C'est presque une anomalie. Jérôme et Emma, immunisés à tous les coups dans "Pékin Express : Sur les traces du tigre d'or" – dont M6 a diffusé l'épisode 6, ce jeudi 21 mars 2024 – sont tombés de leur piédestal à l'issue de la spéciale "intouchables" du jeu présenté par Stéphane Rotenberg. Ce qualificatif résumait pourtant jusqu'ici parfaitement le parcours du papa poule et sa fille, auréolés de cinq victoires en autant d'épreuves d'immunité disputées. "Bons joueurs", ils reviennent ensemble pour puremedias.com sur leur chute, précipitée en partie par un malheureux pierre-feuille-ciseaux.
Propos recueillis par Ludovic Galtier Lloret
puremedias.com : Cet épisode de "Pékin Express" signe votre descente aux enfers, non ?
Jérôme : On ne va pas aller jusqu'à parler de descente aux enfers (rires). Forcément, on aurait voulu rester et aller le plus loin possible. C'est frustrant de se dire que l'on avait le potentiel pour continuer mais les autres binômes ont été meilleurs que nous. Il faut l'accepter.
Tout était pourtant bien parti. Vous êtes le premier binôme à avoir rallié le site du saut à l'élastique, première épreuve de cet épisode dit des "intouchables". Mais la mauvaise réponse à une question de culture générale donnée par Emma vous a ralentis et contraint, vous Jérôme, à affronter votre peur du vide. Racontez-nous...
Jérôme : Je faisais caca mou à ce moment-là (rires). J'ai laissé le cerveau sur la passerelle et lorsque j'étais au pied de la nacelle, je n'ai pas hésité. Sinon c'était foutu ! C'était notre plus grande peur et j'ai sauté uniquement pour ma fille. Cette aventure nous a permis de comprendre que l'on a des capacités mentales et une force intérieure insoupçonnées.
Malgré votre performance, Jérôme, votre deuxième mauvaise réponse a réduit à néant vos chances de victoire dans cette première épreuve. Emma, on vous voit fondre en larmes et accuser le coup à l'antenne. Que se passe-t-il dans votre tête au moment de ce premier échec ?
Emma : À ce moment-là, j'ai complètement oublié les caméras. Cela a été très difficile. On ne s'y attendait pas du tout...
Jérôme : Comment ça, on ne s'y attendait pas du tout ? Si, n'importe qui pouvait nous passer devant. À chaque étape, les compteurs sont remis à zéro. Ce n'est pas parce que l'on avait eu la chance d'avoir été récompensés sur les étapes précédentes, que cela ne pouvait pas basculer. N'importe qui peut passer de la première à la dernière place et inversement.
Quelle a été votre réaction quand Flavie et Jérémy, intouchables après la première épreuve, choisissent d'immuniser Ryad et Louison à vos dépens après la deuxième épreuve, celle du patinage de vitesse. Payez-vous là le fait d'avoir archi-dominé le début de saison ?
Emma : On savait que Flavie et Jérémy appréciaient beaucoup Louison. Tout au long de l'aventure, les épreuves ont souvent été disputées entre Flavie et Jérémy et nous. Ils ont pensé à l'après. Il est donc normal qu'ils aient choisi Ryad et Louison plutôt que nous qui étions la plupart du temps en tête du podium. Dans tous les cas, nous savions que si nous n'arrivions pas premiers, nous allions être dans le viseur.
Jérôme : Oui, on aurait fait pareil ! Comme Flavie et Jérémy, nous aurions écarté le binôme le plus à même d'entraver notre progression. C'est logique, il faut l'accepter. Cela fait partie du jeu.
En plus d'éprouver pour la première fois des difficultés sur les épreuves, vous ne réussissez pas à trouver un hébergement dans la géante Kuala Lumpur. C'était la pire nuit pour vous ?
Jérôme : Oui, c'était une nuit très galère. Après une journée d'épreuves très énergivore, je crois que l'on a cherché un hébergement pendant trois heures. On a toqué à plusieurs portes mais on a enchaîné les refus. On a tout essayé, on leur a proposé de leur faire du ménage, de la cuisine. Rien n'y a fait ! Dans une capitale comme celle-ci, les habitants sont plus craintifs. C'est vrai qu'après ce que l'on a connu en Indonésie, où les gens sont dehors et vivent la porte ouverte, c'était particulièrement compliqué. Au final, on a été contraint de dormir dehors. C'était une journée noire !
Jérôme, vous avez répété à plusieurs reprises que votre fille était la leader de votre binôme. Vous y attendiez-vous ?
