L'Arcom a rappelé à l'ordre la chaîne de télévision CNews après une séquence de l'émission "L'heure des pros". L'instance considère que celle-ci est "susceptible d'encourager des comportements discriminatoires", a-t-elle révélé dans un avis rendu public ce lundi 11 mars 2024. Le régulateur a également souligné que cette séquence n'était pas en accord avec la convention de la chaîne de Vincent Bolloré, qui prévoit que CNews doit veiller "à ne pas encourager des comportements discriminatoires en raison de la race, ou de l'origine (...) ou de la nationalité".
"Il y a beaucoup d'immigration en ce moment"
La séquence en question date du 29 septembre 2023. Dans "L'heure des pros", Pascal Praud évoque le sujet de la prolifération des punaises de lit. Dans une question, le journaliste assimile alors la présence de ces petits nuisibles à l'immigration. "Il y a beaucoup d'immigration en ce moment. Est-ce que c'est les personnes qui n'ont pas les mêmes conditions d'hygiène que ceux qui sont sur le sol de France qui les apportent, parce qu'ils sont dans la rue, parce que peut-être n'ont-ils pas accès à tous les services comme les autres ? Est-ce que c'est lié à cela ?", avait-il notamment lancé à ses invités sur le plateau.
"La formulation même de cette question était susceptible d'encourager des comportements discriminatoires", a estimé l'Arcom, qui explique avoir "mis en garde la chaîne CNews contre le renouvellement de tels manquements et lui a demandé de faire preuve de la plus grande vigilance quant au respect des stipulations précitées". puremedias.com vous propose de visionner la séquence dans la vidéo ci-dessus.
À l'époque, les propos de l'animateur avaient suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux. "Pascal Praud ignore qu'il n'y a absolument aucun lien entre la prolifération des punaises de lit et l'hygiène. Il préfère faire un raccourci raciste. Si les punaises de lit se nourrissaient de bêtises, le domicile de Pascal Praud en serait infesté", avait par exemple écrit la présidente du groupe LFI à l'Assemblée Mathilde Panot sur X (Twitter) .
L'Arcom avait alors été saisie par le député insoumis Aurélien Saintoul, ainsi que les élus de la majorité présidentielle Sacha Houlié, Fanta Bérété, Marc Farracci, Caroline Yadan, Clara Chassignol et Nadia Hai et Christopher Weissberg. Ce dernier a rendu publique la décision du gendarme de l'audiovisuel sur X, estimant que "ces propos discriminants, racistes et banalisés par certaines chaînes s'invitent régulièrement sur nos écrans et orientent l'opinion publique. Je me battrai tous les jours contre ces discours nauséabonds qui ne font qu'attiser les tensions dans notre pays".
En effet, selon les explications des spécialistes sur la question, la prolifération des punaises de lit n'a rien à voir avec le niveau d'hygiène d'un logement, les petits insectes cherchant simplement à se nourrir de sang. Raison pour laquelle il est essentiel de faire appel à des sociétés spécialisées pour les éradiquer, car il ne suffit pas de tout nettoyer de fond en comble. Pour rappel, le 13 février dernier, le Conseil d'État a sommé l'Arcom de renforcer son contrôle des chaînes d'information en matière de "pluralisme" et "indépendance" de l'information. Cette décision concerne toutes les chaînes mais vise particulièrement CNews et fait suite à un recours de l'ONG Reporters sans frontières, qui accuse le média de ne plus être une "chaîne d'information, mais un média d'opinion".
