"Maintenant j'en rigole parce qu'arriver à faire ça à 52 ans" : Jérôme des Landes revient sur son coup de bluff lors de l'orientation dans "Koh-Lanta"

"Je suis fair play". C'est ce que l'on retiendra du parcours de Jérôme des Landes, ex-aventurier de l'Ouest, éliminé aux portes des poteaux, lors de l'épreuve de l'orientation de cette édition de "Koh-Lanta", baptisée "La revanche des 4 terres". Sur le papier, le quinquagénaire avait tout pour briller : ancien militaire de profession, spécialiste de la topographie et habitué des courses d'orientation. Mais le destin en a voulu autrement et, alors qu'il avait trouvé en premier sa balise, il a finalement vu le poignard lui échapper au profit de Gaëlle, ancienne verte de l'Est qui le talonnait depuis le début de l'épreuve. Pour Puremédias, celui qui n'a jamais voulu se mêler aux stratégies et coups de bluff revient sur son aventure et la fierté de l'avoir vécue fidèlement à ses valeurs. 

Propos recueillis par Léa Stassinet

Puremédias : Vous quittez "Koh-Lanta" sur l'orientation, alors que pour tous vos adversaires, cette épreuve était faite pour vous. Vous n'avez pas montré votre déception devant les caméras. Est-ce que vous l'avez quand même été un peu, au fond ?
Jérôme des Landes : Bien sûr que je suis déçu. Entre Denis (Brogniart, ndlr) qui mettait la pression avec mon passé de militaire et mes connaissances en topographie... Je suis déçu de ne pas y être arrivé. Mais après, avec la fatigue, on se dit que c'était écrit que le militaire ne trouve pas le poignard. Je n'ai pas réussi, j'ai manqué de lucidité.

Quand vous rejoignez Denis Brogniart à la fin de l'épreuve vous dites en riant : "Ça va tacler sec", en rapport avec tous les espoirs placés en vous et le résultat final. Était-ce le cas lorsque vous rejoignez le jury final après votre élimination ?
Non, au niveau des candidats, personne n'a rien dit. Ça a plutôt taclé sec du côté de mes camarades soldats, mes ex-compagnons. (rires)

Alors que vous avez été le premier candidat sur les 5 à trouver la balise, vous avez décidé d'arrêter de jouer tant que Gaëlle était dans les parages et ne la trouvait pas. Avec le recul, avez-vous des regrets sur cette stratégie qui vous a fait perdre du temps ?
Je ne pourrais pas refaire le match. Je n'ai pas beaucoup regardé "Koh-Lanta" mais l'épreuve d'orientation qui m'a marqué, c'est celle avec Amri et Julie (dans "Koh-Lanta : Les chasseurs d'immunité", en 2024, ndlr). Et je ne sais pas pourquoi, j'ai repensé la séquence du poignard qu'ils cherchaient tous les deux (Julie avait décidé de suivre Amri sans avoir trouvé la balise, et lui avait pris le poignard sous le nez, ndlr). Je me suis dit : "Gaëlle ne va pas me faire ça à moi, elle ne va pas me prendre le couteau sous les pieds". Du coup, j'ai perdu un peu mes moyens, je ne savais pas comment faire. On a discuté un peu avec Gaëlle pendant le jeu, elle aussi était en perte de vitesse, elle ne savait plus ce qu'elle devait faire, elle s'est dit qu'elle allait me suivre alors dès que je bougeais, elle bougeait. J'étais fatigué, je ne savais pas quoi faire, je suis resté assis là. Est-ce que j'aurais dû faire mieux ? Je me suis refait le film dix fois depuis ma sortie... Et je ne sais pas.

Pour tenter d'éloigner Gaëlle, vous lui faites croire que vous avez trouvé le poignard. On ne vous avait pas vu aussi stratège de tout le jeu, est-ce que vous vous êtes dit à ce moment-là qu'il fallait tenter le tout pour le tout ? 
Exactement. Je pense que c'est un peu ce qu'il s'est passé avec Jérôme le Catalan et Claire (lorsqu'ils ont mis en place "le plus grand coup de bluff de l'histoire de 'Koh-Lanta'", ndlr). Quand je me suis retrouvé dans cette situation critique, d'urgence, ce n'est pourtant pas mon style mais je me suis dit : si j'invente un truc, peut-être qu'elle va y croire et que ça va l'éloigner. Et le plus marrant, c'est qu'il a fallu que je me convainque moi-même et que je trouve un cri pour montrer que j'avais trouvé. Et ça dure au moins 5 minutes, peut-être même 10 pendant lesquelles je me dis : tu cries fort, pas fort... Je ne savais pas ce qu'il fallait faire.

