En direct de Cannes. Autant le dire tout de suite. La pluie qui s'est invitée à Cannes dans la matinée, hier, ajoutée à l'absence de "stars" dans les deux films en compétition présentés dans la soirée (Poetry et Schastye Moe) ont fait de la journée de mercredi une journée un peu à part. Presque tranquille. Mais l'événement était ailleurs, du côté de La Quinzaine des Réalisateurs où Mick Jagger est venu présenter le documentaire consacré aux Rolling Stones, Stones in Exile. Et dans le film sélectionné Hors-compétition et qui a vu les plus téméraires s'adonner à un marathon pour suivre le tryptique d'Olivier Assayas, Carlos, proposé dans son intégralité. Mais avec les retours de Ken Loach, Daniele Luchetti et le très attendu Fair Game de Doug Liman avec Sean Penn et Naomi Watts, le calme va certainement faire place à la tempête dans la compétition...
Les Films
Ils ont été projetés hier, et on ne parle plus que d'eux.
Schastye Moe (Mon bonheur) : Premier film ukrainien de l’Histoire à concourir pour la Palme d’or (et premier film tout court de son réalisateur), le long-métrage de Serguei Loznitsa a profondément divisé les critiques cannoises. Si certains le voient déjà comme le digne successeur du Ruban Blanc, d’autres (suivez mon regard...) ressortent de la projection complètement imperméables au sujet, à sa manière de la raconter et agacé par l'exercice de style façon "cinéma de genre" que le cinéaste nous impose. Il faut malgré tout reconnaître que le visage de la Russie que le metteur en scène nous dépeint, mêlé à la folie et à la violence froide de son sujet, font de Schastye Moe une œuvre à part, singulière, unique. Totalement cannois ou complètement indigeste. Au choix...
*Ses points forts : L'argument qui mettra tout le monde d'accord sur ce film, c'est la réussite du réalisateur à nous montrer l'absurdité d'un pays gangrené par la folie et qui peut basculer à tout instant dans la violence. Par l'intermédiaire du quotidien sordide vécu par le personnage principal, on parvient à garder un oeil ouvert sur ce qui pourrait ressembler à une peinture d'un monde réel qui fait froid dans le dos.
*Ses points faibles : Caméra à l'épaule, plan séquence, plan de type Gus Van Sant où on suit de dos les comédiens... C'est certain, Sergei Loznitsa a bien fait ses devoirs. Mais en privilégiant la forme au fond, il oublie carrément le spectateur. Son récit brouillon et ses nombreux passages à vide nous plonge dans un ennui qui nous fait regretter d'avoir poser un pied dans la salle. Alors certains crieront au chef d'oeuvre (on espère que le jury restera lucide). Le genre de chef d'oeuvre qu'il faut éviter sous peine de voir deux heures perdues à jamais. Car oui, les démons de ce monde résident dans sa violence gratuite qui pèsent sur nous tels une épée de Damoclès. Mais on n'avait pas besoin de nous infliger cette vision stylistique prétentieuse montée au burin pour le comprendre. Alors la traduction du titre du film (Mon bonheur) ne prend son sens qu'à un seul moment. Quand le générique apparaît enfin...
Et aujourd'hui
Fair Game : Le réalisateur Doug Liman aura la lourde tâche de représenter à lui seul les Etats-Unis en compétition officielle cette année. A l'instar du récent Green Zone de Paul Greengrass avec Matt Damon, le réalisateur de La mémoire dans la peau et Mr. and Mrs. Smith fera de la présence ou non des armes de destruction massive en Irak le coeur même de son film. Pour l'occasion, le metteur en scène américain s'est doté d'un duo de choix avec Sean Penn et Naomi Watts. Voilà qui promet...
Extrait :
Route Irish : Il est arrivé à la dernière minute, mais il sera bien là ! Après être venu présenter sa comédie Looking for Eric l'an passé, le réalisateur britannique Ken Loach retrouve la compétition pour la seconde année consécutive. Celui qui obtint la Palme d'Or pour Le vent se lève en 2006 renoue avec le drame. Il s'intéressera ici à l'histoire de deux amis, agents de sécurité en Irak, qui risquent leur vie dans une ville ravagée par la violence.
