Un écran noir... C'est peut-être tout ce que vous verrez en allumant votre télévision le 5 avril. A cette date, les chaînes de la TNT qui vont basculer en Haute Définition vont céder leur fréquence à la téléphonie mobile. Catherine Morin Desailly s'inquiète des ratages éventuels de cette opération. La présidente de la Commission culture au Sénat a envoyé une lettre à Manuel Valls, le 30 octobre. Elle y pointe deux problèmes majeurs : le défaut d'information et d'aides à destination des foyers et la mauvaise volonté dont fait preuve le ministère de l'Economie dans l'indemnisation des diffuseurs techniques.
Nouvelle norme
Seulement cinq mois séparent les foyers français de ce changement majeur et les téléspectateurs doivent s'assurer que leur installation est compatible avec la nouvelle norme. Avec un téléviseur trop ancien, ils ne pourront plus recevoir toutes les chaînes. Il leur faudra soit en changer, soit acheter un décodeur compatible TNT HD. La sénatrice s'inquiète car aucune campagne d'information n'a encore été lancée pour les inciter à s'équiper. Comme pour le passage au numérique, des aides financières ont été annoncées par le gouvernement mais les modalités d'attribution restent floues et méconnues.
Catherine Morin Desailly soulève un autre point important, l'indemnisation des diffuseurs techniques. Certains de leurs contrats avec les chaînes vont prendre fin et les diffuseurs ont négocié une compensation par l'Etat. Mais Bercy rechigne aujourd'hui à honorer cet accord. Les opérateurs risquent bientôt de répondre à cet affront.
2,5 milliards d'euros
"Le ministère de l'Économie a amené les opérateurs à envisager le lancement d'actions judiciaires dans les prochains jours qui pourraient mettre en péril le calendrier envisagé pour le transfert des fréquences aux opérateurs de télécommunication et, par voie de conséquence, les enchères sur la bande des 700 MHz", prévient Catherine Morin Desailly. En effet, les fréquences libérées doivent être proposées aux aux opérateurs de téléphonie mobile dès le 16 novembre. Cette opération pourrait rapporter à l'Etat la somme de 2,5 milliards d'euros.
Si le processus prend du retard et que les canaux ne sont pas libérés à temps, les opérateurs de téléphonie mobile pourraient négocier des réductions. Le président du CSA, Olivier Schrameck s'inquiète auprès du Figaro de "ce calendrier déjà tendu à l'extrême" pour une opération qu'il juge "techniquement plus risquée que le passage de l'analogique à la TNT". La lettre de Catherine Morin Desailly est restée sans réponse pour l'instant.