Ce n'était pas naturel pour vous de bluffer...
Non c'est clair, ce n'est pas mon style, et maintenant j'en rigole parce qu'arriver à 52 ans pour faire un truc pareil... Quelle honte (rires).

D'ailleurs, après l'épreuve vous dites en riant que "la méchanceté s'est retournée contre vous" puisque que Gaëlle a fini par trouver le poignard. Mais on sent que ce n'est pas de la méchanceté, Gaëlle n'a pas l'air de vous en vouloir.
Il y a plusieurs trucs en fait. Il y a l'esprit Coubertin, sportif, parce qu'avec Gaëlle, on se connaît, on est pareil. Effectivement, au début j'ai les planètes qui s'alignent, avec la balise qui affiche "40 (le département des Landes, où il habite, ndlr) sud-ouest". À ce moment-là, je suis convaincu que ça va se faire. Après, il y a une perte de moyens, je sens que c'est en train de m'échapper, que ça se retourne contre moi et finalement, Gaëlle trouve le couteau à côté de moi. En fin de compte, je lui dois aussi le respect. Je me suis excusé auprès d'elle parce qu'elle a le mérite autant que tous les autres et que moi donc j'avais envie de lui dire : "Désolé, je n'ai pas voulu te berner, tu as trouvé le couteau, il est à toi".

Sur les trois candidats qualifiés pour les poteaux, on peut logiquement penser que votre soutien ira directement à Maël, le dernier représentant de l'Ouest, avec qui vous avez partagé toute votre aventure ?
Complètement, mon coup de cœur de toute façon c'est l'Ouest. Dès le départ, on a construit une famille dans laquelle il y a un code d'honneur. Donc bien sûr que mon favori et mon petit fillot, ce sera Maël. Maintenant, les trois qui sont sur les poteaux, j'ai autant de respect pour eux. Gaëlle a été utile toute l'aventure, elle a été remarquable. Elle n'a pas eu de chance sur les jeux mais en a eu pour le bon jeu (l'orientation, ndlr). Et puis Jérôme le Catalan, c'est pareil, c'est un type qui est méritant, qui fait une très belle partie, il a su trouver les ressources nécessaires pour bien terminer. Peut-être que le coup de bluff l'a bien relancé aussi. Tous les trois méritent amplement leur place, ils ont les valeurs nécessaires pour gagner "Koh-Lanta".

En parlant de valeurs, durant toute l'aventure, vous n'avez pas été dans les coups de bluff, les stratégies... Ce n'est pas comme ça que vous aviez envie de vivre votre "Koh-Lanta" ? 
Exactement. Effectivement, c'est un jeu qui est fait pour qu'il y ait de la stratégie et de la survie, c'est vendu comme ça sur le papier. Mais personnellement, moi, j'avais envie d'être un aventurier simple. Soit je vous plais et je reste, soit je ne vous plais pas et je m'en vais. Je n'avais pas envie de m'inventer stratège. Je ne suis pas comme ça dans la vie. Et même si j'avais inventé une stratégie, ça se voit sur ma tête quand je mens, je me serais fait griller (rires). Je n'ai pas cherché de collier parce que si ça ne vous plaît pas, vous me sortez. Je voulais vivre mon aventure comme ça.

Même au dernier conseil, lorsque vous êtes sur la sellette, vous dites clairement que vous n'aviez pas envie de plaider votre cause pour éviter les votes contre vous. Certains téléspectateurs ont pu y voir de la résignation ou du découragement, quel était votre état d'esprit à ce moment-là ?
Non, aucun découragement de ma part. Je suis resté moi-même tout au long de l'aventure, à partager mon expérience, à laisser la place aux autres et les laisser s'exprimer. Donc, j'estimais que mon 'Koh-Lanta', c'est soit les gens veulent que je fasse partie de leur aventure, soit non et je m'en vais. Ce n'est pas les 100.000 euros qui allaient me motiver. Ce qui m'a motivé, c'est l'aventure humaine. Je suis arrivé dans le jeu en me disant : "Je n'avais rien avant, je n'aurai rien après". Je voulais apprendre quelque chose pour continuer mon parcours de vie. Je pars du principe qu'on apprend tous les jours. "Koh-Lanta", ça s'inscrit dans toutes les aventures humaines que j'ai vécues. C'est une expérience, je la prends et j'avance. Et la stratégie, les trucs comme ça, ça ne m'intéresse pas.

