Les femmes veulent leur "Grande Boucle". C'est en substance le message adressée à Christian Prudhomme, le patron du Tour de France, par la journaliste et cycliste américaine Kathryn Bertine. La jeune femme a décidé de mettre en ligne une pétition qui a pour l'instant recueilli près de 13.600 signatures, comme le relate Slate.fr.
Selon cette cycliste de haut niveau également journaliste de la chaîne de sport américaine à destination des femmes, ESPNW, le Tour de France est injustement depuis 100 ans une course exclusivement masculine. Kathryn Bertine rappelle aussi l'existence de 1984 et 2009 de "La Grande Boucle féminine internationale". Cet équivalent féminin du Tour a manqué selon elle de couverture médiatique et de sponsors. Plus généralement, le cyclisme est pour Kathryn Bertine l'un des sports où les inégalités homme-femme sont les plus fortes. Elle constate ainsi que le vélo féminin offre "moins d'opportunités de courir, pas de couverture télévisée, des distances plus courtes et par conséquent des inégalités en termes de salaires et de prix remportés".
"Idée fausse"
Soutenue dans sa démarche par la championne britannique de cyclisme Emma Pooley, la jeune femme ne réclame pas à ASO, la filière du groupe Amaury organisatrice du Tour de France, de créer une même épreuve où se mélangeraient hommes et femmes. Elle propose plutôt de mettre en place, au même moment que la course des hommes, une épreuve exclusivement féminine avec les mêmes étapes mais des points de départ et d'arrivée légèrement différents.
Si elle veut avoir gain de cause, Kathryn Bertine devra convaincre l'Union cycliste international (UCI) de changer les règles s'appliquant au cyclisme féminin. Car l'institution limite pour l'instant la distance maximale autorisée pour les femmes à 140 kilomètres par jour contre 240 à 280 kilomètres pour les hommes. Kathryn Bertine remet déjà en cause cette réglementation et considère d'ailleurs que la création d'un Tour de France féminin donnera l'occasion de briser le mythe des "limites" physiques des athlètes féminins. La jeune femme rappelle qu'à la fin des années 1960, "les gens pensaient que les femmes ne pouvaient pas courir le marathon. Trente ans après, on peut se rendre compte à quel point cette idée était fausse".