Julien Millereux, directeur des sports du groupe TF1 : "Notre politique d'acquisition des droits TV s'inscrit dans une logique économique raisonnable"

Un Euro féminin en chasse un autre. Le championnat d'Europe des Nations à peine terminé, le groupe TF1 enchaîne avec la retransmission avec l'Euro de football, partagé avec France Télévisions. Au cœur du dispositif éditorial conçu par la Une, Grégoire Margotton et Bixente Lizarazu, accompagnés de Marine Marck en bord de pelouse, commenteront ainsi Suisse/Norvège ce mercredi 2 juillet à 21h00 en direct sur TMC. Deux autres tandems seront alignés en cabine pour les rencontres diffusées sur TF1, TMC et TFX : Julien Brun et Sabrina Delannoy ainsi que Mélanie Durot, demi-finaliste du concours "Au micro" de Canal+, et Camille Abily. Entouré de Nadia Benmokhtar, Camille Abily, Thomas Mekhiche, Marine Marck et l'internationale Estelle Cascarino (18 sélections), Denis Brogniart animera, quant à lui, "Le mag de l'Euro", les veilles de rencontre des Bleues sur TMC et en après-match sur TF1, en plateau et en public. À l'occasion du lancement de la compétition, Puremédias a interrogé Julien Millereux, directeur des sports du groupe TF1, pour évoquer avec lui la stratégie du groupe en matière de sport.

Propos recueillis par Ludovic Galtier Lloret

Puremédias : Vous étiez heureux d'annoncer le 4 juin dernier la diffusion en exclusivité des matchs des Euro de football féminin et de la Coupe du monde de rugby féminine sur vos antennes. Quatre jours plus tard, vous nous appreniez qu'une dizaine de matchs, dont certains des Bleues, ont finalement été rétrocédés à France Télévisions. Pourquoi un tel revirement à moins d'un mois du début de la compétition ?
Julien Millereux : Nous sommes ravis que le service public soit associé à ces deux évènements sportifs majeurs. Le groupe France Télévisions a émis le souhait de proposer certains matchs et nous n'avions aucune raison de leur refuser. Cet accord est intervenu tardivement pour des raisons qui ne nous appartiennent pas. Pour l'Euro féminin de football, nous diffuserons la majorité des rencontres de la compétition avec la quasi-totalité des Bleues et les plus belles affiches. Pour la Coupe du monde de rugby féminine, nous diffuserons également la majorité des matchs et les matchs les plus décisifs des Bleues. Cet accord permettra une promotion et une exposition encore plus importante de ces compétitions et du sport féminin auprès du public français et c'est une très bonne nouvelle.

Comment avez-vous réparti les matchs entre TF1, TMC, TFX et TF1+ ?
Sur TF1, vous verrez les matchs de l'équipe de France. Sur TMC et TFX, les décisions de programmation sont prises en fonction des horaires des matchs. D'où l'importance de travailler en amont avec les ayant droits. Il arrive que nous ne puissions pas exploiter des matchs sur nos chaînes linéaires parce que les horaires ne sont pas adaptés à notre grille. Notre plateforme TF1+ permet dans ces cas-là d'apporter une couverture complémentaire.

Vous parliez effectivement en conférence de presse du fait que TF1, comme les autres diffuseurs d'ailleurs, s'employaient à faire du "lobbying" pour que les instances programment les matchs aux meilleurs horaires, qu'est-ce que cela signifie ?
Le lobbying n'est pas forcément le terme approprié. Ce que nous essayons de faire, en revanche, c'est de faire de la pédagogie pour expliquer aux instances internationales que si elles veulent avoir la meilleure exposition possible et que nous réalisions les meilleures audiences possibles, il faut que nous puissions disposer des meilleurs horaires possibles. En la matière, chaque marché a ses spécificités.

C'est-à-dire ?
Par exemple, ITV et BBC, en Angleterre, privilégient les programmations de matchs de fin d'après-midi. En France et à TF1, nous visons davantage le prime time, case premium où il y a le plus de monde devant la télévision. Nous essayons donc de sensibiliser les instances internationales, qui jonglent ensuite entre les doléances de chaque diffuseur, à nos usages locaux et nos contraintes de programmation. Pour la Coupe du monde féminine de rugby, par exemple, nous souhaitions que le match d'ouverture de l'équipe de France (France/Italie le samedi 23 août 2025, ndlr) soit proposé à 21h15 afin de positionner d'entrée de jeu la compétition parmi les événements premium.

