Interview
Shirley Bousquet : "Jouer les garces, j'adore ça !"
Publié le 15 juin 2010 à 18:23
Par puremedias
Entretien avec la comédienne, qui évoque ses rôles de peste, Valérie Damidot et son appartement, et la scène du crotale dans "L'amour, c'est mieux à deux".
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Pour beaucoup, Shirley Bousquet est et restera la garce Nancy de Caméra Café, une série qui lui a apporté une notoriété et ouvert des portes dans la fiction française - même si elle a fait ses débuts dès l'âge de quinze ans en tant que comédienne. Pour d'autres, elle est une autre garce, Jeanne, la soeur de Valentine dans Sous le soleil. Mais si cette image lui colle à la peau, Shirley Bousquet a récemment étoffé sa palette, via un rôle de bimbo dans la comédie L'amour, c'est mieux à deux, et en tant qu'amie de Victoire Bonnot, alias Valérie Damidot, dans la fiction du même nom.

De passage à Monte-Carlo la semaine dernière, l'actrice a accordé une interview à Ozap. Elle parle des rôles qui ont marqué sa carrière, de son image de peste, et de Victoire Bonnot. Elle évoque plus largement sa carrière, sa participation au film Omar m'a tuer de Roschdy Zem, ou encore la fameuse scène du crotale, dans L'amour c'est mieux à deux. Entretien.



Pouvez-vous nous parler un peu de Victoire Bonnot ?
Alors, Victoire Bonnot. Je joue une prof de maths. Ca se passe dans un lycée, c'est tous les faits divers qui se passent actuellement dans les lycées, et Dieu sait si le sujet est riche, parce qu'en ce moment, on entend quand même beaucoup de choses. Aujourd'hui, ce n'est pas facile d'être prof dans un lycée, et j'ai l'impression que ce n'est pas facile d'être un étudiant, parce que, vraiment, il se passe beaucoup de choses dans ce petit monde.

Vous vous voyez en prof ?
A l'époque, j'étais plutôt pas mal au niveau des maths, moins au niveau de l'orthographe. Mais de là à être prof... Ca ne me fait pas rêver du tout, je trouve que c'est un métier très très dur, et ça ne va pas en s'arrangeant. Je trouve qu'il y a beaucoup de violences, les étudiants deviennent durs, enfin voilà. C'est un peu la guerre dans cet univers. Maintenant à jouer, c'est assez jouissif. Le rôle de prof s'apparente pas mal au rôle de comédien, en fait. Il y a plein de similitudes. Ils sont sur une estrade, ils ont un public et puis ils doivent faire le show quand même. Enfin, en tout cas, moi, les profs qui m'intéressaient, c'était les plus volontaires, ceux qui paradaient un peu quoi, qui me captivaient. Un prof, c'est un peu un comédien pour moi.

Ce rôle vous a changée de ce que vous jouez traditionnellement ?
Alors justement, pendant longtemps, la garce a été mon fond de commerce. Je faisais les garces, les méchantes, les carriéristes, les manipulatrices, et j'adore ça (rires). Et puis en France, comme ailleurs je pense, la brune, c'est souvent la méchante, et la blonde, beaucoup plus naïve. Voilà, alors on joue avec ces codes-là. Moi, je dois avouer que je suis ravie de faire les méchantes. Je préfère ça que faire les nunuches, personnellement. Même si là, je fais une nunuche dans L'amour c'est mieux à deux.

Une nunuche brune...
Oui, bah pour le coup, ça change, on n'est pas dans les clichés. Une nunuche brune ! Je me suis régalée, je me suis même battue pour avoir ce rôle. Parce que, au départ, on ne voulait pas me rencontrer car je n'étais pas dans ces codes-là. Maintenant, peut-être que je vais me taper dix ans de nunuche ? Je ne suis pas sure d'avoir envie de ça non plus. Mais voilà. Et dans Victoire Bonnot, pour une fois, je suis une prof plutôt sympathique. je suis la bonne copine de Valérie Damidot, donc Victoire. Je pense que je suis plutôt sympathique dans cette série. Ca me change.



La série a bien démarré ?
La série a cartonné puisqu'on a fait 4 millions sur M6, ce qui représente, à peu près, les meilleures audiences en fiction depuis trois ans.

Vous avez la garantie de combien d'épisodes ?
La garantie ? Alors ça non, garantie, ça n'existe pas (rires). On a tourné deux épisodes et on en tourne un troisième cet été. Alors voilà, en ce moment, on s'envole vers les quatre, cinq, sixième épisodes, mais soyons prudents, chaque diffusion a son lot de pression.

