Dans un entretien accordé au Monde, Christine Ockrent contre-attaque. La présidente est accusée par son supérieur hiérarchique, Alain de Pouzilhac, d'être à l'origine des difficultés financières de la chaîne d'information internationale. De surcroît, l'ancienne présentatrice de France 3 est au coeur d'une polémique alors que l'AEF, la holding qui chapeaute France 24, RFI et TV5, a été victime d'une sombre affaire d'espionnage informatique. Depuis, l'ensemble du personnel de France 24 a manifesté sa volonté de ne plus collaborer avec Christine Ockrent lors du vote d'une motion de défiance approuvée à 85% par les votants.
« J'estime que ma réputation et mon honneur ont été souillés et je tiens désormais à faire valoir mes droits », indique Christine Ockrent.. Il existe une crise au sein de l'AEF qui n'est pas de mon fait mais dont je suis la victime. Pendant deux ans et demi, le tandem que j'ai formé avec M. de Pouzilhac a bien fonctionné. La complémentarité était évidente. A lui, en tant que chef d'entreprise, la gestion et le dialogue social, à moi, en tant que journaliste, les contenus audiovisuel et multimédia. Mais cet attelage a déraillé. Depuis quatre mois, je n'ai plus accès à aucun dossier et je vis dans un climat de violence, d'humiliation et de souffrance intolérables. Je ne peux plus jouer mon rôle, surtout au moment où s'accélère le projet de fusion entre les différents médias du groupe. C'est une véritable torture morale. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai décidé de réagir », ajoute-t-elle.
« C'est une question d'honneur de ne pas capituler »
Ainsi, la directrice générale déléguée de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) a décidé de saisir les tribunaux. « Je vais déposer plainte contre X pour harcèlement moral dès la semaine prochaine. La qualification juridique précise et l'identification des personnes relèveront du travail des magistrats. Il s'agit de faire valoir mes droits à l'encontre des personnes qui ont un comportement que rien ne justifie, ni n'autorise. Je veux mettre fin au mensonge et à cette entreprise de démolition », précise Christine Ockrent, démentant au passage tout rôle dans l'affaire d'espionnage qui secours l'AEF. « Une enquête privée diligentée par M. de Pouzilhac n'a apporté aucun élément de preuve contre moi. Quant à l'enquête de police, elle a été close sans même qu'il ait été nécessaire que je sois entendue », indique la compagne de Bernard Kouchner, l'ancien ministre de tutelle de l'AEF.
Puis, Christine Ockrent accuse Alain de Pouzilhac : « Il s'est débarrassé avec brutalité d'un directeur de l'information qu'il jugeait trop proche de moi et a imposé, contre ma volonté, un directeur de la rédaction qui n'a pas caché qu'il voulait ma décapitation ! M. de Pouzilhac estime que France 24 est sa chose, il considère que c'est sa propriété personnelle. Même s'il a affirmé dans un premier temps être fier de travailler avec moi, je crois qu'il n'a pas supporté que sa créature lui échappe, qu'il ne soit plus le seul à incarner cette chaîne », estime-t-elle.
La journaliste dément par ailleurs sa volonté de quitter l'AEF et France 24 comme l'affirmait Le Canard Enchaîné. « Malgré ce que je lis dans la presse, je ne négocie aucune indemnité. C'est une question d'honneur de ne pas capituler », indique-t-elle.