Comme france.tv le fait avec Roland-Garros par exemple, TF1+ pourrait-elle proposer des chaînes dédiées à des événements sportifs diffusés par le groupe ?
Comme lors de l'Euro 2024, nous événementialiserons notre plateforme. Nous aurons des diffusions exclusives en direct à retrouver sur une verticale dédiée. La homepage de TF1+ aura vocation à inciter les utilisateurs à aller vers les matchs.

TF1 va-t-elle se positionner pour racheter des matchs de la Coupe du monde 2026 de football, dont les droits ont été décrochés par M6 ?
Nous avons déjà communiqué sur le sujet, il n'y a, pour l'heure, rien à ajouter. Nous en parlerons en temps voulu. 

Selon une information de "Mind Media", TF1, qui reprochait à M6 une mauvaise exécution de leur contrat de co-diffusion des matchs des Bleus durant la période 2018-2022 et réclamait 1,2 million d'euros à son concurrent, a perdu son match judiciaire. D'où vient exactement le litige et comptez-vous aller plus loin ?
Nous n'avons pas de commentaire à faire sur ce sujet.

M6 continue de montrer les muscles et de marcher sur vos plates-bandes. Elle vient d'acquérir les droits de la Coupe du monde féminine en 2027. Comment percevez-vous cette concurrence frontale ?
Je ne commenterai pas la politique d'acquisition sport de nos concurrents. La nôtre n'a pas changé, elle s'inscrit dans une logique économique raisonnable. Par ailleurs, notre offre de sport ne se limite pas au football. Et notre line-up de l'année le prouve parfaitement avec l'Euro féminin de football qui démarre, la Coupe du monde de rugby féminine en août/septembre puis la tournée d'automne du XV masculin en novembre ou encore le mondial féminin de handball en décembre. Et nous venons de rajouter à cette offre déjà riche des matchs de basket dont l'Euro féminin qui vient de se terminer et l'Euro masculin qui aura lieu en août.

Après le football, le handball et le rugby, le groupe TF1, via TMC et TF1+, a débuté en effet la retransmission du basket avec l'Euro féminin 2025. Les matchs étaient commentés par David Cozette et Sarah Michel-Boury. L'engouement pour ce sport aux Jeux de Paris vous a-t-il décidé à investir ?
Le basket-ball est effectivement en plein essor, porté par les performances d'une nouvelle génération très talentueuse. Nous avons finalisé le deal fin mai 2025. L'Euro de basket féminin est arrivé très rapidement derrière. Comme pour chaque événement que l'on retransmet, nous essayons d'avoir aux commentaires les duos les plus pertinents possibles. Nous avons maintenant 4 ans devant nous pour construire une offre à la hauteur de nos équipes de France de basket.

Êtes-vous satisfaits des premières audiences ? La finale Espagne/Belgique et France/Italie, le match pour la 3e place, diffusés ce dimanche sur TMC, ont souffert...
C'est une proposition nouvelle sur nos antennes mais cette première édition a été un joli succès. Vendredi 27 juin à 16h30, la demi-finale a rassemblé plus de 300.000 téléspectateurs (321.000 téléspectateurs et 5,0% du public, ndlr). TMC était leader TNT et même 3e chaine nationale sur les 25-49 ans. Sur les 15-34 ans, TMC était 2e chaine nationale avec 15% de part d'audience, un record pour un évènement sportif sur la chaîne depuis 2 ans !

France Télévisions a verrouillé les droits du Tournoi des Six Nations jusqu'en 2029. Aviez-vous fait une offre ?
Nous n'avons pas pour habitude de commenter les appels d'offre. C'est une très belle compétition. De notre côté, nous sommes ravis de proposer en novembre sur TF1 les matchs de la tournée d'automne du XV de France avec notamment le choc France/Afrique du Sud qui aura des airs de revanche après la défaite des Bleus en quart de finale lors de la Coupe du monde de 2023.