Il était normal de rendre hommage à Henri-Georges Clouzot. Il fut l'inspirateur de deux grands cinéastes qui nous ont quitté dernièrement : Alain Corneau et Claude Chabrol. Quai des orfèvres fait partie des classiques du cinéma français. Un incontournable.
Clouzot a donné ses lettres de noblesse au film noir et au cinéma français. Melville, Deray, Chabrol, Lautner, Verneuil, Corneau, Marchal, ils lui doivent tous quelque chose. Le cinéma français regorge de grands cinéastes de films policiers et qui ont inspiré les grands cinéastes américains (Michael Mann et [personnalite_ozap%]Jon Woo[/personnalite_ozap%] citent Melville comme référence, par exemple). Clouzot a marqué son époque et a lui aussi inspiré le cinéma mondial. Avec ce film-là, entre autres.
Un polar rusé
Dans le Paris de l'après-guerre, la jeune chanteuse Jenny Lamour fait parfois usage de ses charmes, notamment auprès d'un vieillard libidineux influent, un certain Brignon, pour se faire une place dans le milieu du music-hall. Son mari, un brave type, Maurice Martineau, profère par jalousie des menaces de mort envers le septuagénaire, qui est retrouvé assassiné peu après.
Quai des orfèvres est un polar rusé, tendu, efficace, sublime, et servi par des acteurs géniaux et inspirés. Bertrand Blier tient l'un de ses plus grands rôles, jouant un personnage jaloux et possessif, ambigu et malsain. On peut en dire autant de Suzy Delair, admirable, et de Simone Renant, jouant une photographe mystérieuse et secrète.
Louis Jouvet au top
Mais la star du film s'appelle Louis Jouvet. Flic goguenard et tatillon, sournois et malicieux, un peu rustre mais aussi sensible et attachant, il irradie ce film de sa classe et de son élégance. Son phrasé, sa gouaille, sa mesquinerie font merveille. Une véritable composition, qui classe Jouvet comme l'un des tous meilleurs acteurs français de cette époque, avec Jean Gabin et Michel Simon.
La mise en scène de Clouzot est bien sûr à saluer, tranchante, sans temps mort, au cordeau. On suit le film avec un plaisir certain et on est ravi de retrouver le grand cinéma français de qualité, décrié par la Nouvelle Vague. L'intrigue est aussi efficace que sa mise en scène, mais n'en disons pas plus, pour ne pas frustrer le spectateur. Vous n'êtes simplement pas au bout de vos peines.