Emmanuel Kessler : "Vingt ans après sa création, Public Sénat n'a jamais été aussi utile"

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Emmanuel Kessler : "Vingt ans après sa création, Public Sénat n'a jamais été aussi utile"
Par Benjamin Meffre Journaliste
Passionné par les médias, l’économie et la politique, Benjamin est rédacteur en chef de puremedias.com dont il a intégré la rédaction en 2013.
Emmanuel Kessler
Emmanuel Kessler © Capa Pictures / Public Sénat
La chaîne parlementaire fêtera ses 20 ans d'existence ce soir avec une soirée documentaire.

Public Sénat à l'âge adulte. Créée en 2000, Public Sénat fête ce soir ses 20 ans d'existence. Pour l'occasion, la chaîne parlementaire partageant le canal 13 de la TNT avec LCP a décidé de programmer en prime time cinq de ses documentaires primés qui reflètent selon elle sa ligne éditoriale. A cette occasion, puremedias.com a interrogé le patron de Public Sénat, Emmanuel Kessler, pour faire un point sur la situation de la chaîne.

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Propos recueillis par Benjamin Meffre.

puremedias.com : A quoi sert une chaîne comme Public Sénat en 2020 ?
Emmanuel Kessler : Vingt ans après sa création, Public Sénat n'a jamais été aussi utile qu'aujourd'hui. Notre mission fixée par la loi est la formation des citoyens à la vie civique. C'est une nécessité qui a rarement été aussi forte alors que nous traversons un bouleversement sans précédent qui questionne toutes les bases de notre vie en commun. Nous traitons de l'actualité parlementaire à un moment où le Parlement a un rôle crucial à jouer dans le contrôle d'un exécutif aux pouvoirs renforcés par les impératifs de la crise. Une chaîne comme la nôtre, qui met le citoyen aux premières loges de la vie politique de la nation, me paraît indispensable.

Les records d'audience enregistrés en 2018 et 2019 lors des auditions liées à l'affaire Benalla ont-ils marqué un tournant dans l'histoire de la chaîne ?
Disons que cette affaire a constitué le point d'orgue d'une activité de longue date pour Public Sénat. Dès le début de la chaîne, Jean-Pierre Elkabbach (le premier patron de la chaîne, ndlr) a bataillé pour faire entrer les caméras dans l'hémicycle, mais aussi dans toutes salles de débat du Sénat. Au début, certains sénateurs étaient réticents, de peur que cela ne gêne ou ne dénature les discussions. Mais cela a au contraire renforcé la perception du rôle de contrôle du Parlement et créé de l'attractivité pour son action.

Votre rôle est-il de redorer le blason du Sénat et des sénateurs, très critiqués par beaucoup de Français ?
Public Sénat n'a pas à redorer l'image du Sénat qui est souvent perçu par les citoyens comme un contre-pouvoir utile, particulièrement depuis plusieurs années, du fait de sa sensibilité politique différente de celle de l'exécutif et de l'Assemblée nationale. Le Sénat est aussi la voix des territoires, à une époque de notre vie politique où ils prennent une place grandissante. On l'a vu de manière criante lors de la crise des Gilets jaunes où l'on a beaucoup reproché à la décision politique de venir d'en haut au détriment des réalités du terrain. Public Sénat a simplement accompagné le rayonnement du Sénat grâce à la pédagogie de ses programmes.

Ils ont dit
"Nous aurions sans doute été la variable d'ajustement de France Médias"
Emmanuel Kessler

Quelle est la différence de ligne éditoriale entre LCP et Public Sénat ?
Nous partageons en bonne entente le canal 13 avec des lignes éditoriales complémentaires. Nous accordons notamment une place plus grande aux territoires et à l'actualité locale, via par exemple notre partenariat avec la presse quotidienne régionale.

Le serpent de mer d'une fusion avec LCP est-il enterré ?
Oui.

Pourquoi ne pas avoir fait alliance avec les matinales locales conjointes de France 3 et France Bleu alors que vous proposez une matinale "des territoires" ?
Nous avons plusieurs coopérations avec France 3 mais ce que font France 3 et France Bleu est de la pure information locale destinée à un territoire précis. Nous, nous avons une approche un peu différente puisque nous nous intéressons à des initiatives locales qui ont un intérêt pour l'ensemble du pays, ou au contraire, aux conséquences dans les territoires de décisions nationales. Ca n'avait donc pas grand sens de produire en commun car nous ne faisons pas exactement la même chose.

