Quand la réalité s'impose au droit. France Télévisions va enfin être bientôt libéré de l'obligation de commencer ses primes à 20h35. Petit retour en arrière. En 2008, Nicolas Sarkozy imposait l'idée de la fin de la publicité après 20h sur le service public, consacrée par la loi du 5 mars 2009 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision.
Le président de la République promettait en échange aux Français des prime commençant plus tôt : 20h35, ainsi que des secondes parties de soirée moins tardives : 22h30 grand maximum ! Un moyen de permettre aux téléspectateurs d'accéder à des programmes plus exigeants plus tôt dans la soirée. "Mettez-vous à l'heure de France Télévisions" lançait le groupe public à grands coups de spots pédagogiques. "Une révolution culturelle" disait-on à l'époque.
Problème, cet horaire des débuts de soirées inscrit dans le cahier des charges de France Télévisions a vite été oublié par le groupe public, les programmes de prime time commençant davantage à 20h40, 20h45, voire 20h50. A tel point que le CSA avait tapé sur les doigts du groupe audiovisuel en septembre 2012. En réponse à de nombreuses plaintes de téléspectateurs, le CSA avait ainsi demandé à l'époque à France Télévisions "les mesures que la société entend(ait) prendre afin de fournir aux téléspectateurs une information fiable sur les horaires des programmes de soirée".
"Il n'y aura plus d'hypocrisie"
Le PDG du groupe, Rémy Pflimlin, avait pour sa part fait valoir que le commencement des primes à 20h35 pénalisait ses antennes. "C'est très handicapant pour les chaînes publiques. Certains téléspectateurs ne regardent pas nos programmes parce qu'ils ont commencé trop tôt" avait-il par exemple expliqué devant le Sénat en avril 2012. Depuis, les choses n'avaient pas véritablement changé, les soirées de France Télévisions ne débutant toujours pas à 20h35.
De guerre lasse, les pouvoirs publics semblent avoir finalement décidé d'accepter la fin de cette obligation de fait non-respectée. Invité du "Grand direct des médias" sur Europe 1, Sylvie-Pierre Brossolette a ainsi révélé que le conseil d'administration du groupe public avait récemment "voté la fin de la mention du 20h35 dans le cahier des charges" de France Télévisions. La membre du CSA a précisé qu'une telle mesure avait été votée avec "l'accord du gouvernement".
Sylvie-Pierre Brossolette a cependant précisé qu'il fallait encore attendre un prochain décret du gouvernement pour entériner cette suppression. "Il n'y aura plus d'hypocrisie et enfin, le droit va rejoindre la réalité" a commenté la conseillère du CSA.