

Actuellement, elle est l’une des femmes fortes de France Télévisions. Chaque soir, en direct du lundi au vendredi, Anne-Élisabeth Lemoine brille dans "C à vous", l’un des talk-shows les plus regardés en access prime time. Avant d’être à la tête de cette émission populaire, depuis septembre 2017, la journaliste a commencé sa carrière dans le service des sports d’un quotidien régional, "Nord Éclair". Elle débarque ensuite à la radio, sur RMC, en tant que chroniqueuse. Mais elle n’est pas chargée de couvrir le sport : "On m'a collé les sujets santé parce que j'étais une bonne femme, confie-t-elle dans un entretien au journal "L’Équipe", publié ce jeudi 17 avril.
Pourtant, elle aurait adoré assurer les commentaires d’une rencontre sportive "avec notamment Vincent Alix et Jano Rességuié" : "J'écoutais leur multiplex chaque samedi soir et cela me rendait hystérique. Je rêvais de hurler "buuut !" au micro. Il n'y a rien de plus difficile que de décrire un match, de le faire vivre, de faire passer l'émotion. Je trouvais ça tellement classe", se souvient-elle. Mais l’animatrice de France 5 n’a jamais demandé à essayer : "C'était les années 1990, aucune femme ne commentait, donc ce n'était même pas une option", explique-t-elle. Avant d’admettre que cette situation lui convenait : "Après, cela m'allait très bien, je suis une bonne pâte. Il n'y avait pas de rébellion, j'aurais peut-être dû... C'était acquis pour tout le monde qu'une voix de femme qui gueule "but", ce n'est pas possible, qu'on monte trop dans les aigus, que je n'y connaissais rien...", regrette-t-elle. Et de lancer : "Ce qui n'était pas faux. Mais on peut se former, apprendre, comme dans n'importe quel domaine."
Interrogé par le journaliste Sacha Nokovitch sur un de ses reportages sur Bixente Lizarazu dans l'émission "On ne peut pas plaire à tout le monde" sur France 3 aux débuts des années 2000 où elle insistait sur le "côté sexy" du champion du monde 98, la principale intéressée se défend. "Eh bien c'est nul !, lâche-t-elle. Je ne le ferais pas aujourd'hui. Cela me mettait dans le rôle d'une midinette débile. Même s'il y avait beaucoup d'humour, que lui en jouait évidemment, c'était on ne peut plus cliché. Si un journaliste avait fait la même chose avec une championne, on rediffuserait l'archive en disant "regardez ce sexisme, cette misogynie". À l'époque, personne ne s'était posé la question mais aujourd'hui, je suis bien contente que tout le monde fasse son propre examen de conscience.