Les chaînes parlementaires ne rejoindront pas France Médias, la future holding de l'audiovisuel public prévue par la réforme du gouvernement. N'y-a-t-il pas un risque de marginalisation ?
Au contraire. Statutairement déjà, c'est impossible. Notre chaîne et LCP sont nées d'initiatives parlementaires et dans le cadre de la séparation des pouvoirs. Nous ne pouvons donc pas être rattachés à une entité qui, si elle est bien créée, dépendra de l'Etat, alors que notre actionnaire est le Sénat. C'est d'ailleurs très bien pour l'indépendance et la diversité de l'audiovisuel public. Ensuite, sur le plan fonctionnel, nous aurions sans doute été la variable d'ajustement, la cinquième roue du carrosse, en tant que petite structure dotée d'un budget de 17 millions d'euros plongée au milieu d'un ensemble à plusieurs milliards d'euros de budget. Rien ne nous empêche en revanche de passer des partenariats stratégiques avec d'autres acteurs de l'audiovisuel public comme nous le faisons déjà. C'est selon moi bien plus efficace. Il vaut mieux raisonner en termes de contenus que de structures.

Ils ont dit
"L'audience n'est pas notre première finalité"
Emmanuel Kessler

Comptez-vous rester sur la TNT, alors que LCP a envisagé de la quitter ?
La période actuelle exceptionnelle montre la puissance incontestable de la télévision. C'est un média de lien, contrairement aux plateformes qui sont des médias davantage individualistes. Je ne vois pas comment, alors qu'on voit en ce moment l'importance de la télévision comme rarement, on pourrait quitter la TNT. C'est un mode de diffusion gratuit et égalitaire en tout point du territoire.

Vous ne comptez toujours pas intégrer les mesures quotidiennes d'audience de Médiamétrie ?
Non, nous n'avons pas changé de position et ce pour deux raisons. Tout d'abord, l'audience n'est pas notre première finalité. Nous voulons avant tout être une chaîne du temps long, de la pédagogie et du lien social, et ce d'autant plus que nous n'avons pas la contrainte publicitaire des autres chaînes. Deuxièmement, cette mesure quotidienne de l'audience n'est pas dans nos moyens. Nous ne négligeons pas les chiffres pour autant, et pilotons la chaîne avec des mesures d'audience plus ponctuelles et donc moins onéreuses.

Pouvoir s'affranchir de l'audience n'est-il pas un luxe inouï aujourd'hui ?
Ce n'est pas un luxe, c'est une obligation démocratique et une formidable liberté. Si tout était soumis à l'audience, on verrait la télévision s'atrophier.

La crise va-t-elle influencer votre grille de la saison prochaine ?
Nous sommes en réflexion sur la grille de la rentrée prochaine. La crise que nous traversons va évidemment modifier notre offre de programmes. Nous allons notamment faire encore davantage entrer les codes du numérique dans nos formats. Ces dernières semaines à la télé, l'interactivité a connu un véritable boom du fait du confinement. A l'avenir, le citoyen va encore davantage devoir être acteur des programmes.

Ils ont dit
"J'ai augmenté de 10% l'enveloppe dédiée à la production de documentaires"
Emmanuel Kessler

Quand pensez-vous pouvoir revenir avec toutes vos émissions à l'antenne ?
Notre souhait est de pouvoir reprendre progressivement nos rendez-vous à partir du 11 mai. Nous le ferons évidemment avec pour souci unique la sécurité de nos collaborateurs. Je ne peux donc pas encore vous donner de date précise. Tout cela est encore à définir, en concertation avec les salariés.

Les documentaires resteront-ils un pilier de votre offre dans les années à venir ?
Oui, c'est d'ailleurs pour cela que nous avons choisi de les mettre en avant pour notre anniversaire. Ce sont des formats qui permettent de traiter les questions de fond et d'ouvrir le débat. C'est exactement notre mission et c'est l'un de nos marqueurs historiques. Depuis que je suis arrivé en 2015, j'ai d'ailleurs augmenté de 10% l'enveloppe dédiée à la production de documentaires, pour la porter à près de 440.000 euros par an, et ce alors que le budget de Public Sénat était gelé.

Vos productions de docs rejoindront-elles Salto ?
Nous allons étudier toutes les possibilités pour donner un maximum de visibilité aux oeuvres de Public Sénat. Si, par des accords ponctuels, nous pouvons l'augmenter en les diffusant sur des plateformes, nous le ferons, surtout si cela nous donne plus de moyens de production. Notre mission étant d'offrir nos contenus gratuitement au plus grand nombre, nous privilégierons cependant les plateformes gratuites. J'ai d'ailleurs des discussions avec Yves Bigot, le patron de TV5, pour voir comment certaines de nos productions pourraient intégrer la plateforme qu'il lance.

Etes-vous toujours désireux de pouvoir diffuser plus de publicité sur Public Sénat pour dégager de nouvelles ressources ?
Nous avons une position commune avec LCP sur ce sujet. Compte tenu du gel de notre budget, qui sera sans doute durable du fait de la crise des finances publiques, je suis favorable à titre personnel à un desserrement des règles de parrainage, notamment en matière de campagnes d'intérêt général, comme pour la sécurité routière par exemple. Cela nous donnerait des marges de manoeuvre supplémentaires. Après, c'est au Parlement de juger si cela est opportun ou pas.

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