La recette de L'Arnacoeur est atypique dans le cinéma français, avec un déferlement étonnant d'action et d'émotions que l'on voit rarement chez nous. Le scénariste, Laurent Zeitoun, n'a en effet pas hésité à s'inspirer des comédies romantiques américaines, et L'Arnacoeur s'impose vite comme une gentille petite comédie pleine de clichés, mais pendant laquelle on ne s'ennuie pas, avec l'impression de vivre en accéléré. Une variation de Taxi dans un registre sentimental d'action, en somme.
Un inconnu au bataillon mène le bal, Pascal Chaumeil, qui a réussi à créer un résultat planant comme Brice de Nice, mais pas vraiment plus crédible que Hors de prix. N'empêche, on s'amuse bien. On retrouve Vanessa Paradis (mais qu'a-t-elle fait pendant tout ce temps ?) parfaite en amoureuse romantique et un peu distante, et qui ne sait plus trop où elle va. Romain Duris entre en jeu et déploie beaucoup d'énergie pour courir dans tous les sens et faire de grands sourires.
Brice de Nice rencontre Dirty dancing : un mélange détonnant
Le point fort de ce film quelque peu kitsch, par sa propension à vouloir voir des situations amoureuses partout, vient sans doute du fait qu'il joue beaucoup sur la surprise et l'originalité. On n'avait pas vu une avalanche d'éléments comiques aussi réussis depuis Brice de Nice. Malgré ça, les blagues cheesy à l'extrême ont tendance à faire pousser de gros soupirs, notamment tout ce qui entoure l'utilisation de Dirty Dancing. Autre grief, les seconds rôles semblent tout droit sortis d'un placard de personnages clés en main. On concèdera tout de même que François Damiens est assez drôle en benêt complet mais bien intentionné.
Malgré tout, la mission est réussie : on voyage avec ce concept original, cette idée de sauver les femmes malheureuses en amour - avec des principes moraux, s'il vous plaît ! - du genre Hitch, expert en séduction inversé. La fin convenue ne déplait pas non plus, car il faut dire que les deux tourtereaux sont convaincants. Comédie du printemps, sans crédibilité certes, mais de quoi sortir le coeur léger : pas d'arnaque donc, dans L'Arnacoeur.