Comme tous les ans, le quotidien La Croix publie un baromètre*, en partenariat avec TNS Sofres, sur la relation des Français avec les médias. Il a été réalisé un an après les attentats de Charlie Hebdo et deux mois après ceux du 13 novembre. Premier enseignement, l'intérêt des Français pour l'actualité baisse sur un an, mais stagne par rapport à 2014. 70% d'entre eux suivent ainsi les informations données par la presse écrite, la télévision, la radio ou des sites internet avec "très ou assez grand" intérêt, soit 6 points de moins qu'en 2015.
Côté confiance, tous les médias sont en recul, mais la radio reste le moyen d'information jugé le plus crédible. Déjà en tête l'an passé avec 63% des sondés, 55% des Français estiment que les faits se sont déroulés comme l'ont restitués les radios. Suivent ensuite les journaux (51%, -7 points), la télévision (50%, -7 points) et plus loin, internet (31%, -8 points).
La méfiance des Français sur l'indépendance des journalistes progresse encore. Plus de deux sondés sur trois considèrent que les journalistes ne résistent pas aux pressions des partis politiques et du pouvoir, soit une hausse de 6 points par rapport à 2015 ! 58% des personnes interrogées pensent même que les journalistes ne sont pas indépendants vis-à-vis des pressions "de l'argent".
54% des Français ont déclaré s'informer principalement par la télévision, soit une légère baisse d'un point sur un an, suivent ensuite internet (20%), la radio (18%) et loin derrière mais en hausse, la presse écrite (7%, +3 points). A la télévision, 38% plébiscitent d'abord les chaînes généralistes dans un premier temps pour approfondir certains sujets d'actualité, contre 24% pour les chaînes d'information en continu.
Sur le web, les internautes consultent principalement les sites ou les applications mobiles des titres de la presse écrite (29%), puis les réseaux sociaux (14%). Comme l'an passé, 71% des Français n'ont "plutôt pas ou pas du tout confiance" aux informations qui circulent sur Twitter ou Facebook.
L'étude a ensuite interrogé l'échantillon sur les sujets dont les médias ont "trop parlé". Pour 69% des Français, l'affaire de la sextape de Mathieu Valbuena qui a mis en cause Karim Benzema a pris une trop grande ampleur dans les médias, pareil pour le scandale de la FIFA (56%) et le FN en tête au premier tour des élections régionales (53%).
Au contraire, 44% des sondés ont estimé qu'on n'avait "pas assez" parlé de la réforme du collège avec la suppression de la classe bilingue. Idem pour l'attaque à l'université de Garissa au Kenya qui a fait 147 morts (44%) et l'attentat de Beyrouth en novembre, qui a fait 37 morts (40%), survenu quelques jours avant les attentats de Paris. A noter que deux Français sur trois ont jugé que les médias avaient informé "comme il le faut" sur les attaques du 13 novembre, tout comme pour la marche républicaine du 11 janvier (59%) et l'état d'urgence proclamé pour trois mois (58%).
Le baromètre s'est intéressé particulièrement au traitement médiatique des attentats de janvier et novembre 2015. 78% des personnes interrogées ont jugé que la manière dont les médias ont traité les évènements qui ont touché le Xe et le XIe arrondissement a permis de bien comprendre ce qu'il s'est passé, contre 75% pour les attaques contre Charlie Hebdo, Montrouge et l'Hypercasher.
A l'inverse, pour 49% des Français lors des attentats de janvier et 46% pour ceux de novembre, le traitement médiatique des évènements n'a pas empêché d'aggraver les tensions entre les différentes catégories de la population. A propos du travail des journalistes pour relater les interventions des forces de l'ordre, l'opinion diverge entre les deux attentats. Pour ceux de Charlie Hebdo et de l'Hypercasher, une personne interrogée sur deux estime que le traitement médiatique a pu compliquer le travail de la police, contre 35% pour les fusillades de novembre.
*Sondage TNS-Sofres / la Croix réalisé du 7 au 11 janvier 2016. Échantillon national de 1061 personnes représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, interrogées en face-à-face à leur domicile par le réseau des enquêteurs de TNS Sofres. Méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage PCS) et stratification par région et catégorie d'agglomération.