vague, il a toujours ravi le public. Traité de cinéaste commercial, impersonnel et vendu au producteur, Verneuil avait pourtant le respect du public en proposant des films chiadés, remarquablement éclairés et mis en scène, ce genre de mise en scène élégante, chic, et enlevée.
L'autre réussite est la plume de Michel Audiard. Elle fait encore une fois merveille et offre un amour de dialogues. « Un jour, c'est ton père et moi que tu tueras. De chagrin ! - Et bien, comme ça, on retrouvera pas l'arme du crime », ou encore « Dans les situations tendues, quand tu parles fermement avec un calibre en pogne, personne ne conteste. Y’a des statistiques là-dessus ».
Les répliques sont sublimées par la plus grande réussite du film : le duo Gabin-Delon. Le premier est un acteur de légende, ultra-charismatique, un acteur à gueule qui passe le relais symbolique à un Alain Delon tout aussi magistral. D'une beautés scandaleuse et d'un charme félin, il reste la dernière star du cinéma français.
Franchement, sans être chauvin, que vaut le duo Clooney-Pitt face à ça ? Mélodie en sous-sol est un bonheur de tous les instants, un régal qu'on se repasse en boucle tout en se frottant les yeux : oui, oui, on a bien fait ce genre de films en France.
