Elle avait prédit en fin de saison dernière que son mois de septembre 2024 serait "costaud". Le 12 septembre 2024, Puremédias a pris place dans le train qui menait les animateurs et les journalistes de RTL au Mans (Sarthe), décor de la photo de rentrée de la station, signée Raymond Depardon, et rencontré Faustine Bollaert. L'animatrice a évoqué son arrivée dans la grille du groupe M6, posé son regard sur ses deux quotidiennes et révélé son appétence pour le divertissement.
Propos recueillis par Ludovic Galtier Lloret
Puremédias : Vous présentez "Ça commence aujourd'hui" en quotidienne depuis 2017 sur France 2. Qu'êtes-vous venue chercher avec "Héros", votre nouvelle quotidienne testimoniale sur RTL ?
Faustine Bollaert : Je ne suis pas venue chercher quelque chose en particulier. Cela faisait très longtemps, qu'en tant que folle de radio (sa première expérience sur Europe 1 dans "Le grand direct des médias" de Jean-Marc Morandini remonte à 20 ans, ndlr), je n'ai eu de cesse de dire à quel point la radio me manquait presque charnellement. Cela faisait très longtemps que l'on discutait avec RTL.
Pourquoi maintenant ?
La radio est un média de privilège, il y a peu de cases donc peu d'élus. Il fallait qu'il y ait une sorte d'alignement de planètes. J'avais envie de faire du témoignage et je ne pouvais ni être en concurrence avec mon émission sur France 2 ni être en direct. Cela faisait un petit moment que l'on se disait que l'on allait y arriver. Puis, j'ai eu cette proposition qui me permettait de faire tout rentrer dans mon emploi du temps.
Quelques jours après vos débuts et surtout huit ans après l'arrêt de "Je suis d'où je viens" sur France Bleu, quel premier bilan faites-vous de votre retour à la radio ?
Quel bonheur de retrouver le micro, le studio et la palette d'animation possible ! À l'animation de "Ça commence aujourd'hui" sur France 2, je représente le service public, je parle de sujets extrêmement sensibles et ma parole implique toute une équipe et notamment ma chaîne. Sur RTL, je suis plus spontanée, plus naturelle, beaucoup plus ce que je suis. Retrouver un groupe à taille humaine, ne serait-ce qu'avoir un bureau, c'est quelque chose qui m'avait manqué depuis "100% mag" sur M6.
Vous vous étiez préparée à un mois de septembre "costaud". Tenez-vous le choc avec deux quotidiennes ?
J'ai sous-estimé l'énergie qu'allait me donner cette radio. J'avais vu beaucoup de contraintes d'organisation avec ma fille qui entre au collège, j'avais sous-estimé le kif, le plaisir. À l'exception de la semaine dernière, où j'ai tourné "Prodiges", le lundi et le mardi est consacré à RTL et le jeudi et le vendredi sont dédiés aux enregistrements de "Ça commence aujourd'hui". J'essaie de garder mon mercredi pour mes enfants.
Trois semaines après le lancement de "Héros", le conducteur est-il déjà ouvert à des ajustements ?
Le conducteur est très ouvert, c'est l'avantage avec un média aussi souple. L'éventail des sujets est plus large que dans "Ça commence aujourd'hui" et mon ton beaucoup plus léger. Il y a quelques jours, par exemple, on a fait une émission sur les crouples (les couples à quatre, ndlr). Ce sujet aurait été plus compliqué à aborder sur France Télévisions que sur RTL, où l'on va traiter de sujets plus espiègles, plus fantaisistes, et faire des pas de côté plus audacieux.
La liberté éditoriale serait-elle plus importante sur RTL que sur France 2 ?
Sur France 2, on se concentre sur des sujets "rouleaux compresseurs", ceux que les téléspectateurs attendent. Sur RTL, je peux me permettre d'expérimenter : j'ai demandé à recevoir un thanatopracteur, un hermaphrodite, on a aussi parlé de l'avortement dans les années 50. RTL fait confiance à ma personnalité et ma façon d'aborder les thèmes. Bien sûr, nous avons des petits bras de fer avec la direction. Mais comme je n'ai pas encore les audiences, je peux encore faire ce que je veux (rires).
Si la tranche de soirée est moins stratégique, RTL vous a-t-elle fixé des objectifs d'audience ?
Pour l'instant, il n'y a pas de pression. Pour moi, qui suis camée aux audiences et au bonheur du 9h02 (heure à laquelle Médiamétrie livre les audiences télé chaque matin, ndlr), je trouve ça très agréable que l'on me laisse le temps de m'approprier les choses. Ceci dit, je sais que tant qu'il n'y a pas de chiffres, l'heure est à la lune de miel avec RTL. La donne changera peut-être d'ici 15 jours (rires).
