

Nouvelle passe d'armes entre Cyril Hanouna et la France Insoumise. Ce mercredi 12 mars, l'ex-trublion de C8 a annoncé vouloir poursuivre en justice le parti politique, en réaction à une campagne de communication contre l'extrême droite le mettant en scène. Les troupes de Jean-Luc Mélenchon ont en effet appelé à manifester partout en France "contre le racisme et le fascisme" le 22 mars prochain, et se sont servis de visuels caricaturés de plusieurs personnalités, dont Pascal Praud et son acolyte d'Europe 1, pour assurer la promotion de cet événement. Les deux visages du giron Bolloré sont ainsi qualifiés sur ces affiches comme les "relais des idées de l’extrême droite", et ces visuels ont déclenché des accusations d'antisémitisme, récusées par la France Insoumise. Ces derniers ont en effet provoqué un tollé puisqu’ils reprenaient des codes culturels historiques de l’extrême droite antisémite des années 40.
Même si le mouvement mélanchoniste a supprimé ce visuel sur son compte X, puis l'a modifié, rendant moins expressif le visage de l'animateur, pour "mettre un terme" à ces "accusations nauséabondes" qu'elle impute "essentiellement" à des "militants d'extrême droite relayés par CNews, Europe 1 et le JDD, les avocats de Cyril Hanouna ont annoncé à l'Agence France Presse (AFP) qu'ils "préparaient des actions judiciaires". Me Stéphane Hasbanian a invoqué "l'atteinte à l’image" et dit réfléchir à "d’autres actions liées à l’antisémitisme". "C’est un photomontage. On a accentué ses traits pour le faire ressembler à quoi ou à qui", a-t-il ajouté.
Dans l'après-midi, c'est le principal concerné qui est revenu sur cet épisode dans son émission de radio "On marche sur la tête". "C'est une caricature qui nous ramène aux heures les plus sombres. (...) Il n'y a aucun doute, c'est fait sciemment", estime-t-il. Le soir-même, dans son talk-show désormais diffusé sur le digital, le chef de bande a enfoncé le clou. "On va faire une action en justice, on a énormément de chances de gagner", a-t-il assuré. "Ça va très bien, ça me touche pas du tout. Ça me touche, pour tous les Juifs de France. Ce qui pose énormément de problèmes, c'est qu'ils aient trafiqué mes traits pour qu'ils correspondent" à l'affiche d'un film antisémite de 1940, a-t-il dit, qualifiant LFI de "bien pire que l'extrême droite".
Soutiens habituels ou non, plusieurs personnalités et collectifs ont sévèrement condamné cette iconographie. C'est le cas notamment de Gérard Darmanin. Le garde des Sceaux a jugé sur CNews que le principe même des affiches revenait à "mettre des cibles dans le dos de ces journalistes, de ces hommes politiques ou de ces personnalités". Avec ce visuel "abject" qui "emprunte tous les codes des caricatures antisémites", "LFI n’a plus rien avoir avec la gauche antiraciste", estime pour sa part l’ancien sénateur socialiste David Assouline. "LFI recycle l'iconographie antijuive", a estimé la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) sur X. "Mille autres images auraient pu représenter l'extrême droite. LFI a choisi un juif et lui a fait nez crochu", a réagi l'UEJF (Union des étudiants juifs de France). "Pas besoin de beaucoup connaître l'Histoire pour savoir que cette iconographie est typiquement antisémite", a renchéri Yonathan Arfi, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Plus étonnant, Jean-Michel Aphatie, avec qui les relations sont tendues avec Cyril Hanouna, a tenu à témoigner dans une publication sur le réseau social son soutien à son rival. "Ce visuel de la France Insoumise est effrayant", a regretté l'éditorialiste, récemment démissionnaire de RTL, avant d’expliquer les raisons de cette inquiétude. "Parce qu’il rappelle la haine des Juifs des années trente. Parce qu’il dit une violence mentale inadmissible. Parce qu’il désigne une personne à la vindicte publique. Cyril Hanouna a raison de porter plainte", a-t-il martelé.
Les relations entre Cyril Hanouna et La France Insoumise se sont progressivement distendues ces dernières années, alors que plusieurs figures du mouvement apparaissaient auparavant régulièrement dans ses émissions. Le pic culminant de cette hostilité a été atteint en novembre 2022 lorsque le présentateur de "TPMP" avait injurié en direct le député du parti mélanchonniste Louis Boyard, qui s'était attaqué au grand patron de Canal+, Vincent Bolloré. Une incartade qui lui avait valu une condamnation à 4.000 euros d'amende, alors que C8 avait elle écopé d'une sanction record de 3,5 millions d'euros.