Gilles Marini : "Je suis le produit des Américains"

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Gilles Marini : "Je suis le produit des Américains"
Par Charles Decant Rédacteur en chef

Rédacteur en chef de puremedias.com, Charles Decant est diplômé de Sciences Po Paris. Après un passage chez Universal Music, il a rejoint l'aventure puremedias.com en 2007 et se spécialise notamment dans...

Gilles Marini
Gilles Marini © Abaca
Maître de cérémonie du Festival de Télévision de Monte-Carlo, le Français Gilles Marini revient pour puremedias.com sur son succès aux Etats-Unis, cette fameuse scène de la douche dans "Sex and the City, le film" et... sa première fois !

De notre envoyé spécial à Monaco, Charles Decant.

Il y a cinq ans, personne ou presque ne connaissait Gilles Marini. Aujourd'hui, le comédien français enchaîne les tournages aux Etats-Unis et il est cette semaine l'un des nombreux invités du Festival de Télévision de Monte-Carlo. Il y tiendra même un rôle majeur puisqu'il présidera jeudi soir la cérémonie des Nymphes d'or, où est récompensé le meilleur de la télévision internationale. Pour puremedias.com, Gilles Marini évoque son enfance en France, son arrivée aux Etats-Unis, la fameuse scène de nu de "Sex and the City, le film" qui a changé sa vie, sa carrière qui a décollé depuis et... sa première fois !

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"Les femmes m'ont sauvé !"

Vous avez grandi dans le Sud de la France, dans un quartier difficile, c'est bien ça ?

J'ai grandi dans un vieux quartier de Cannes, Le Suquet. En fait, dans les années 80 et 90, la drogue qui circulait là-bas, c'était l'héroïne. Je n'en ai jamais pris, mais il y avait beaucoup de maladies, le sida était présent à cause du partage des seringues... Et il y avait de la violence, c'était difficile. J'ai des membres de ma famille ou de mon entourage qui sont tombés dans la drogue et le trafic. Mais je me suis battu. Je crois aussi que les femmes m'ont sauvé.

Dans quel sens ?

A 14 ans je passais déjà du temps avec elles, à 15 ans j'ai quitté le domicile familial parce que je travaille depuis que j'ai 6 ans. Tout ça m'a vraiment aidé à me concentrer sur d'autres choses. Et les femmes aussi... Qu'y a-t-il de meilleur que le sexe quand on a 16 ou 17 ans ? Aucune drogue n'arrive à la hauteur de ça. Mais aujourd'hui, je ne sais pas ce que je pourrais dire à mes enfants à part "La drogue, c'est mal !". Je n'ai aucune expérience sur le sujet...

Vous allez leur conseiller d'avoir des relations sexuelles avant 15 ans ?

(Rires) Euh... Non ! Mais je vois mon fils, il a 13 ans et il regarde les femmes de manière différente. Pour ma part j'avais... (il chuchotte) 12 ans je crois. En Corse. Et ce n'était pas génial. Au début, ce n'est jamais génial.

"Je suis le produit des Américains"

Parlons un peu de votre carrière. Etre un Français à Hollywood, c'est un avantage pour trouver des rôles ou un inconvénient parce qu'on vous propose toujours la même chose ?

J'ai eu mon rôle dans "Brothers & Sisters" après "Sex and the City", "Ugly Betty"... Pour les Américains, je suis Français. Mais ils sont bien au courant que je n'ai jamais bossé en France. Je suis leur produit. Donc récemment, les deux-trois dernières années, j'ai plus souvent des rôles cosmopolites comme des Italiens, des Espagnols, là un Algérien. En fait, on peut tromper les Américains assez facilement quand il s'agit d'accents étrangers. Je peux faire semblant d'être Allemand, Espagnol... Ils vont entendre un accent que je prends et ils vont y croire. En revanche, je ne peux pas me faire passer pour un Américain. J'ai encore un accent, même si je ne parle pas comme Jean Dujardin. J'ai un peu une étiquette sur le front, celle de l'étranger, mais ce n'est pas un mal. Il faut jouer sur ses forces. Ce qui est mauvais, c'est de jouer le terroriste dans tous les films ou séries, parce qu'on ne vous propose que ça. Et je ne veux pas tomber là-dedans. Je veux toujours jouer quelque chose de différent.

Tout a vraiment démarré avec la fameuse scène de la douche dans "Sex and the City, le film". Quelles réactions a-t-elle générées ?

Ca a été incroyable. Du jour au lendemain, ma vie a changé du tout au tout. En fait, je suis allé à l'avant-première du film à New York avec un ami que j'ai rencontré quand j'ai intégré les sapeurs pompiers de Paris. Ce jour-là, il était assis à côté de moi et de l'autre, c'est Fergie qui s'asseoit ! Donc je me fais tout petit, et elle se tourne vers moi et me demande si je suis prêt à voir ma vie changer pour toujours. Elle me dit alors "J'ai vu le film deux fois et je ne me souviens que de vous !". Et elle me dit que je n'arriverai pas à sortir de cette salle. Fergie me dit ça ! C'était dingue ! Je suis un fan de ce qu'elle fait. Et pendant le film, mon ami me disait deux choses sans cesse "Putain il fait froid !" et "Non, t'as pas fait ça !". Et quand les lumières se sont allumées, tous les yeux se sont tournés vers moi quand je me suis levé. J'ai mis 1h45 à sortir du cinéma. Ma vie n'a plus jamais été la même.