Vous regrettez que ce ne soit pas tourné comme "une vraie série", épisode par épisode, plutôt que par téléfilm ?
Je dois avouer que de mon côté, le coup par coup m'arrange, parce que, moi personnellement, je fais ce métier-là pour rêver, pour interpréter plein de personnages. J'adore faire les garces, j'ai adoré faire la nunuche. Maintenant, je n'ai pas forcément envie d'être enfermée dans un rôle pendant 20 ans. Les feux de l'amour, ça ne me fait pas rêver. C'est plus confortable pour moi de faire deux épisodes, après on verra, entre temps je fais autre chose... C'est une bulle d'oxygène dès que je fais un autre tournage. J'aime bien ce petit rythme. Voilà, j'aime changer d'équipe. Je fais du cinéma en ce moment, et j'avoue que je prends beaucoup de plaisir. J'ai des partenaires comme Clovis Cornillac. Là en ce moment, je tourne Omar m'a tuer de Roschdy Zem avec Sami Bouajila, Denis Podalydès... Si j'étais enfermée dans une série, je n'aurais pas accès à ces gens, et j'ai un plaisir fou à pouvoir donner la réplique à des grands comédiens.



Vous avez regardé la deuxième version de Caméra Café ?
Caméra Café, c'est une histoire très ancienne pour moi, puisqu'on a fini en 2005. Seulement, c'est La petite maison dans la prairie. C'est diffusé, rediffusé, comme Un gars, une fille, qui passe encore à la télé. Jean Dujardin, aujourd'hui, il est bien loin d'Un gars, une fille. En ce qui concerne la deuxième équipe, et les nouveaux comédiens, le public a estimé qu'il préférait l'ancienne version. Moi je n'ai pas suivi assidûment. (Gênée) Ce n'est pas resté assez longtemps non plus, pour que je m'y attarde... Mais les comédiens étaient très bien. Je pense que les gens étaient juste séduits et attachés à la première équipe. Voilà, ça n'a rien à voir avec les comédiens. Puis ça a été diffusé rapidement, ils n'ont pas eu le temps de se détacher de la première équipe.

Là vous tournez avec Valérie Damidot. Ca vous plairait qu'elle refasse votre appart' ?
Je suis très contente de mon appart, j'aime son petit look. Donc pour le moment, on ne touche pas à mon appart' (rires). Non, en plus j'adore ça moi, faire du parquet, du carrelage... Mon père m'a éduquée avec une ponceuse entre les mains. Donc j'adore faire les choses par moi-même. Et si on touchait à mon appart, ce serait une grosse frustration ! On peut me donner deux-trois idées, mais la décision au final, c'est moi qui la prends (rires).



Beaucoup de femmes, et peut-être encore plus chez les comédiennes, ont recours à la chirurgie esthétique. Vous en pensez quoi ?
Je crois que je vais éviter au maximum de toucher à quoi que soit de mon physique. Parce que j'ai l'impression que le botox et tout ce qui s'en suit, ce n'est pas vraiment à la hauteur. En tout cas, je trouve que ça fait plus de mal que de bien, souvent. En tous cas, l'abus. J'ai l'impression que c'est une drogue. Les premières piqûres c'est "waouh", et puis très vite c'est "uuuuhh". Je crois que je préfère de jolies rides, que de ressembler à un chat fatigué (rires). J'ai peut-être tort. Peut-être que dans cinq ans, je vous dirai "Vive le botox !" (rires).

Quelques mots sur Omar m'a tuer ? Quel rôle jouez-vous ?
Alors moi je suis dans la partie plus romancée. Je suis la femme de Denis Podalydès, qui est un auteur à succès, qui va mener une contre-enquête pour la cause d'Omar. Et moi je suis donc la femme de cet auteur qui vit un peu dans l'ombre. Lui est un auteur de renom, moi je suis une artiste peintre. Et pour une fois, ça y est, je m'envole un peu, je fais mon premier vernissage et malheureusement, mon mec va plus être intéressé par Omar que par mon vernissage et donc par moi-même. Ce qui va créer un conflit de couple, et donc voilà. C'est la description de mon rôle.



Quelle est votre série préférée ?
J'avoue que j'aime bien tomber sur Dr House. J'aime beaucoup. Et là je suis tombée sur le coffret d'une série, mais ça ne passe pas à la télé, je suis un peu retardataire... Je mange trois-quatre épisodes chaque soir... C'est Six Feet Under. J'ai vraiment été fascinée par cette série, qui n'existe pas du tout en France. On n'aurait pas ce courage de traiter de la mort comme ça. Je trouve que ça va très très loin aussi dans la psychologie. Il y a quasiment de l'inceste, enfin ça traite de tout, mais avec... c'est pas de l'humour, mais quand même un peu. J'ai été fascinée.

Vous regardez quoi d'autre à la télévision ?
J'adore la télé, c'est terrible, et je regarde tout ! Ca devient un drame. Moi, vous me mettez devant Confessions Intimes et je suis fascinée. Je reste bêtement devant ma télé. Je suis fan de Confessions intimes, de Strip-Tease. Alors là, mettez-moi devant Strip-Tease et je suis bloquée pendant deux heures. Parce que ça me nourrit. Ce sont des vrais gens et pour moi, c'est truffé de personnages à voir. Il y a plein d'histoires dans Confessions Intimes. J'adorerais interpréter des personnages comme ça. Ca va loin dans la folie. Il y a quand même des femmes folles de jalousie (« Regarde par terre ! Regarde par terre ! »). C'est excessif. C'est à dire que c'est ce que je ferais en me disant que c'est trop, mais non, ce n'est pas trop. La réalité est toujours plus forte que la fiction. C'est hallucinant ! J'ai vu une femme fan de tunning. C'était surréaliste ! Elle préfère sa voiture à ses mômes ! Moi je suis fascinée par ça et à chaque fois je rêve d'interpréter des rôles comme ça.