Jérôme : Je connais ma louloute par coeur. Une de nos motivations, en faisant "Pékin Express", était de challenger notre complicité, sortir de notre zone de confort et c'est vrai qu'elle m'a agréablement surpris. Elle était Wonder Woman, moteur dans cette aventure, impressionnante de détermination, de force, de lucidité. J'aurais laissé toutes mes tripes sur la route pour elle.
Emma : Pour ma part, je ne le ressens pas comme ça. Pour moi, c'est 50/50 avec papa. Il m'a énormément portée. C'est grâce à lui que l'on a remporté l'épreuve d'immunité du foot. Les polochons et les radeaux, c'est aussi grâce à papa. Jamais, je n'aurais pu monter le Kawah Ijen (volcan indonésien, ndlr) sans son aide. Il a été, pour moi, davantage leader que moi. Il a été un monstre.
Flavie et Jérémy et Ryad et Louison, les candidats "intouchables" dans l'épisode, n'étant pas tombés d'accord sur le troisième binôme à immuniser entre Romain et Laura et vous, décident de vous départager au tirage au sort. Comment vit-on le fait que votre aventure a pris fin en partie à cause d'un tirage malheureux ?
Jérôme : Flavie et Jérémy étaient contre nous et Ryad et Louison pour nous. Il y a eu un pierre-papier-ciseaux. Se dire que son aventure se joue là-dessus, ce n'est pas simple à vivre...
Emma : Surtout qu'ils ont refait le pierre-papier-ciseaux. Ils l'avaient fait une première fois sauf qu'ils ne s'étaient pas décidés. C'était pour nous à la base. C'est frustrant de se dire que l'on a été irréprochables tout au long de l'aventure, que l'on a fait un super parcours et que perdre à ce moment-là nous fait rentrer à la maison aux portes du Vietnam, c'est dur !
Jérôme : Mais il faut rester bons joueurs. Il faut l'accepter, c'est normal. J'ai envie de dire que nous sommes tous gagnants, on a gagné au loto en faisant cette aventure. C'est formidable !
Avec trois abandons (Brandon et Nathan, Mahdy et Manu et Patrick et Myriam), cette édition entre là aussi dans l'histoire. Cette édition a-t-elle été particulièrement éprouvante ?
Jérôme : Stéphane nous a préparé de jolies épreuves avec un crash test au début. Les radeaux, les polochons, le Kawah Ijen... On a laissé du gaz sur la route. Heureusement qu'ils se sont calmés sinon ils nous ramassaient tous à la petite cuillère. C'était dur ! Le plus surprenant, c'est qu'après notre élimination, il n'y a plus que Ryad et Louison qui sont là depuis le début. Laura et Romain sont arrivés en cours de saison, Flavie et Jérémy et Patricia et Jessica ont été éliminés.
Vous étiez proches de Patricia et Jessica, les collègues corses, mais aussi du binôme d'inconnus, Ryad et Louison, dans l'aventure. Comment se créent les liens avec les autres binômes alors que vous vivez l'essentiel de la compétition en parallèle finalement ?
Jérôme : On se retrouve une fois par semaine en off. À ce moment-là, tous les binômes vivent ensemble, partagent, échangent. On apprend à se découvrir, à s'apprécier...
Emma : Les caméras sont éteintes, ce qui nous permet de partager des moments complètement différents. Le corps et l'esprit se détendent. C'est dans cette configuration là que l'on a tissé tous nos liens.
Quel est le programme de cette journée off ?
Jérôme : On se repose. Le corps est mâché. Moi, à 50 ans, je ne récupère plus comme les petits jeunes. Sieste, sieste, sieste...
Bénéficiez-vous de confort au cours de cette journée déconnectée de la compétition ?
Jérôme : C'est un confort très simple mais qui fait du bien. Le plus important est de pouvoir un peu s'échapper de la course, d'échanger les uns avec les autres.
Qu'avez-vous pensé de vous en vous regardant à la télévision ?
Emma : C'est surprenant ! En plus, on regarde une toute autre aventure dans le sens où on découvre celle des autres binômes. Ça fait drôle !
Jérôme : Pour ma part, je me déteste à l'écran ! Pourtant, je suis enseignant, je suis dans la communication au quotidien mais je ne passe pas bien à la caméra. Je ne me suis pas senti à l'aise. Après, il faut l'accepter, ça fait partie du jeu. Je n'ai pas fait "Pékin Express" pour passer à la télé mais pour vivre des moments, des souvenirs gravés à vie avec ma fille.
Qu'est-ce qui a changé dans vos vies depuis la diffusion de l'émission ?
Emma : On nous reconnaît dans la rue et on nous fait des interviews.
Jérôme : J'aime bien les interviews (rires).
