

En apparence, tout réussit à "C à vous" : mercredi 23 avril 2025, la deuxième partie de l’émission décrochait son record depuis le début de l’année avec 1,30 million de téléspectateurs, soit 7,0% du public, entre 20h45 et 21h03. Mais depuis plusieurs semaines, l’envers du décor du talk-show de France 5 est pointé du doigt après plusieurs plaintes de membres de l’équipe. Une nouvelle enquête de l'hebdomadaire "Marianne", publiée dans le numéro papier du jeudi 24 avril, vient remettre une pièce dans la machine. Dans un article de deux pages, le journaliste s’intéresse aux coulisses "pas si cool" de la quotidienne, loin de "l’ambiance décontractée" visible à l’écran. Dans son reportage, le journal s’appuie sur les témoignages de "plusieurs salariés à tous les échelons" qui travaillent pour Troisième Oeil Productions. Cette société, créée par Pierre-Antoine Capton et dirigée notamment par le journaliste et chroniqueur Mohamed Bouhafsi, produit "C à vous" pour France Télévisions.
Des confidences recueillies sous couvert d’anonymat car on craint des représailles dans ce "petit milieu précaire dans lequel on peut vite se retrouver sans taf". Les collaborateurs interrogés témoignent de leur mal-être grandissant et d’un climat de souffrance au travail. Le 6 janvier 2023, une cheffe d’édition est convoquée par la direction après une rentrée "chaotique, marquée par plusieurs dysfonctionnements". La réunion terminée, "elle fond en larmes devant ses collègues" car elle vient d’être licenciée. Une scène qui marque un point de bascule : "À partir de ce moment-là, un climat de peur s’est installé", explique "Marianne" qui cite une cadre du groupe.
Un autre incident se déroule en mai 2024. Un programmateur, "maltraité tout au long de son contrat" se fait "hurler dessus devant toute la rédac'" par une productrice. Il n’a d’autres choix que de se mettre en arrêt maladie, étant devenu, selon ses mots, "un affreux zombie qu’il ne reconnaissait plus dans le miroir chaque matin". "Je n’étais pas venu pour souffrir et je pars avant qu’il ne soit trop tard", concluait-il dans un mail.
L’hebdomadaire se fait également l’écho de la souffrance de certains journalistes qui "se retrouvent parfois en pleurs après l’émission". Des salariés se disent victimes de "remarques déplacées" et de "mépris répété" face à une "bienveillance" inexistante. L’animatrice de "C à vous" est aussi mise en cause. "Tout est rapport de domination, Babeth peut être très brutale et humiliante en public", dévoile une ancienne fichiste à propos d’Anne-Élisabeth Lemoine. Et une autre employée actuelle de renchérir : "Alors que ce n’était pas le cas avant, la relation avec ses équipes s’est dégradée", la présentatrice ayant "peur de se faire remplacer".
Enfin, Pierre-Antoine Capton, le fondateur de cette société de production audiovisuelle et dirigeant de sa maison-mère, Mediawan, n’est pas épargné. Une ancienne journaliste l'accuse d’avoir "inventé la production low-cost" avec "des économies à tous les niveaux". "Les salariés tirent la langue mais tant que ça tient, on ne change rien", témoigne un ex-technicien de "C à vous".
Face à la gravité de la situation, le cabinet de conseil en ressources humaines Alterhego a été mandaté pour "analyser les situations de travail", révélait "L’Informé" la semaine dernière. De son côté, Mohamed Bouhafsi, visé également par des critiques, avait tenté de désamorcer la polémique sur "Franceinfo" le 17 février dernier : "Je n'ai pas envie de dialoguer avec les rumeurs, c'est infondé pour moi. Mais ce n’est pas grave, c’est la vie. C’est la rançon du succès", avait-il débuté. Avant de reconnaître que le rythme d’une quotidienne était "très dur" : "C’est parfois très compliqué de toujours avoir la même ambition. Mais des documentalistes, aux fichistes, aux journalistes, aux JRI, j’estime qu’on a la meilleure rédaction de France parce que ce sont des gens qui sont motivés et qui se battent chaque jour. Il n’y a pas de malaise". Des propos que cette enquête de "Marianne" vient mettre à mal.