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Nicolas de Tavernost (TV Notes 2017) : "Je n'ai pas d'inquiétude sur les audiences de M6"
Publié le 21 juin 2017 à 15:31
Par Kevin Boucher
Alors que M6 a décroché le TV Notes de la chaîne historique de l'année, son président se félicite de ce succès.
Nicolas de Tavernost en interview sur puremedias.com Nicolas de Tavernost en interview sur puremedias.com© Sylvie LANCRENON/M6
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Un trophée pour ses 30 ans. Alors que la chaîne a fêté son anniversaire cette saison, M6 a décroché ce mercredi le TV Notes de la chaîne historique de l'année, à l'occasion de l'enquête annuelle réalisée par puremedias.com, RTL et 20 Minutes. A cette occasion, puremedias.com s'est entretenu avec Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, particulièrement fier de cette réussite.

Propos recueillis par Kevin Boucher.

puremedias.com : M6 décroche le TV Notes de la chaîne historique de l'année, qu'elle n'avait pas décroché depuis 2012. Comment expliquez-vous ce succès ?
Nicolas de Tavernost : Tout d'abord, il y a eu beaucoup d'innovations, au travers d'émissions comme "Une ambition intime", "Chasseurs d'appart'", "A l'état sauvage" et autres. C'est aussi le fruit du travail que nous avons aussi eu avec l'Euro, qui a permis à la chaîne de changer de dimension. Je pense aussi que les visages jouent. Nous avons des animateurs qui ne font pas de bruit mais qui sont aimés des Français. On ne peut donc que se réjouir de ces bons résultats.

Côté audiences, la chaîne M6 risque de passer sous la barre des 10% d'audience sur la saison. N'y a-t-il pas une petite déception ?
Non. Nous étions dans une année électorale, donc il est normal que les chaînes d'information et les chaînes qui ont plus accès à l'information que nous aient des résultats plus forts. Nos audiences sont certes actuellement sous les 10% aujourd'hui mais la saison n'est pas finie - il suffit de voir le retour de "L'Amour est dans le pré". Donc je n'ai pas d'inquiétude à moyen terme sur les audiences de la chaîne M6, d'autant plus que les audiences de W9 et 6ter progressent fortement. Ce à quoi s'ajoutent donc les résultats de votre enquête.

M6 s'est aussi immiscée dans la politique avec "Une ambition intime". Avec le recul, qu'avez-vous pensé des polémiques autour de l'émission ?
Le groupe a toujours innové, que ce soit avec "Loft Story", "L'Amour est dans le pré", et donc aussi avec "Une ambition intime", puisqu'on ne nous attendait pas dans le domaine politique. Chaque innovation amène son lot de commentaires parfois, et c'est surtout venu de gens qui étaient un peu bousculés dans l'univers dans lequel ils évoluent, notamment les journalistes politiques. On voit bien qu'il y a du changement en politique, il faudrait bien que les journalistes politiques s'y mettent aussi. (Sourire)

"Une ambition intime" est une émission de Karine Le Marchand, sacrée animatrice de l'année. Elle est depuis huit ans sur M6... et encore pour huit ans ?
Même 18 ! On va repartir encore pour quelques années, je l'espère.

Peut-on encore dire non à Karine Le Marchand, au vu de son apport au succès de M6 ?
Ne vous inquiétez pas, quand on discute avec Karine, c'est toujours intéressant car elle a du caractère. Elle prépare aussi une émission sur la santé qui fera et fait déjà parler. Nous avons encore des choses à faire avec elle.

"Faustine Bollaert était un petit peu impatiente d'avoir des émissions comme celles de Karine Le Marchand" Nicolas de Tavernost

Cette fin de saison est aussi marquée par le départ de Faustine Bollaert. Avez-vous tenté de la retenir ?
Faustine est quelqu'un de qualité. Elle a trouvé qu'elle aurait plus sa place sur le service public. Je pense qu'elle était un petit peu impatiente d'avoir des émissions comme celles de Karine Le Marchand. Il y avait un temps pour tout, elle a préféré aller un peu plus vite, j'espère qu'elle aura le succès qu'elle mérite sur le service public.

