Il n'y avait pas de visiteurs dans les couloirs du Louvre mardi 28 mars à Paris. Plusieurs dizaines de personnes s'agitaient pourtant du côté des oeuvres de Géricault. Parmi eux, Eléonore Bernheim et Nicolas Gob, les deux héros de la nouvelle série de France 2, "L'art du crime", produite par Gaumont et en partie tournée au Louvre. Lui campe Antoine Verlay, un flic un peu rugueux viré pour insubordination et envoyé à l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels. Elle est Florence Chassagne, une historienne de l'art un peu fantasque mais brillante, tellement immergée dans cette culture qu'elle s'imagine parler aux peintres.
Un duo inédit et co-dépendant
"L'art du crime" se présente donc dans la droite lignée des duos que tout oppose, mais dont la collaboration improbable s'avère idéale pour résoudre des crimes. Selon ses créateurs, c'est le fait d'associer au policier une experte en art qui distingue Florence Chassagne et Antoine Verlay des héros de "Castle", "Mentalist" et autres "Profilage". "L'art nous a guidés. On avait besoin d'un protagoniste qui n'y connaît rien à l'art. C'est le flic qui permet au public de rentrer dans la série", ont expliqué à puremedias.com Angèle Herry-Leclerc et Pierre-Yves Mora, les scénaristes de la série.
"A côté de ça, on a construit une héroïne à laquelle on s'identifie aussi et qui va nous apprendre ce qu'on ignore encore. A partir de ce duo de héros, on retombe sur des choses plus classiques, mais on a beaucoup travaillé sur le fait qu'ils ont vraiment besoin l'un de l'autre, sur leurs difficultés à s'entendre, etc, tout en s'assurant que la présence d'une historienne de l'art sur des enquêtes ne paraisse pas artificielle", ont-ils poursuivi. "Ce flic de la crim' mis au placard qui n'y connaît rien à l'art a absolument besoin d'elle".
Mais l'héroïne est elle aussi dépendante de son nouveau partenaire. Outre ses "rêveries", au cours desquelles elle peut dialoguer avec les artistes pour avancer dans sa réflexion, Florence souffre d'acrophobie, la peur du vide, même quand elle n'y est pas confrontée. "De manière un peu miraculeuse, elle réalise qu'en la présence de Verlay, elle n'a plus peur". Le policier est son objet "contraphobique", une révélation à l'origine d'une "ligne de comédie tissée tout au long de la saison".
Ce duo de personnages a en tout cas enthousiasmé ses deux interprètes. "C'était un cadeau du ciel ! J'ai trouvé ça tellement bien écrit, tellement décalé, tellement nouveau et j'ai adoré ce duo. Et mon personnage... Je l'aime d'amour ! C'est une religieuse au chocolat avec double meringue ! Non, c'est comme une pavlova, c'est délicieux, c'est sucré, ça se mange sans faim...", a ainsi décrit Eléonore Bernheim, visiblement très enthousiaste.
Après le crime, l'amour ?
Le simple pitch de la série pousse forcément à s'interroger sur une éventuelle relation amoureuse, à terme, entre les deux protagonistes. "Effectivement, on sent qu'ils sont faits pour être ensemble mais eux ne s'en aperçoivent pas. On ne joue jamais la séduction entre eux. Ils ne parlent que professionnel, et nous on ne comprend que personnel. C'est le principe de 'Clair de lune'", nous a confirmé Pierre-Yves Mora, en référence à la série portée par Bruce Willis et Cybill Shepherd. Mais cette série ayant souffert créativement - et été annulée - une fois que les deux héros se sont mis en couple, aussi parfaits l'un pour l'autre soient-ils, Chassagne et Verlay ne risquent pas de franchir le pas de sitôt.
Ils devraient avoir le temps d'apprendre à se connaître, les deux acteurs ayant bien l'intention de poursuivre l'aventure - même s'ils n'y sont en rien obligés. "L'économie d'une série française ne fonctionne pas comme aux Etats-Unis. Si la série fonctionne, on n'est pas contractuellement engagé pour quatre ou cinq saisons. Mais s'il y a une deuxième saison, on a tous plus ou moins déjà dit qu'on était partant", a assuré Nicolas Gob, balayant d'un revers l'éventualité d'un départ à la Nathalie Baye dans "Les Hommes de l'ombre". "Peut-être que si on s'était très mal entendu et qu'à l'écran ça ne fonctionnait pas... Mais la question ne se pose pas !", a confirmé Eléonore Bernheim, elle aussi très partante pour une suite.