Votre rôle idéal ce serait quoi ?
Il n'y en a jamais vraiment, c'est toujours le prochain qui m'excite, je me suis battue pour l'avoir et donc quand je l'ai, j'ai envie d'en faire de grandes choses.

Des films qui vous font rêver alors ?
Alors là, Les amants de l'ombre, 1940. Je trouve que c'est une époque merveilleuse. Les films en costumes d'époque, je trouve que pour la femme, c'est extraordinaire. La femme est extrêmement femme. Maintenant, il n'y a pas longtemps, j'ai été au Crazy Horse pour voir un nouveau spectacle extraordinaire, du metteur en scène Decouflé. A ce moment-là, j'ai eu envie d'interpréter une danseuse du Crazy Horse. C'est magnifique, extraordinaire ! Ca me fait rêver, parce que ce n'est pas érotique, c'est femme ! J'avais envie de mettre des talons hauts, de mettre du rouge à lèvres, d'être femme jusqu'au bout des ongles. Voilà donc ça j'aimerais, une histoire autour de la danse, pourquoi pas. Après faire une folle qui aime plus sa voiture que ses deux gamins, ça m'amuserait aussi.



Des partenaires rêvés ?
Dans la comédie, j'adorerais tourner avec Benoît Poelvoorde, et d'ailleurs, j'adorerais tourner un film belge, parce que j'adore leur univers. Je trouve qu'ils ont un décalage à l'anglaise, un peu une auto-dérision qui me fascine et qu'on n'a pas forcément en France je trouve. Après, j'aime aussi les films un peu plus... pourquoi pas avec Guillaume Canet (rires). Et pour le réalisateur, si je pouvais tourner avec Audiart, alors là... je serais la plus heureuse des femmes (rires). Et Romain Duris aussi, bien sûr, tant qu'à faire (rires). Je ne suis pas contrariante (rires). Il y en a plein, vraiment. Jean Dujardin... Là en ce moment, j'ai eu la chance de faire un grand écart entre le film de Dominique Farrugia - j'avais envie depuis très longtemps de tourner avec Clovis Cornillac - et, toute de suite après, je tourne avec, en tant que réalisateur, Roschdy Zem, et Denis Podalydès. J'avais les genoux qui tremblaient parce que là, c'est quand même un cinéma plus "d'auteur", calme, posé, sur un plateau très silencieux, très concentré. Là c'était vraiment un grand écart et j'ai adoré. J'aime travailler avec des gens différents, j'adore la comédie, le drame me plaît aussi parce que j'ai plein de choses à défendre aussi à ce niveau-là. J'aime les grands écarts (rires). Je suis souple (rires).

Pour la dernière question, pourriez-vous me dire comment vous avez tourné la fameuse scène du crotale dans L'amour c'est mieux à deux ?
Figurez-vous que c'est une improvisation. Je vais même vous dire mieux. C'est très bizarre parce que c'est une improvisation lors du casting. C'est peut-être grâce à ça que j'ai obtenu le rôle. Il était écrit autre chose. Je devais prendre un préservatif et estimer que c'était un chewing gum. Alors j'ai dit : "Attendez, je veux bien être bête, mais là ce n'est plus de la bêtise. Ca n'existe plus. Qui confond encore un chewing gum et un préservatif ?". Alors on m'a dit : "OK, invente un truc". On me dit "Action !", arrive le moment du préservatif, je ne peux pas le faire, je regarde mon partenaire, il faut que je fasse un truc ridicule, j'ai rien sur moi... Qu'est-ce que je fais ? Bah je sors ma langue. Et l'autre a été formidable parce qu'il me dit : "mais qu'est-ce que c'est ?". J'ai eu un moment de silence et je lui ai répondu : "Bah c'est le crotale !". Parce que, deux jours avant, j'avais vu un documentaire animalier sur le crotale. Et rien que le nom m'amuse. Donc j'ai sorti ça. Je ne sais pas d'où ça m'est venu. Voilà, parfois il y a des petites magies comme ça. Et je pense que j'ai fait rire les gens quand ils ont visionné. Donc un, ils ont gardé le crotale dans le film, et deux, je pense que c'est un peu lié au fait que j'ai obtenu le rôle. Il y a eu une petite magie qui ne vient de rien. Même moi je ne sais pas pourquoi j'ai dit le crotale à ce moment-là quoi. Deux jours avant, je ne savais même pas ce que c'était. Voilà. C'est la magie de ce métier.

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