Aller voir Camping 2 lorsqu'on est journaliste cinéma, c'est un peu comme entrer dans un sex-shop lorsqu'on est pré-pubère : on le fait en cachette et s'en sans vanter (quoique), en espérant qu'aucun collègue allant voir un film d'auteur tchèque ne nous apercevra entrer dans la salle. Ca n'a l'air de rien, mais ça montre bien le fossé culturel (pour ne pas dire sociétal) qui se crée parfois entre la presse et le public.
C'est en effet avec condescendance et une certaine forme de mépris que les journaux spécialisés avait accueilli le premier Camping. Mais pour ma part, je n'ai pas peur de faire mon « camping out » : j'avais passé un moment plutôt agréable à voir ces Français très moyens passer leurs vacances (sans doute parce qu'ils réveillaient un peu celui qui dormait en moi). D'ailleurs, c'est avec beaucoup de tendresse que Fabien Onteniente et ses comédiens avaient dépeint cette France de l'apéro et des congés payés, des courses de tongs et des blagues grivoises.
Un scénario bâclé, des gags qui s'enchaînent avec difficulté
Forte de ses cinq millions de spectateurs lors de la sortie de Camping, l'équipe du film partait donc confiante pour le deuxième volet. Sans doute un peu trop. Là où ils auraient pu réaliser Les bronzés font du ski, ils ont tourné Les Visiteurs 2. Les amateurs de comédies populaires comprendront... Le scénario a été bâclé, les gags s'enchaînent avec difficulté dans un film qui peine à trouver son rythme, les situations ne sont que des ersatz du premier numéro et, pire que tout, le casting déçoit.
Car ce qui faisait la force de Camping, c'était avant tout ses acteurs. On sentait que, telle une troupe de théâtre, les comédiens avaient vécu un moment fort ensemble et qu'ils avaient eu l'envie (et la générosité) de le partager avec le spectateur. On ne retrouve presque rien de tout cela dans Camping 2. Plombée par un Richard Anconina inconsistant, la distribution rame sérieusement. La direction d'acteur inexistante égare chacun des personnages dans une direction différente, plus personne ne semble vraiment se parler ni se répondre et les répliques tombent à plat les unes après les autres (« Trop de monoï tue le playboy »).
Moins d'apéro, plus de scénario !
On se reporte alors sur le scénario. Et là, c'est le coup de grâce : les intrigues sans aussi crédibles qu'un touriste allemand sans coup de soleil et aussi intéressantes qu'une partie de pétanque sans cochonnet. A prendre le spectateur pour ce qu'il n'est pas, il finit par s'en rendre compte.
Pour ne pas donner l'impression de tirer sur une ambulance, on ne parlera pas du placement de produits quasi-permanent qui donne l'impression d'une immense coupure pub de 90 minutes, d'autant que les critiques n'empêchent pas Camping 2 d'attirer le succès. Les journalistes aboient et la caravane passe.