Côté magazines, vous avez chamboulé les magazines dominicaux avec l'arrivée de Bastien Cadéac à "Capital" et Ophélie Meunier à "Zone interdite". Un an après, êtes-vous satisfaits de leurs premiers pas ?
Très ! M6 est présente à trois reprises dans le top 5 de votre enquête. Il y a un travail de fond qui est en cours sur nos magazines d'information, avec des animateurs qui passent bien et qui s'impliquent. Nous leur renouvelons notre confiance, que ce soit Ophélie Meunier et Bastien Cadéac comme Xavier de Moulins ou Bernard de La Villardière.

Des changements sont annoncés au "19.45" également.
Nous sommes effectivement en construction d'un nouveau décor pour la rentrée pour encore l'améliorer, avec de nouvelles technologies. On est sans arrêt dans cette recherche, avec la télé-transportation, la réalité augmentée... Elle est loin la période où le président de TF1 s'amusait du présentateur debout de M6. Depuis, j'ai l'impression qu'on donne plutôt le "la" des transformations. Et donc là, on franchit une étape supplémentaire qui sera présentée à la rentrée.

La rumeur veut qu'Ophélie Meunier succède à Xavier de Moulins au "19.45" à moyen terme. C'est envisagé ?
D'abord, Xavier a toute sa place sur la chaîne. Mais Ophélie a également toutes les qualités de journaliste pour présenter le "19.45", ce qu'elle fait déjà ponctuellement de façon très professionnelle, même si elle est très occupée en ce moment avec "Zone interdite".

"Qu'elle qu'ait été son évolution, 'Nouvelle Star' est un programme de qualité" Nicolas de Tavernost

La rentrée de M6 sera marquée par le retour d'un gros format : "Nouvelle Star". Pourquoi cette idée ?
En télévision, il faut allier la recherche d'audience et le qualitatif. "Nouvelle Star", qu'elle qu'ait été son évolution, c'est un programme de qualité. Mais il faut faire attention, ce sont des émissions qui nécessitent des moyens humains, techniques... Les mettre sur des chaînes de la TNT, c'est parfois assez risqué car, généralement, les budgets sont inférieurs. Là, on fait le pari du retour de "Nouvelle Star" avec un jury intéressant, une présentation assurée par Shy'm... On fera le bilan au bout d'une saison et si le retour est probant, l'émission reviendra pour de nouvelles années.

Avec le recul, ne regrettez-vous pas d'avoir arrêté l'émission en 2011 ?
On ne vit pas dans le regret. C'est fait, "Nouvelle Star" est partie. L'important, c'est qu'elle revienne. Et surtout qu'elle revienne en forme ! Et pour cela, on fait tout pour que ce soit un succès, il y a notamment un très gros travail qui est fait dans les castings.

Vous le confirmez : Shy'm sera l'animatrice de "Nouvelle Star". Après David Ginola, M6 surprend encore avec une présentation assurée par une personne dont ce n'est pas le métier principal.
On aime en effet aller chercher des talents différents. Et c'est comme en politique où on fait désormais appel à la société civile, en télévision on fait appel à la société professionnelle ou artistique. On l'a déjà fait avec Philippe Etchebest, Cyril Lignac, Cristina Cordula, Stéphane Plaza, David Ginola et donc maintenant Shy'm. Nous avons donc fait le pari - un peu avant les politiques - que la compétence professionnelle et que la connaissance de ce que le public souhaite était importante. Et nous allons continuer de chercher des talents dans leur coeur de métier. Qui est plus légitime dans une émission musicale qu'une personne qui fait de la musique et chante ?

"Une émission de type 'Garde à vous' sera à l'antenne la saison prochaine" Nicolas de Tavernost

Outre "Nouvelle Star", à quelles nouveautés peut-on s'attendre sur M6 la saison prochaine ? On parle d'un jeu d'aventure animé par Stéphane Rotenberg.
Oui, il sera en tournage très bientôt et en diffusion en cours de saison. Il y aura le retour de "The Island" ainsi que d'"A l'état sauvage", avec Shy'm puis Adriana Karembeu. "La France a un incroyable talent", "Recherche appartement ou maison", "Cauchemar en cuisine" et autres reviennent. Une émission de type "Garde à vous" sera aussi à l'antenne, toujours avec Marius.