La Nostra Vita :
Après Le porteur de serviette qui lui avait permis de goûter aux joies de la compétition officielle en 1991, le réalisateur Daniele Luchetti revient à Cannes avec le seul film italien de la sélection. Dans ce nouveau long-métrage, le cinéaste s'intéressera au monde prolétaire et ouvrier. On y suivra l'histoire de Claudio, un ouvrier dans le bâtiment qui travaille sur un chantier dans la banlieue de Rome. Très amoureux de sa femme, enceinte de leur troisième enfant, il se laisse bercer par l'insouciance d'une vie simple et heureuse. Mais un drame inattendu va soudain tout bouleverser. Pour survivre, Claudio va devoir affronter avec rage l'injustice intime et sociale qui le touche.
Entendu...
*Les Festivaliers qui ne savaient pas encore que Mick Jagger était à Cannes, hier, ont certainement eu vent de la nouvelle en voyant la file d'attente qui s'amoncelait devant le Palais Stéphanie qui héberge les projections de La Quinzaine des Réalisateurs. On ose à peine imaginer la foule si les quatre papys du rock étaient venus tous ensemble. En tout cas, les chanceux qui ont eu le plaisir de voir le chanteur des Rolling Stones dans la salle ne l'ont pas regretter. Avec humour, Mick Jagger est revenu sur ce documentaire et a décrit l'évolution de son groupe en une phrase qui ne manquera pas de faire sourire : « A l'époque, nous étions jeunes, beaux et bêtes. Maintenant, nous ne sommes plus que bêtes ! ». Mais Mick Jagger ne dupe personne. L'évènement, hier, c'était bien lui.
Vu...
*Alors qu'ils avaient fait le déplacement pour venir défendre le film Blue Valentine présenté dans la sélection Un Certain Regard, Michelle Williams (Dawson, Shutter Island) et Ryan Gosling (N'oublie jamais, La Faille) se sont fait voler la vedette sur la scène de la salle Debussy par leur jeune partenaire, Faith Wladyka. Du haut de ses six ans, la petite fille qui fait ses débuts au cinéma dans ce film de Derek Cianfrance a fait rire la salle entière en arrivant dans sa robe d'un pas sautillant avant de poser sur scène comme les plus grandes stars sur le tapis rouge. Sa fraîcheur innocente et sa joie enfantine ont attendri les spectateurs qui ont ensuite découvert le film qui concourt à la Caméra d'Or. Portrait réussi d'un couple qui n'arrive plus à s'aimer, Blue Valentine est un drame amoureux qui fait briller ses deux acteurs principaux et révèle le talent d'un cinéaste à suivre. Une bouffée d'air frais dans la bulle cannoise qui touche au coeur. La jeune Faith Wladyka peut revenir quand elle veut...
Et Aussi
Marco Bellocchio, le peintre ?
*Après Martin Scorsese en 2007, Quentin Tarantino et les frères Dardenne l'an passé, c'était au tour du réalisateur italien Marco Bellocchio de livrer sa Leçon de Cinéma. Présent à Cannes en 2009 avec Vincere sélectionné en compétition officielle, le cinéaste transalpin auteur du Diable au corps et Le Saut dans le vide s'est livré à quelques confidences, dont une que les cinéphiles ne savaient pas forcément... Celui-ci a en effet révélé que lorsqu'il était plus jeune, il a pris la décision de laisser tomber son premier amour - la peinture - pour le cinéma. La raison ? Tout simplement pour « se sentir moins seul ». Bien lui en a pris, puisqu'il est aujourd'hui l'un des cinéastes italiens les plus respectés dans le monde entier...
Sean Penn préfère Washington à Cannes
*Alors qu'il est la star du film de Doug Liman présenté en compétition aujourd'hui, Sean Penn a décidé de ne pas se rendre à Cannes cette année. Aux paillettes de Cannes, le président du Jury 2008 a préféré Washington. Acteur et réalisateur engagé, il participera en effet, aujourd'hui, à une commission d'enquête sur l'organisation des secours du tremblement de terre à Haïti. Un choix du comédien qui, finalement, ne surprendra personne quand on connaît son investissement pour défendre les causes humanitaires. La soirée de bienfaisance au profit d'Haïti qui se tiendra au VIP Room se fera donc sans lui...
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