

1997-2025. Le sort de Mouv', station à la programmation rap et hip-hop du groupe Radio France maintes fois menacée, est scellé. En tout cas pour ce qui est de la bande FM. L'antenne, écoutée en moyenne par 276.000 auditeurs entre janvier et mars 2025, fermera "à compter de la prochaine rentrée radio", a annoncé Sibyle Veil, présidente du groupe public dans un courrier interne relayé par l'AFP ce lundi 28 avril.
La marque poursuivra désormais son existence exclusivement sur le numérique, la trentaine de fréquences de la station sera rendue à l'Arcom d'ici cet été. "Mouv' a vocation à se centrer sur une offre 100% musicale 100% digitale", affirme la dirigeante. Et de justifier : Mouv' est "notre radio la plus impactée car elle se trouve à la rencontre de deux évolutions majeures" : la baisse d'écoute par les jeunes de la radio en général, et des radios musicales en particulier.
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Pour autant, note Sibyle Veil, "l'écoute de la musique n'a pas disparu, elle a basculé vers le numérique (webradios, plateformes, ndlr)", argumente-t-elle, en notant que "chez les 15-24 ans, 9% de l'écoute de musique se fait à la radio, contre plus de 80% en streaming audio ou vidéo". Sibyle Veil entend donc proposer une offre musicale aux adolescents et jeunes adultes là où ils se trouvent. Le 25 avril dernier, après un CSE (comité social et économique) extraordinaire où le projet avait été évoqué, les syndicats avaient dénoncé "la suppression pure et simple de Mouv'".
"Des évolutions" seront proposées aux salariés permanents de Mouv' au sein des autres radios du groupe public, promet la direction. Plusieurs rendez-vous ou animateurs pourraient atterrir à France Inter ou Info, des stations qui comptent un public jeune plus important que celui de Mouv’ actuellement, note "Libération". Mais, d'après le SNJ-CGT, "le sort des équipes de titulaires (35 suppressions de postes malgré les reclassements !) et de précaires de Mouv’ (31 salariés dont les contrats risquent de ne pas être renouvelés) doit concerner chacun d’entre nous. Les risques psychosociaux sont déjà perceptibles", a écrit le syndicat dans un communiqué intitulé "Radio France sacrifie sa radio jeune" ce lundi.
Sur le plan éditorial, le même syndicat ne décolère pas. "Il faut prononcer les mots : c’est bien la fin de Mouv’ qui est officialisée dans la brutalité et la précipitation. Fin : parce qu’une radio nationale sans journaux ni émissions, sans équipe et sans moyens n’est plus qu’une coquille vide. Un simple fil musical sur internet n’est pas une antenne de service public", affirme-t-il.
"Symboliquement abandonner Mouv’, c’est abandonner la jeunesse. À l’heure du populisme et de la désinformation, ne plus offrir de contenu spécifique de service public à nos jeunes auditeurs, dans toute leur diversité, est une décision gravissime et irresponsable. Cette fermeture est en totale contradiction avec le discours de la direction et du gouvernement en matière d’éducation aux médias".
Cette bascule sur le numérique s'inscrit dans les restrictions budgétaires de 23,9 millions d'euros demandées par le gouvernement à Radio France début 2025. Le groupe espère économiser 6 millions d'euros par an avec ce projet de conversion de Mouv' sur le numérique.
En parallèle, Sibyle Veil a annoncé vouloir créer "la première radio de service public pour enfants", qu'elle voit comme "une mission de service public". "Les équipes de France Inter, en pointe sur les contenus jeunesse depuis 2018, ont été missionnées pour y travailler", précise-t-elle. Cette future radio émettra en DAB+, l'équivalent en radio de la TNT (télévision numérique terrestre), qui remplacera à terme la FM. Son nom n'a pas encore été annoncé.