Mais ce ne sera donc pas "Garde à vous" comme on l'a connue ?
Ce sera dans le même concept, avec quelques nouveautés qu'on vous laissera découvrir.

Vous avez également considérablement réinvesti dans la fiction française.
Je suis d'abord très heureux de voir que "Scènes de ménages" conserve le titre de série préférée. D'autant plus qu'avec France 3, nous sommes les seuls à offrir une fiction quotidienne pour le moment. Nous avons aussi plusieurs projets : "Quadras" avec François-Xavier Demaison et Alix Poisson, "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?" avec Lorànt Deutsch, "Souviens-toi" avec Marie Gillain et Sami Bouajila, "La faute" avec Valérie Karsenti et Natacha Lindinger... On va également trouver un successeur à "SODA", qui a très bien marché sur W9.

"En séries étrangères, il faut être un peu plus sélectif" Nicolas de Tavernost

Côté fiction étrangère, M6 est la seule chaîne à y consacrer deux soirées hebdomadaires régulières, alors que la tendance globale est à la baisse. Continuez-vous d'y croire ?
Oui. Après, il faut être un peu plus sélectif que les chaînes l'ont été jusqu'à présent. Quand vous avez "Prison Break" qui revient, ça fonctionne bien. "NCIS" continue de bien marcher. Il y a des séries intéressantes également, comme "Code Black". Mais la proportion de fictions internationales va diminuer sur la chaîne M6.

Vous ne mentionnez pas le divertissement. Ce qui signifie que Bertrand Chameroy ne sera plus à l'antenne à la rentrée ?
On travaille avec lui pour adapter le format, qui ne restera pas à l'identique la saison prochaine. Je ne dis pas qu'"OFNI" en tant que tel continuera mais nous réfléchissons à une forme de collaboration un peu différente pour la saison prochaine. Par ailleurs, nous préparons de nouveaux formats de musique et de variétés pour W9.

Les prochains mois vont également être marqués pour M6 par le rachat de RTL. Concrètement, que cela va-t-il changer ?
Disons que nous avions la télévision et le digital, il ne nous manquait que la radio. C'est un média très intéressant, avec des possibilités de collaboration assez fortes sur les antennes, pas exclusives - chacun aura sa personnalité, et un animateur pourra continuer de travailler sur France 2 et RTL en même temps. Pour les radios RTL, il s'agira de les faire bénéficier de la force du Groupe M6.

Chez RTL, certains collaborateurs sont inquiets de cette fusion.
Vous savez, je pense que le changement est au contraire une chance pour les collaborateurs de RTL. Seules, dans l'univers actuel avec le bouleversement du digital, les radios peuvent connaître quelques difficultés. On le voit avec une grande radio généraliste installée dans le 8e arrondissement de Paris également, qui a de grandes difficultés parce qu'elle ne s'appuie pas sur des activités multimédias suffisamment fortes. Donc à mon sens, c'est une chance pour l'avenir des radios RTL de pouvoir s'appuyer sur un groupe déjà bien installé dans le digital et la télévision et qui pourra profiter de notre expérience. Alors c'est vrai qu'il y aura des adaptations, comme chez M6, qui s'adapte en permanence.

Vous avez également été reconduit jusqu'en 2020 à la tête du directoire du groupe M6. Vous ne comptez donc pas lâcher votre siège !
(Rires) Ils m'ont demandé de continuer. Et il y a encore beaucoup de choses à faire dans le groupe, que ce soit l'intégration de RTL ou le développement de nouveaux programmes, de nouveaux formats pour combler la baisse de la fiction étrangère, la transformation digitale aussi. Il y a de quoi continuer encore un moment.

Concernant Paris Première, où en êtes-vous ?
C'est très simple : soit on trouve un accord satisfaisant avec les FAI pour poursuivre son développement en payant, soit l'accord n'est pas satisfaisant et on demandera le passage en gratuit. Mais nous avons du temps, les contrats courent jusqu'à la fin de l'année.