À la télévision, Hugo Clément a marché sur vos plates-bandes en début d'année avec le lancement de "Nos grandes décisions", une émission de société diffusée en deuxième partie de soirée. L'avez-vous vue et avez-vous fait de nouvelles propositions à la direction en la matière à France Télévisions ?
Non, et je vais être très claire, j'ai fait en 2023 une émission de société sur le harcèlement scolaire ("Harcèlement scolaire : Briser le silence"), j'en suis sortie très abimée et personne ne l'a regardée (l'Éducation nationale s'est saisi de ce film qui circule dans les écoles, ndlr). Comme c'est la deuxième fois que je tente l'émission sociétale de prime, j'ai été un peu refroidie. Si vous souhaitez mon avis sur la question, je pense qu'aujourd'hui, personne n'a trouvé la recette pour faire de l'émission sociétale un succès en soirée. Les téléspectateurs ont moins envie d'émissions de plateau. Le style Delarue, on est passé à autre chose et ce qui fonctionne à 14h n'est pas gage de succès quand on le transpose le soir. Le public, aujourd'hui, est en appétit de divertissement en soirée, il veut se détendre. On veut du jeu avec Cyril Féraud, on veut du fun avec Karine Le Marchand. J'aspire aussi au divertissement en tant que Mme Michu.
Aspirez-vous à présenter plus de divertissements ?
Bien sûr ! J'en parle régulièrement à Stéphane Sitbon-Gomez (directeur des antennes et des programmes de France Télévisions, ndlr). J'ai envie de faire du divertissement avec mes émissions de témoignage en parallèle. Je travaille, en tant que productrice et animatrice, au développement de créations pour le premier semestre 2025. Je n'ai pas non plus laissé tomber l'idée d'un talk le week-end. En prime, j'ai la chance de présenter deux marques régulières, avec "La boîte à secrets" (4 à 5 numéros sont commandés cette saison, ndlr) et "Prodiges", qui m'éclate. J'aimerais trouver un ou deux divertissements piliers en plus de ces deux marques.
"Prodiges pop", la déclinaison de "Prodiges", que vous avez présentée en septembre 2023, a-t-elle un avenir ?
Cela ne reviendra pas, non ! Au vu du succès de "Prodiges", par contre, on réfléchit à ajouter un prime dans la mécanique basée aujourd'hui sur trois émissions (deux demi-finales et une finale, ndlr).
Vous évoquiez le week-end. En début de saison dernière, vous occupiez une case de France 2 le samedi après-midi avec "Ça vaut le coup". Très vite, l'émission s'est arrêtée. Que s'est-il passé ?
Il y a eu une succession d'incompréhensions entre la chaîne et moi. Plusieurs questions se posaient : sur la construction de grille, y a t-il une case à 17h le samedi ? Sur le conducteur, est-ce qu'on fait de la conso, du divertissement, du magazine dans la veine de "Combien ça coute ?" ou plutôt de "100% mag". Personne ne s'est mis d'accord et à un moment donné, c'est moi qui ai dit stop. Cela ne veut pas dire que l'émission ne va pas revenir mais il fallait que l'on se pose.
Lors de la conférence de presse de rentrée de France Télévisions, Stéphane Sitbon-Gomez a annoncé que "Safe Zone", l'émission de témoignages, encore une, que vous incarnez sur Youtube, arrive sur la plateforme france.tv, plus précisément dans l'univers de france.tv slash. Une arrivée sur le linéaire est-elle envisagée ?
Non mais je suis heureuse que France Télévisions rapatrie cette émission qui disposera de plus de moyens. Nous allons recevoir des pointures de Youtube. Je suis l'une des dernières animatrices de linéaire et je trouve qu'il est très important de monter dans le train du numérique. Quand je me balade, les jeunes me parlent de "Safe Zone" tout le temps. Je suis fière d'être ce pont entre l'animatrice "druckérienne" que je suis et les youtubeurs et d'amener les uns à connaître les autres. Je suis entrée dans leur univers et ils sont entrés dans le mien parce que quand je leur demande quels sont les animateurs qu'ils connaissent, il y en a certains qui ne sont capables de citer personne d'autre que Dechavanne ou Nikos. J'ai envie d'être un pont entre les générations. De la même façon, quand je fais "La boîte à secrets" et que je fais se rencontrer Daniel Guichard et Vitaa, je me dis que c'est là que je veux être.
Dans "Ça commence aujourd'hui", vous avez reçu Sophie Davant, qui vous a précédée avec "Toute une histoire" à la tête de l'émission testimoniale du début d'après-midi sur France 2. Accepteriez-vous, vous aussi de passer du côté des témoins le temps d'une émission ?
Pas pour l'instant. On m'a proposé beaucoup d'émissions où il faudrait que je donne un peu plus de moi, je pense que je connais trop les ficelles et que j'aurais du mal à baisser la garde aujourd'hui. Je pense que je ne suis pas encore une bonne cliente de mes propres émissions. Mais ça viendra !