Et est-ce que vous avez conscience que justement, ces valeurs-là, cette droiture, le fait de mettre le mérite au-dessus de tout, ça a fait de vous l'un des favoris des téléspectateurs ? Avez-vous regardé ce qui se disait sur vous sur les réseaux sociaux ?
Je ne suis pas réseaux sociaux mais à un moment donné, on le devient et on se prend au jeu. J'ai répondu à beaucoup de personnes parce que j'ai cherché à comprendre ce qui leur plaisait, ce qu'ils me trouvaient. Tous mes amis m'ont dit qu'ils me retrouvaient tel que j'étais dans la vie de tous les jours. Peut-être que le fait d'être resté simple, humble, et ce côté protecteur, a plu. J'ai reçu énormément de messages de soutien et je n'en ai reçu aucun de négatif. Personne ne m'a jamais mal parlé. Même les gens qui n'aimaient pas l'armée m'ont dit qu'en fin de compte, je les avais réconciliés avec l'armée. Les militaires eux m'ont dit que j'avais donné les bonnes valeurs. Et avec mes enfants on rigole parce qu'on regarde le nombre de followers et sans trop rien faire, je dois en avoir 11.000 (11.500 précisément sur Instagram, ndlr). Maintenant, je me suis pris au jeu, je regarde (rires).

Comment gérez-vous cette soudaine notoriété ?
Le mois et demi, les deux mois et demi de pseudo-notoriété, ça me fait plaisir. J'ai fait beaucoup de photos et de vidéos pour des gens. Par exemple, les anciens combattants, les blessés de guerre, je les ai appelés, je leur ai dit : "Si vous avez des enfants qui aiment 'Koh-Lanta', je me déplace, j'irai dire bonjour", parce que ça va durer un mois, après, tout le monde m'aura oublié, et si ça peut donner de joie, j'en donne.

Avant "Koh-Lanta", vous aviez déjà participé à "Forces spéciales, l'expérience" sur M6. Est-ce que vous auriez envie de faire autre chose en télé ?
Bien sûr, j'ai envie de continuer, de faire d'autres expériences parce que j'aime l'aventure humaine. "Forces spéciales, l'expérience", ça s'est très bien passé, je n'ai jamais eu de mauvais retours. Là, "Koh-Lanta", c'est pareil. Je ne cours pas après, mais effectivement je ne serais pas contre faire des petits jeux sympas, comme "Fort Boyard" ou "Pékin Express". Ou partir avec Mike Horn, c'est un des rêves que j'ai. J'aimerais vivre une aventure humaine avec un type comme lui.

Dans "Koh-Lanta", on vous a vu très lié avec Maël et Noémie, vos coéquipiers des oranges de l'Ouest. Est-ce qu'à l'heure actuelle, vous êtes toujours aussi proches ? Quels sont les aventuriers avec lesquels vous avez gardé un lien ?
J'ai des liens très forts et je dirais même d'amour (rires) avec Noémie, Maël et Romane (tous membres de la tribu de l'Ouest, ndlr). Il y a même pas 15 jours, j'étais encore avec Noémie chez elle à Saint-Malo, on a regardé l'émission ensemble. Comme un père de famille, je suis venu faire une revue des troupes, je suis monté à Nantes, je suis passé voir Romane, je suis passé voir Noémie et Maël. On est très proche tous les quatre, c'était fusionnel dès le départ. Après, il y a des affinités qui se sont créées avec Gaëlle, Céline, qui se sont mises dans l'équation. Il y a Jérôme le Catalan, avec qui on a fait une "Spartan Race" (une course d'obstacles en équipes, ndlr) il n'y a pas longtemps, avec toute une petite team (Maël, Céline, Noémie et les deux Jérôme, ndlr). Il y a Pierre-Marie aussi, qui a des valeurs avec la joute, qu'il pratique. Mais on va dire que Noémie, Maël, Romane, c'est le cœur. Céline, Gaëlle, Jérôme le Catalan, ce sont des amis.