"Nous discutons d'un partage de la valeur avec les FAI" Nicolas de Tavernost

Vous parliez des FAI. TF1 souhaite les faire payer pour retransmettre les signaux et services de ses chaînes. On a cru comprendre que vous y étiez également favorable mais on a l'impression que vous laissez votre concurrent aller au combat.
Les FAI ne sont pas des adversaires mais des partenaires. On ne cherche pas la confrontation mais simplement à avoir des accords équilibrés entre eux qui nous distribuent et nous qui éditons nos programmes. De temps en temps, il peut y avoir un sujet quand ils sont également éditeurs et, là, il faut que les règles de concurrence permettent à chacun de bien être respecté. Deuxièmement, nous offrons un certain nombre de services et contenus aux FAI qui contribuent à la vente d'abonnements. Donc on discute d'un partage de la valeur.

Mais c'est une discussion donc. Il n'y a pas de menace de couper le signal, comme a pu le faire TF1.
Evidemment, si nous n'aboutissions à rien, nous prendrions des décisions qui protégeraient nos intérêts. C'est clair et net et les FAI le savent. En ce moment, on privilégie la discussion pour essayer de faire prévaloir notre point de vue.

Le mois dernier, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont nommé un nouveau gouvernement et, notamment, une nouvelle ministre de la Culture et de la Communication. Qu'attendez-vous de ce changement ?
D'abord qu'il n'y ait pas de bouleversement. C'est comme en fiscalité : l'audiovisuel ne nécessite pas des changements tous les huit jours. Deuxièmement, dans les modes de régulation, on souhaite des adaptations. La règlementation actuelle en France reste très contraignante pour les services autorisés par rapport aux services dérégulés comme Internet. Il y a beaucoup d'évolutions potentielles de bon sens, qui ne coûtent rien, et il serait donc souhaitable que le gouvernement les prenne. Parmi elles, il y a les jours interdits de diffusion de films alors qu'il y a aujourd'hui les chaînes payantes, Netflix et malheureusement le piratage. C'est une réglementation d'un autre âge. Là, on n'est pas "en marche", on est plutôt à reculons !

Il y a aussi l'interdiction de la publicité en faveur du cinéma à la télévision alors qu'on peut la faire partout ailleurs. Il y a un côté paradoxal quand même : le seul média qui a des obligations de réinvestissement dans le cinéma est le seul qui ne peut pas récolter la publicité du secteur ! Il y a plein d'autres mesures comme celles-là. Par exemple, pourquoi les chaînes de télévision ne peuvent pas investir dans la production et dans des sociétés de production, avec ce distingo qui est fait entre production indépendante et production dépendante ? C'est absurde. C'est vraiment se tirer une balle dans le pied. Ca ne coûte rien, ça permettrait un développement en France et ça nécessite que les pouvoirs publics prennent les décisions. Mais je pense que nous allons finir par y arriver.

Jean-Paul Baudecroux serait enfin prêt à vendre le groupe NRJ. Êtes-vous intéressé ?
Nos chaines de la TNT sont leaders de leur catégorie, et RTL est la première radio de France. Concentrons-nous à poursuivre et faire prospérer ces bons résultats. Ma conviction est que, pour un groupe média, ce n'est pas le nombre de chaines ou de stations qui est important mais la qualité des programmes. Or les bons programmes sont rares et coûtent généralement cher : notre priorité est là.

Une dernière question : quel est le programme qui vous a le plus rendu fier sur vos antennes cette saison ?
"A l'état sauvage". Cette émission est très vraie. Mike Horn est un type assez fantastique. Il sait mettre en valeur les gens et extraire ce qu'il y a de bien dans les individus. Et puis ce retour à la nature est quelque chose qui me plaît. Il n'y a rien qui me satisfasse plus que lorsque les téléspectateurs font savoir qu'ils seraient contents de faire cette émission.

Et vous, Nicolas de Tavernost, vous le feriez "A l'état sauvage" ?
Ca dépend où, combien de temps... (Rires) Il faut tenir le coup quand même. Les paysages que l'on voit sont magnifiques et la compagnie de Mike Horn est très sympathique. Ce n'est pas tous les jours que vous rencontrez des Mike Horn.

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