Comédie musicale inégale, "Nine" se contente d’enchaîner les scènes de danse plus ou moins inspirées sur des musiques plus ou moins énervantes. Quelques belles images sur un scénario fuyant.
C’était censé être un hommage à Fellini, et à son Huit et demi. Un amour de l’Italie et de ses femmes. Avec son titre clin d’œil et prétentieux (Nine, encore mieux que Huit et demi ?), Rob Marshall nous signe pourtant une grosse pub Panzani, clichés de Vespa roulant devant le Colisée et accent lourdingue en prime.
Une succession de clichés
Pendant une heure trente, Daniel Day-Lewis interprète ici un réalisateur italien maudit, obsédé par les femmes de sa vie (sa mère, sa femme, sa maîtresse, sa muse, etc.), le regard plus plongé dans le décolleté de sa prochaine conquête que dans son scénario. A dix jours du tournage, il entame donc un dernier périple, une fuite de femme en femme pour retrouver l’inspiration. Et ce que vous venez de lire n’est pas le pitch, mais le scénario dans son ensemble.
Au-delà de la succession de clichés sur la femme éternelle avec Sophia Loren en mama qui te prend sur ses genoux, Penelope Cruz la plantureuse nympho ou encore Nicole Kidman la star de cinéma évanescente (et, ici, transparente), Rob Marshall nous livre surtout une série de fantasmes, botoxés et corsetés au bord du mauvais goût, voire carrément les deux pieds dedans pour certains.
Filmé parfois comme un clip, parfois comme un pied
Chaque femme a le droit à son propre morceau de bravoure, son petit solo, parfois sensuel, parfois sauvage. On y retrouve l’esprit Chicago avec Fergie en prostituée féline, Cruz se tortille en guêpière sur un canapé de satin dans une lumière de cabaret de travelos, et Nicole Kidman brille plus par sa robe que par son charisme, en déambulant dans les rues esthétisées d’un Rome de carte postale.
Une série de saynètes inégales, filmées tantôt comme un clip, tantôt comme un manche, reliées entre elles par un scénario filiforme. Entre ces états d’âme fantasmés, le spectateur peine à trouver un peu de profondeur à l’histoire, insignifiante, ponctuée de dialogues mous (ah, Marion Cotillard éplorée qui explique à son mari que tromper, c’est mal) et d’hommages dégoulinants au cinéma italien. Et sortir d’une comédie musicale sans avoir une seule note à siffloter semble être la meilleure preuve qu’elle ne tient pas la route.