À Boston, dans le petit quartier de Charlestone, l'art du braquage se transmet de père en fils. C'est le cas de Doug McRay (Ben Affleck), as de la cambriole qui dirige ses forfaits d'une main de maître, jusqu'au jour où son équipe et lui prennent en otage la directrice d'une agence (Rebecca Hall). Ben Affleck avait pas mal de détracteurs par le passé (dont l'auteur de ces lignes). On lui reprochait une certaine fadeur, un manque de charisme flagrant, bref, une absence de talent... Comme quoi rien n'est gravé dans le marbre.
Quelques temps après sa surprenante première réalisation (Gone Baby Gone), Affleck a clairement mûri et est devenu simultanément un acteur et cinéaste intéressant. Son jeu est devenu meilleur (il suffit de voir sa bonne composition dans l'excellent Jeux de Pouvoir), il est beaucoup moins fade qu'avant et commence à prendre un peu de bouteille. Et avec The Town, Affleck prouve qu'il peut clairement jouer dans la cour des grands.
Morceaux de bravoure
Ambiance urbaine, personnages sensibles et marginaux, goût du polar, Ben Affleck commence petit à petit à esquisser une thématique et un univers dans sa courte et jeune filmographie. On ressent clairement un auteur derrière l'interprète de Daredevil. Certes, le scénario de The Town ne casse pas des briques, tout cela est très classique, mais il est rythmé et sans temps mort, et n’offre aucune scène inutile. Affleck va toujours à l'essentiel et c'est ce qu'on lui demande.
Il faut aussi louer la réalisation et les nombreux morceaux de bravoure du film. Affleck nous sert d'excellentes scènes, à commencer par celle d'introduction, qui rend hommage au cultissime Point Break de Kathryn Bigelow. On notera une deuxième scène de braquage, absolument décoiffante, suivi d'une course-poursuite en voitures d'anthologie. Et ne parlons pas du final, véritable feu d'artifice.
Casting de choix
Ben Affleck est meilleur qu'auparavant, mais il est aussi entouré d'un très bon cast. Ils sont tous parfaits. On est ravi de revoir Jeremy Renner, le chien fou de Démineurs, dans un rôle de tête brûlée qui lui va définitivement comme un gant. Rebecca Hall se révèle formidable, possédant une grâce et un charme unique. Jon Hamm est parfait en flic opiniâtre. Et n'oublions pas les autres (Cooper, Postlethwaite, Lively), tous impeccables.
Alors soyons clair : Ben Affleck ne possède pas la maîtrise d'un Michael Mann, la rigueur d'un Martin Scorsese, la profondeur d'un James Gray, ou l'élégance d'un Clint Eastwood, mais il signe clairement un très bon film qui ravit nos âmes cinéphiles. Pour un deuxième film, c'est déjà pas mal, non ?