"Pendant sept mois, on m'a proposé des rôles similaires. J'ai tout refusé"

La notoriété a tout changé ?

C'était fou. Je vivais dans un petit appartement une pièce à Los Angeles au rez-de-chaussée et du jour au lendemain, il y avait des appareils photo et des caméras devant ma fenêtre. C'était comme dans un zoo. Donc j'ai dû tout fermer. C'était bizarre. Mais je me suis habitué. Le problème c'est que, pendant les sept mois qui ont suivi, on ne m'a offert que des rôles similaires. Donc j'ai refusé chacune de ces offres. Et j'ai attendu. Brad Pitt est un exemple parfait : après "Thelma et Louise" il a attendu un an et demi avant de faire autre chose. Et c'était une autre époque. Ensuite, on m'a offert une place dans "Dancing with the Stars" qui est un énorme succès là-bas et je m'en suis très bien sorti. Donc les gens ont appris à me connaître. Et ils m'ont apprécié. Et c'est comme ça que j'ai eu "Brothers & Sisters".

Un bon rôle de Français un peu stéréotypé...

Oui, mais ils étaient obligés me mettre une étiquette sur le front, ça ne m'a pas posé problème. J'aurais aussi pu être Italien. D'ailleurs je parlais plusieurs langues dans la série. Mais ce qui était bien c'est que le personnage était différent des autres dans la série, il était peintre, il avait une mentalité très différente, il était très gentil, très doux, pas du tout macho, compréhensif... Tout ce que je ne suis pas ! (Rires)

"C'est un peu difficile pour moi de revenir en France"

Et aujourd'hui, avoir une carrière en France, ça vous dirait ?

Je ne dirai jamais que je n'en veux pas. Mais tous les acteurs français, leur délire c'est d'aller aux Etats-Unis et de réussir. Moi j'y suis et j'ai réussi, c'est un peu difficile pour moi de revenir. Maintenant, s'il y a des gens comme Besson qui m'appellent... J'ai une dizaine de réalisateurs dans ma tête pour qui je reviendrais sans problème. Parce qu'en France on est hyper bons sur les scripts. Quand on écrit quelque chose, c'est pensé. Parce qu'il n'y a pas 25 millions ou 100 millions de dollars derrière pour faire un film. Je le ferais gratuitement ! Si c'est un énorme challenge pour moi, alors avec plaisir ! Il y a des gens extraordinaires en France avec qui j'ai envie de bosser. Ca prendra le temps que ça prend. Malheureusement on m'a offert un film il n'y a pas longtemps mais j'ai trois séries à tourner... Je ne peux pas dire non aux gens avec qui je travaille tous les jours.

Quel genre de rôles constituerait justement un défi pour vous ?

Ce qui me plairait ? Un truc un peu barré comme ce qu'a fait Benoît Poelvoorde, "C'est arrivé près de chez vous". Un film dont les gens ressortent en se disant "Mais putain qu'est-ce que c'était ?". Un film où je dois changer complètement mon apparence aussi. Ou un polar. En France, je peux tout jouer parce que je suis Français. Il y a plein de choses que j'aimerais tester.

"Je ne veux travailler que quand j'ai peur de me planter"

Quel regard vous portez sur la différence entre la production française et la production américaine ?

Aux Etats-Unis, on sait que moins, c'est plus. En France, c'est différent. Quand je regarde des séries françaises - et je ne critique pas ! - parfois, je me dis "Mais à sa place, mon réalisateur m'aurait mis deux tartes en me demandant si je suis fou". C'est juste deux façons différentes de travailler. On tourne 22 à 24 épisodes par an, les Français en font 8, 10 peut-être...

Ca commence à changer avec les séries de Canal+, des gens comme Olivier Marchal...

C'est vrai, mais ils ont traîné un peu aux Etats-Unis ! Et j'en ai entendu parler. De toute façon, je ne dirai jamais non à du travail qui m'intéresse, à du travail... qui me fait peur. Je ne veux travailler que quand j'ai peur de me planter. Quand c'est facile, ça ne m'intéresse pas.

Et le rêve ultime, c'est un Oscar ?

Oui, c'est le rêve ultime. Mais pour te dire la vérité, j'ai l'impression que je le vis déjà, mon rêve. J'ai acheté une maison, j'ai mes enfants, ils sont heureux là bas. Je ne veux pas m'arrêter. Je veux des Golden Globes, des Emmy Awards, un Oscar... Mais au bout du compte, c'est toujours la même question : qui va te donner ta chance ? Et jusqu'ici, tous ceux qui m'ont donné ma chance sont heureux, ça s'est bien passé. A tous les niveaux : j'ai bien fait mon boulot et la série a fonctionné, beaucoup de gens ont regardé.

Gilles Marini
Gilles Marini
Gilles Marini ("Switched") : "Cette série, c'est une drogue !"
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