
Une intervention "ferme". L'Arcom est intervenue auprès d'Europe 1, a-t-elle annoncé ce mercredi 21 mai 2025 dans un communiqué, après avoir été alertée au sujet d'un extrait diffusé dans "On marche sur la tête", l'émission animée chaque jour par Cyril Hanouna de 16h à 18h. Dans cette séquence qui date du 11 novembre 2024, repérée puis disséquée sur X (anciennement Twitter) par l'éditorialiste de "Quotidien" Jean-Michel Aphatie, on entend l'animateur qui quittera la station le mois prochain, passer la parole à un certain "Stéphane de Vendée" dans le cadre d'un débat autour des attaques antisémites survenues à Amsterdam le 7 novembre 2024, après un match de Ligue Europa entre le Maccabi Tel-Aviv et l'Ajax.
L'auditeur invité a alors établi – avec le soutien de Cyril Hanouna – qu'un "terreau arabo-musulman, travaillé par une propagande islamiste, est aussi un terreau électoral pour l'extrême gauche et La France insoumise qui l'utilisent sans vergogne et renouent avec une vieille tradition". "L'antisémitisme au XIXe siècle est d'abord de gauche", avait-t-il insisté avant de qualifier de "scandale absolu" le fait que "la gauche républicaine" n'ait "eu aucun problème à s’allier avec ces gens-là, à les faire élire".
Cyril Hanouna a consenti à en dire plus sur le profil de son interlocuteur... après plus de deux minutes d'intervention. "Stéphane, je tiens à dire que vous connaissez ce que vous dites, puisque vous êtes ancien député européen. Vous parlez de ce que vous vous connaissez", a assuré l'animateur sans préciser sa couleur politique. Or, avait repéré Jean-Michel Aphatie, "Stéphane Buffetaud a siégé à Bruxelles de 1997 à 1999 sous l’étiquette du Mouvement pour la France (MPF), groupuscule présidé par Philippe de Villiers", lui-même tête d'affiche de la grille de CNews, chaîne du groupe Bolloré comme Europe 1.
Et ce n'est que près de dix minutes après le début de son propos que l'auditeur d'Europe 1 apprendra de la bouche de Stéphane qu'en plus d'avoir officié à Bruxelles à la fin du XXe siècle, il a aussi été candidat, "soutenu par le Rassemblement national", dans la 5e circonscription de Vendée aux législatives anticipées de l'été 2024 et chroniqueur à "Boulevard Voltaire", journal classé à l'extrême droite – pour lequel travaille Gabrielle Cluzel, invitée régulières des émissions de CNews – dont Cyril Hanouna dit apprécier la ligne éditoriale.
De ce fait, "l'Arcom a considéré que la présentation de cet auditeur par son seul prénom alors qu’il est une personnalité politique ayant exercé un mandat électif, notamment candidat aux dernières élections législatives, ne satisfaisait pas aux obligations issues de l’article 1er de la délibération du 18 avril 2018", écrit le gendarme de l'audiovisuel.
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L'Arcom "a relevé que le caractère engagé de ses déclarations impliquait d’autant plus que sa qualité soit clairement indiquée aux auditeurs, afin qu’ils puissent être en mesure de contextualiser son argumentaire. Les précisions tardives relatives aux fonctions occupées par cet intervenant, à son initiative et non à celle de l’animateur, ne sauraient modifier ce constat", a-t-elle ajouté.
Avant de conclure : "En conséquence, l’Autorité a estimé qu’un manquement de la station aux exigences d’honnêteté et de rigueur qui lui incombent dans la présentation de l’information était caractérisé et lui a fermement demandé de veiller, à l’avenir, à leur respect." Europe 1 avait déjà été épinglée pour "manque de "mesure et d'honnêteté" par l'Arcom l'été dernier, quelques jours à peine après le lancement de l'émission de Cyril Hanouna.