Petit plaisir coupable et sans réelle saveur, "Donne moi ta main" ne relève pas le niveau du genre, mais sauve (difficilement) les meubles.
L'affiche (Amy Adams et Matthew Goode prenant la pose, façon Le Plan B), le titre (inodore et passe-partout, comme celui de n'importe quelle comédie romantique d'ailleurs), et la petite phrase (« Elle va demander la main de son petit ami... Mais ce n'est pas lui », hihihi que ça a l'air trop drôle), laissait présager le pire. Sans oser parler de bonne surprise (loin de là), le film d'Anand Tucker (Shop Girl) parvient tout de même à sauver les meubles de son Irlande pluvieuse.
Mièvreries et clichés en série
Anna est riche, vit avec un charmant cardiologue, et a presque tout pour être heureuse... Sauf une alliance à son doigt. Après une énième déception, elle décide de prendre les devants et de rejoindre Jérémy (le dit cardiologue) en Irlande pour le demander, elle-même, en mariage, profitant d'une vieille tradition qui autorise les femmes à faire le premier pas le 29 février d'une année bisextile (d'où le titre original, Leap Year).
Arrivent alors les galères en tous genres, et la rencontre avec un frustre et rustre irlandais qui lui apprendra la simplicité de la vie. On ne va donc pas s'émerveiller devant le scénario, sa mièvrerie et ses clichés éculés (moi, la riche américaine, je marche en talons sur des routes défoncées sous la pluie, alors, ça vous fait rire ?). Ni sur sa réalisation, d'une banalité sans nom, champs/contre-champs.
Gags douteux, répliques plates
Alors, que sauver de ce film ? Ses décors sympathiques, ses étendues sauvages irlandaises, et surtout quelques gags, certes attendus, mais efficaces. Anna, une femme comme on en voit que dans les films, que personne n'a jamais croisée et ne croisera jamais, n'est pas des plus attachantes. Cliché opposé à l'extrême, l'irlandais gérant de pub ne saura pas non plus nous faire craquer.
Reste des seconds rôles, attachants, souvent drôles, décalés, si décalés qu'ils sont les seuls, dans le film, à ne pas se prendre au sérieux. Au milieu d'une histoire qu'on veut nous faire gober à tout prix et à coup de gags douteux et de répliques plates, leur décalage (involontaire ?) apporte la fraîcheur nécessaire pour sauver ce qui n'aurait pu être qu'un nanar de plus, une de ces comédies écrites à la chaîne par les script doctors hollywoodiens.
Donne-moi ta main évite cette écueil, sans aller vraiment au-delà du service minimum. On ne mettra pas le DVD entre 4 mariages et un enterrement et L'abominable vérité, mais il devrait trouver sa place entre un coup de foudre et un autre (à Rhode Island, à Bollywood, à Notting Hill ou à Manhattan, au choix) et autres sucreries coupables et sans saveurs de l'été.