C'est peu dire que les médias n'ont pas apprécié les récentes sanctions du CSA à leur encontre. Hier, l'institution présidée par Olivier Schrameck a rendu son verdict sur la couverture par les médias français des récents attentats ayant frappé la France. Après avoir analysé 500 heures de programmes, les Sages de l'audiovisuel, réunis en formation plénière mercredi 11 février, ont finalement relevé 36 manquements dont 15 ont donné lieu à mise en garde et 21, plus graves, ont justifié des mises en demeure.
Dès ce matin, Radio France a fait part de "sa surprise" et de "son étonnement" après sa mise en demeure par le CSA. La radio publique se voyait reprocher d'avoir annoncé que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu'Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes. "Nous contestons cette mise en demeure. Nous ne la comprenons pas et nous envisageons des recours pour faire revenir le CSA sur cette sanction que nous jugeons parfaitement injustifiée", a ainsi annoncé sur France Info ce matin, Erik Kervellec, le patron de la rédaction de la station.
Sanctionnée pour le même motif, Europe 1 a aussi vivement réagi par le biais de sa société des rédacteurs. Dans un communiqué publié en fin de matinée, cette dernière s'est déclarée "totalement solidaire du travail de la rédaction lors de ces événements", et a dénoncé une "sanction injuste" .
"Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct"
"Les décisions du CSA soulèvent des questions majeures pour le droit à l'information dans notre pays", a pour sa part commenté dans Le Monde, Thierry Thuillier, directeur de l'information de France Télévisions. Le journaliste a annoncé dans la foulée son intention d'être reçu par le CSA pour lui demander des explications. Rappelons que France 2 a écopé de pas moins de quatre sanctions hier (deux mises en garde et deux mises en demeure) de la part du CSA, soit autant que TF1 et BFMTV.
Le gros des critiques des médias français se concentrent sur la décision du CSA de les sanctionner pour avoir annoncé que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu'Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes. Une information qui "aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l'Hyper Cacher (...), dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële", a estimé hier le régulateur de l'audiovisuel.
"Ça va devenir compliqué, si on ne peut plus informer en direct", a réagi aujourd'hui dans Le Monde, Catherine Nayl, directrice de l'information du groupe TF1. "Que fait-on ? On met un écran noir ? Des 'bips' pour cacher les sons ?", s'est-elle interrogée, rejoignant ainsi le point de vue de France Info exprimé ce matin. Visiblement largement d'accord sur l'analyse, les patrons des principaux médias français pourraient d'ailleurs prochainement prendre la parole de manière commune sur ce sujet des sanctions du CSA.