Dans la nuit de jeudi à vendredi, le site lepost.fr faisait état du décès du comédien Jean Dujardin. Une annonce erronée émanant de plusieurs internautes et estampillée "Information non vérifiée par la rédaction". Malgré cette mention, cette brève a eu un certain écho obligeant même certains journaux à enquêter sur la véracité de l'information tard dans la nuit. Un incident qui tombe mal alors que l'avenir du site, filiale du Monde, est incertain. Entretien avec le rédacteur en chef du site lepost.fr, Philippe Mathon.
puremedias.com : Que s'est-il passé cette nuit ?
Philippe Mathon : Le Post a été victime d'un jeu de petits malins qui se croient drôles et qui se sont donné rendez-vous sur le forum d'un site de jeux vidéo. Ils se sont dit "On s'ennuie un peu, et si on lançait un buzz ? Tiens on va le lancer sur Le Post !".
A partir de 22h06 jeudi soir, de manière manifestement coordonnée, ils ont créé onze posts différents sur notre site, indiquant la prétendue mort de Jean Dujardin. Heureusement, une de nos journalistes était sur le back office du site à 23h et a vu arriver les premiers posts. Elle a immédiatement alerté notre service de modération, une activité que nous déléguons à un prestataire externe. En l'absence de retour de cette société, on a alerté notre technicien d'astreinte qui a pu supprimer les premiers messages déjà publiés par ces internautes. Il était environ 00h30 (1). Le reste des posts a été supprimé ce matin, vers 08h30, et ce en dépit de toutes les alertes que nous avions lancées auprès de notre prestataire externe.
Vous réfléchissez à vous retourner contre ces internautes ?
On ne peux pas laisser passer ça. Des internautes qui publient sciemment de fausses informations avec une intention de nuire, ce n'est pas tolérable. Avec les pièces que l'on a accumulées, on va examiner les conditions d'un dépôt de plainte contre ces internautes.
Et contre votre prestataire chargée de modérer les contenus des internautes ?
Le Post est un site communautaire très dynamique et très ouvert. Chaque jour, on reçoit énormément de commentaires et de propositions d'articles : notre prestataire en modération a donc du pain sur la planche. Ces dernières semaines, nous réfléchissions d'ailleurs sur un renforcement des garde-fous à mettre en place pour éviter de tels écueils. C'est l'occasion d'accélérer le processus.
Cet après-midi, sur Twitter, un internaute qui s'est fait passer pour vous a annoncé la fermeture du site. Ca vous amuse ou vous assimilez ça à une entreprise de déstabilisation ?
On ne prête qu'aux riches ! C'est la preuve que que Le Post fait très envie et qu'il déchaîne toujours les passions... Mais ça ne m'amuse pas particulièrement de voir un plaisantin qui met un masque qui ressemble au Post, et qui publie un avis de décès de notre site. Et puis nous n'avons pas besoin de ça en ce moment.
Je ne sais pas s'il s'agit d'une entreprise de déstabilisation, on n'est pas parano au Post. Mais nous avons réagi immédiatement en publiant sur notre compte officiel – et sur le mien - un démenti. Ce n'est pas très agréable alors que le site traverse une telle période de turbulences.
Les salariés du Post sont inquiets en ce moment face aux rumeurs de fermeture, affirmant qu'on ne leur donne pas les moyens de réussir. Le Monde, votre actionnaire, a réagi ce matin en expliquant seulement que des efforts commerciaux vont être faits. J'imagine que ça n'a pas rassuré la rédaction...
Le problème du Post aujourd'hui, ce n'est pas l'audience. Aujourd'hui, on fait environ 3 millions de visiteurs uniques, sans opération de promotion, de marketing ou d'achat de trafic. Quand on voit la concurrence, on se dit que ce n'est pas mal... Aujourd'hui, il y a un problème commercial. Les commerciaux tardent à arriver. Ils devaient être deux au 1er janvier, pour l'instant, il n'y en a qu'un. Mais il a déjà pas mal de résultats. Les annonceurs répondent présents. On attend le deuxième parce que le temps presse. Chaque jour qui passe pour nous est plus compliqué à gérer.
Vous avez travaillé à TF1, au Figaro, au Point... Considérez-vous que votre actionnaire vous donne les moyens de réussir commercialement ?
A la rédaction, nous devons remplacer les départs de ces dernières semaines. Je crois ensuite que lorsque nous aurons un second commercial, nous devrions avoir les moyens de prouver nos atouts et la viabilité du Post. Déjà, nous avons fait un très bon dernier trimestre publicitaire en 2010. Les annonceurs répondent présents.
(1) : Le prestataire en charge de la modération du site lepost.fr tient à préciser qu'il n'est pas tenu de modérer le site entre 22h et 8h de matin.
